coincée ce matin dans
l'antre pour une attente sans résultat (rendez-vous avec facteur
pour acheter calendrier à jeter) je reprends ma moisson de sapins de
mardi, cueillie au fil de ma marche un rien brinquebalante.
Et, reprendre pour
reprendre, après avoir tenté un petit texte qui ne me satisfait
guère pour les cosaques des frontières
https://lescosaquesdesfrontieres.com,
je pose ci-dessous une histoire qu'ils ont publiée et que je n'aime
pas davantage (devrais renoncer)
Cul sur la
pierre
Le cul sur la pierre il
regardait ses pieds.
Ou plutôt il regardait
son pied gauche endormi dans un mocassin, et puis ses yeux sautaient,
en passant par les feuillages des arbres dans le lointain, jusqu'au
pied droit, un peu plus fermement planté dans le mocassin qui lui
était attribué.
Ne regardait pas, entre
eux, sur la même marche, la coupelle de laque rouge posée sur un
chiffon de brocard déchiré, éraflée la coupelle et contenant une
pièce, pas tout à fait au centre, non juste là où son oeil avait
voulu cette tache pour qu'elle ait toute l'évidence que méritait le
fait que c'était sa dernière – pas vraiment, il y en avait deux
autres dans la poche de son jean, mais il avait décidé que c'était
sa dernière, les deux autres étaient intouchables et secrètes –
et qu'elle lance un appel.
En attendant, en
affichant, pensait-il, son humilité par sa tête baissée il
jouissait en silence de la caresse du soleil sur les plis de sa
vieille nuque. Et, sans en être vraiment conscient, il en affichait
la tendresse par la détente de son visage, et une ombre de sourire
rêveur.
Tête baissée, yeux sur
son pied ou sur l'autre – ce qui le faisait loucher un peu -, il
s'amusait de voir passer, aux rives de son regard, les pieds des
visiteurs qui montaient ou descendaient les degrés, mais s'agaçait
de leur rapidité, de leur manque d'hésitation en passant à côté
de cette détresse qu'il incarnait.
Et il s'indignait en
silence au nom de toutes les détresses, des dignes vieux corps et
coeurs usés aux ressources si minimes qu'inimaginables, des mères à
smala – ou unique gosse, corrigea-t-il - et maigres ressources, des
enfants émissaires forcés d'exploiteurs, et des exilés sans
droits.
Les aidait comme pouvait,
mais c'était si peu, alors...
Mais comme les heures
passaient, comme sa pièce n'avait été rejointe que par de rares
oboles, et comme l'inutilité engendrait ennui pesant – il y avait
bien eu cette femme, un peu fol-dingue avait-il pensé, qui s'était
assise à côté de lui après avoir déposé ses pièces, s'était
inquiétée sans trop insister, et, comme il évoquait tous ces
abandonnés, l'avait traité d'idiot en riant – comme le soleil
descendait derrière les arbres du jardin au dessus de lui, il s'est
levé, épousseté, a rangé tissu et coupe dans un petit sac
plastique, et il a descendu les marches pour rentrer chez lui.
Elle avait raison, c'est
vrai qu' il avait l'air trop prospère et qu'il faisait peur, les
éventuels samaritains prenaient conscience de leur fragilité... et
passaient leur chemin ; il devait s'y résoudre, il allait rejoindre
son association, on lui trouverait bien une utilité.
8 commentaires:
C'est une véritable forêt de sapins que vous avez installée sur votre blog... Vous en avez acheté un ?
certes non
un peu plus de trente ans que Noël n'existe plus pour moi… et il n'y avait pas de sapin ni de père Noël dans les noëls de mon enfance, c'était crèche, cadeaux du petit Jésus (bon des parents) et gâteau au chocolat délicieusement loupé
les sapins c'était pour ces gens dans le nord
Vrai je n'ai jamais eu de sapin sans regrets d'ailleurs c'était la crèche des grands parents enrichie au goût du jour des santons vernisses au merveilleux Carbonnel
Belle collection de sapins au gré de tes pas Merci
J'aime ton texte beaucoup ,même relu
On attend les santons !!!!
le premier sapin familial était pour un Noël où les cousins de Vers-le-Petit (région parisienne) assistaient et puis ensuite à Cholet pour petite soeur (qui a vingt ans de moins que moi) en même temps que la télévision
par contre la crèche oui (mais pas des santons aussi beaux que les Carbonel , ça ne fait rien on les aimait)
irai les voir mais peux pas en acheter raisonnablement cette année, surtout ceux d'Isoline
Mon premier sapin - tardivement arrivé - mon père en avait ramené l'idée de Iéna où il avait été quatre ans en villégiature; il y avait de vraies bougies et je crois bien un jeu de quilles à son pied. Pas de quoi fouetter un âne me direz-vous mais j'avais trouvé cela assez beau avec ce parfum de résine dans la maison...
rareté, et odeur de résine - je te comprends, j'aurais aimé
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