un peu avant dix heures, à
l'orée d'une nouvelle période de fortes chaleurs m'en suis allée
couffin en main dans les rues où ne restent plus que quelques traces
du festival, comme les petites ficelles qui avaient porté vaille
que vent veuille les affiches,
et où, à cette heure, ne
rencontrais guère que quelques troupes cornaquées
Dans les halles presque
désertes, où un étal sur deux était fermé et où les commerçants
se désennuyaient en se rendant visite ai rempli dans la limite de
mes forces couffin et un sac
et trouvait presque (sauf
que même en enlevant de la lumière un jour peu animé ne peut
représenter la vie d'un espace vide dans la nuit) les images
nécessaires pour illustrer le texte par lequel ai tenté de répondre
à la proposition 20 – sans vous de
l'atelier d'été de François Bon (je tente de ronger mon retard de
lecture sur http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
mais il est bien trop grand.. de nouveaux textes arrivent et cet
après-midi n'ai pu tenir plu d'un quart d'heure devant l'écran sans
sentir mon cerveau se détacher de mon crâne, ce qui ne laisse pas
d'être inapproprié comme on le dit actuellement)
alors,
l'image d'un retour de théâtre et la masse dans la nuit de nos
halles et des étages de parking qui la surmontent
La
nuit est tombée sur la ville, s'est installée, et au plus creux,
vers trois heures du matin, l'heure où ceux qui travaillent depuis
la veille sur un texte, un dessin, une charrette dit-on dans les
ateliers, connaissent une brusque lourdeur de chacun de leurs membres
et laissent leur cerveau en roue libre, les halles, au bout de la rue
de ce bar où il songeait tout à l'heure devant une tasse vide, se
recueillent avant qu'au petit matin les hommes viennent les agresser
avec leur activité. Depuis que, vers une heure, une dispute violente
accompagnée de coups contre le rideau de tôle fermant l'accès au
sas de droite – le petit vestibule qui mène à la rue et aux
escaliers vers les étages de parking qui surmontent le grand hall -,
ait fait vibrer l'obscurité, le silence n'est troublé que par de
rares bruits de circulation, faisant ressortir avec une évidence
agaçante les goutes d'un robinet mal fermé... non dans l'un des
grands bacs longeant les étals des poissonniers mais dans le petit
évier du bureau vitré planté au centre du stand d'un des
charcutiers, et l'esprit des lieux, celui qui les garde et veille sur
la paix vient de sursauter quand une trompe de remorqueur a vibré,
légèrement assourdie, a insisté trois fois avant de se taire, sans
doute un téléphone mobile oublié. Dans le grand espace noir que
n'éclairent qu'une dizaine de panneaux lumineux indiquant les
sorties, et quelques veilleuses de sécurité proches du sol –
l'une révèle, sur l'unité du carrelage d'un grège rosé, une
grande marre humide que le grand nettoyage de fin de marché a laissé
dans une dépression usée près des marches de l'entrée, à
l'arrière – les étals dorment comme de grands animaux tapis sous
des bâches de toile, mosaïque de grands rectangles dont on
distingue à peine les beiges, écrus ou verts sombres, et les
quelques ornements des stands vedettes ne sont que silhouettes
vaguement inquiétantes. Une paix savoureuse s'étend, baigne le
moindre objet comme si le hall retenait son souffle dans l'attente du
bruit de l'ouverture des portes, des premiers pas, des voix, du
roulement des diables, un peu avant l'aurore.
4 commentaires:
Un festival casse-Carcasse
une chaleur casse carcasse plutôt (vexée, quant j'étais jeune j'y étais insensible et exaspérée par ceux qui s'en plaignaient - par contre le froid l'ai toujours détesté) et le pire : j'ai plutôt engraissé
Vous passez du texte proclamé au texte écrit et lu... la parole se fait moins lancée mais plus retenue, les mots se posent après s'être envolés...
Le festival était peut-être un songe ?
heureusement pour la ville il n'est pas un songe (sourire)
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