sur Avignon, ciel fort
bleu dans le vent froid
ai grelotté pendant que
chauffage lentement dégourdissait l'air, ai tant aimé l'eau chaude
que j'ai vidé mon cumulus et me suis rincé les cheveux à l'eau
tiède, me suis complètement réchauffée en cirant et frottant
quatre meubles,
mais n'avais guère envie
de sortir, sauf pour récolter les serviettes de papier sales, sac
plastique, plumes et feuilles que les rafales matinales avaient
déposé dans la cour, et pour aller évacuer le tout, mes ordures et
la corbeille à papiers aux remparts
et pour paumée, ma foi,
en resterait à ma participation (avec une photo qui brouille encore
l'image volontairement allusive du film : «Point de fuite» de Raul
Ruiz dont j'avais tenté de reconstituer, avec correction en
regardant ensuite, une séquence) à la première proposition
renversement Koltès de
l'atelier d'hiver de François Bon vers un écrit-film sur
tiers.livre http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4484
(18 propositions, dont je viens de lire les dernières à dix-sept
heures trente ce dimanche, certains textes sont très beaux, peut-être un peu plus littéraires que prévu, que ne l'aurais pu)
noir et blanc (image un
peu passée) – musique : jazz cuivres en douceur
un homme de dos sur un
rivage, derrière un rocher dominant la mer, pantalon de toile,
blouson foncé, un bandage en travers du crâne
2 secondes – l'homme (il
n'occupe qu'une partie de l'écran, centrant le paysage) se tourne
légèrement, on voit que le bandage descend le long de la joue
4 secondes – de profil,
il marche posément le long du rivage en pente douce, accompagné par
la caméra
13 secondes – la mer est
en fait une anse, on voit l'autre pointe de terre sur laquelle, assez
petite compte tenu de la distance, une maison de deux étages et puis
l'herbe – l'homme passe derrière un poteau électrique en ciment,
relié par des fils à un autre poteau, en bois celui-là, en partie
immergé
il domine la grève et (21
secondes) s'arrête au niveau d'un nouveau poteau de bois, légèrement
au dessus du sable,
24 secondes – la caméra
le montre de plus près (un peu plus qu'en buste), il prend plus de
place et de présence dans l'image ; les deux mains dans les poches
du blouson il regarde autour de lui, sans qu'on le voit de face
25 secondes – gros plan
sur le sable sur lequel est posée une feuille, sans doute emportée
par le vent – à l'arrière plan l'herbe qui retient la pente
27 secondes – buste de
l'homme trois quart face (un bandage lui couvre le nez et rejoint la
mentonnière) la tête légèrement penchée vers le sol
29 secondes – une butte
de terrain, qui doit borner la plaque de sable, maintenue par un
tapis de griffes de sorcière, à droite le genou plié de l'homme,
un main pendant au premier plan, l'autre posée en bas de la cuisse,
et, penché en diagonale, un peu de son blouson
32 secondes – la tête
et le haut du buste de l'homme, griffes de sorcières en arrière
plan, il finit de se pencher
33 secondes – il dit
(sur la musique devenue encore moins forte mais qui reste bien
présente) «mon amour, je regarde la mer» etc.. commence à lire ce
qui semble être une lettre d'amour, ou plutôt une lettre, assez
littéraire, se racontant à la personne aimée
45 secondes – gros plan
sur une partie de la feuille pendant que la voix continue la lecture
toujours accompagnée en sourdine par la musique
1 minute – toujours
lecture et à l'image de nouveau un gros plan du visage de profil, on
voit les lèvres bouger très peu, comme pour un murmure ou une
lecture muette
1 minute et 9 secondes, de
nouveau la lettre (mais en fait si on fait attention, une feuille
plus courte, plus longue que la feuille vue auparavant) avec, en
tête, «ma belle» et puis un texte (écriture serrée, hérissée
de jambages, quelques ratures) et toujours la voix plate de l'homme
qui lit un texte différent de ce que l'on peut déchiffrer –
peut-être est ce une autre lettre…
1
minute 18 – début d'une autre séquence, une table, un coquetier,
une main qui casse l'oeuf – image plus contrastée, nette.
7 commentaires:
Il semble que l'on voie de moins en moins de livres dans les films (où sont tous nos Godard ?) ou de lettres manuscrites - mais il y a une telle abondance de smartphones...
je pense que ce film date d'avant mes smartphones ou au moins d'avant leur généralisation
Comme un style à la Claude Simon. Déconstructif et recomposé.
bien de l'honneur… simplement comme l'application d'une consigne
Fascinant. .Bravo un bel exercice dont je suis incapable de réalisé
pourquoi ne pas essayer ?
travail de scripte à rebours, marche avant marche arrière, le temps n'est qu'un segment sans direction
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