Finalement, parce que
j'avais un moral de serpillère, parce que le ciel était aussi
tristounet que possible et que la nécessité de ne pas perdre un
instant de soleil descendu dans ma cour n'existait pas, parce que
j'avais cherché une date sur le site de la mairie et que j'étais
retombée sur elle, l'exposition de l'année au Palais des papes,
Mirabilis, conçue pour faire connaître nos musées (qui sont
gratuits depuis avril) et mise en scène par Christian Lacroix
(raison pour laquelle, non à cause de lui, mais de son parti qui
consiste à fractionner la belle nef de la grande chapelle, la
transformant en hall d'exposition, ni moi ni aucun des amis ou moins
amis avignonnais que j'ai interrogés n'avaient envie d'y aller) me
suis décidée à grimper
à faire la queue dans un
bain de langues plus ou moins identifiables (plutôt moins)
à shunter la plus grande
partie de la visite pour grimper le grand escalier
et pénétrer dans la nef,
accueillie par le postérieur de marbre d'une statue qui regardait
quelques uns des grands tableaux de Joseph Vernet.
Et, oui j'ai déploré le
cloisonnement (mais les quelques hautes fenêtres se vengent en
posant leur marque sur les oeuvres) et puis me suis plongée dans le
délice de découvertes, des questions, sans prendre la plupart du
temps le soin d'aller consulter les étiquettes pour avoir les
réponses, comme l'aurais fait, en l'absence des explications
forcément abondantes, du propriétaire-collectionneur dans un
cabinet de curiosités puisque c'est – idée hautement séduisante
– le thème choisi par Christian Lacroix
La curiosité n’a
rien d’un vilain défaut, bien au contraire c’est une des
qualités les plus rares. C’est chercher à apprendre, à
connaître, s’aiguiser le regard à ce que le monde, la nature et
la vie ont pu et peuvent produire et receler de plus insolite, rare,
précieux.
…
Dans ces cabinets de
curiosités si éclectiques dont les représentations, peintures ou
gravures, m’enchantaient tellement enfant, avec leur amoncellement
plus ou moins organisé de bizarreries brutes ou sophistiquées,
effrayantes ou admirables, que j’essayais de constituer moi-même
dans le placard ouvert de ma chambre ou mon secrétaire de pareilles
collections, avec les moyens du bord, monnaies pas si anciennes,
fossiles, bibelot sans queue ni tête, débris de vaisselle, végétaux
et insectes desséchés, cailloux, débris aux formes couleurs ou
matières intrigantes...
Et
comme j'ai pris trop de photos, plus ou moins bien, vais juste en
garder quelques unes (trop) aujourd'hui, quitte à bricoler demain ou
un autre jour, un diaporama de l'ensemble
Je ne
sais qui (collaboration ?) a choisi les cinq ou six regroupements de
grandes oeuvres, comme ce très beau Saint Joseph, qui occupent le
centre de la nef
Le
long du mur donnant sur l'intérieur du palais, se succèdent, les
«cabinets» de Christian Lacroix avec des regroupements savoureux,
comme celui-ci qui réunit, entre autres choses,
deux
enfants Jésus en cire et des têtes de santons
un
beau buste de douce femme (qui est je crois un reliquaire)
une
statue bouddhique et une croix de marinier du Rhône et quelques
oiseaux comme le passereau qui, dans un autre ensemble, considère
l'armure de samouraï qui le contemple (plus loin des mâchoires
d'animaux et une vertèbre d'Innocent VI rencontrent des médaillons, des cochons chinois en étoffe
attendrissants sont tapis sous la garde d'une perruche à tête plate
et regardent une immense fourche à garance etc...)
Le
long du mur donnant sur la rue de la Peyrolerie, s’alignent les
choix des conservateurs des différents musées, avec une part de roi
réservée à Calvet pour mon grand plaisir puisque, parmi les
curieux, récolteurs de tout ou rien, Esprit Calvet tenait place
éminente (comme d'ailleurs, plus scientifiquement, Esprit Requien qui nous a offert autre collection), et outre les tableaux qui sont bien présents, du moins
quelques uns
outre
les antiques, les sarcophages ou bustes égyptiens, les petits
bronzes renaissances, et cette jolie terre cuite d'Etienne d'Antoine
Allégorie de la Douleur (1772)
il y a
des traces préhistoriques et puis un peu de tout, des bambous gravés
de Nouvelle Calédonie, des lances à barbelures (belles de leur
simplicité efficace) des Fidji, et cet anorak inuit en intestin de
phocidés (est-ce que je me trompe si je traduis phoque) venu des
îles Aléoutiennes
ou
cette merveille qui est un squelette de serpent mis en forme au 18ème
siècle...
Pour
le palais du Roure, Mistral et les Baroncelli-Javon il y a, juste
sous les fenêtres donnant sur la place des photos, quelques objets
que j'ai, je l'avoue, négligés, mais aussi, au centre, le dernier
groupe qui comprend un portique portant une collection de cloches, un
banc devant un extraordinaire paravent en bois dit de chasse, en
forme de taureau (ici devant mon très cher tableau sans auteur
certain du Christ sauveteur) et une selle... il y a aussi, un peu
plus loin, dans la rangée centrale également, un extraordinaire et
assez laid tricycle en forme de cheval qui a appartenu à Folco de
Baroncelli
Et
puis il y a le plaisir du Musée Requien avec les liasses d'herbiers,
et les quelques herbiers à peintures, les livres anciens de botanique, géologie etc…
les
fossiles, les collections de papillons et d'insectes, les tableaux de
coquilles
et
puis (Christian Lacroix était loin d'avoir épuisé la collection)
les merveilleux oiseaux..
Le
musée peut-être le moins généreux, est le petit Palais qui garde
ses trésors, qui présente tout de même une vingtaine d'oeuvres il
me semble (mais aucun tableau) comme ces pleurants provenant du
couvent de Sainte Claire (là où Pétrarque rencontra... là où maintenant
se trouve le théâtre des Halles) de la fin du 15ème siècle
des
petits panneaux de lambris peints, des têtes de gisants
d’évêques et cette petite tête de Saint Paul en albâtre de la
fin du 14ème, venu de Villeneuve lès Avignon.
9 commentaires:
Bravo à Carcasse et à votre curiosité !
Merci pour cette visite très détaillée.
casabotha : carcasse disait zut pour revenir (et ça m'ennuie parce que j'ai bien plus à lui demander)
Marie-Christine : pas si détaillée = j'avais plus de 80 photos
Vais y revenie suis en debacle par tous les sens ..javais oublie ce que cetait detre malade
soigne toi bien
Désolée ma tablette est aussi désorientée
Je pense aux tramways de Montpellier décorés par le même Christian Lacroix (certains plus beaux que d'autres)...
Belle expo satisfaisant la curiosité !
Mais pourquoi Lacroix n'aurait-il pas le droit de scinder les espaces d'un musée alors que la ministre de la Culture a construit sans autorisation, ni déclaration au fisc, des mezzanines dans un hôtel particulier classé (rue Séguier à Paris) pour sa maison d'édition ? On se demande s'il y aura, la concernant - sur le plan politique - un acte III...
que ce soit pour le respect du patrimoine ou les idées éducatives la dame ne fait pas référence (devrait perdre ces attributions comme elle a finit par perdre le livre)
ceci dit si l'idée est séduisante, s'il y a beaucoup de saveur dans les voisinages et des découvertes à faire, la vision de cette nef tronquée est réellement pénible… l'endroit était tentant mais le cloisonnement de bois est un rien brutal
Merci pour cette visite qui a rempli mon esprit (jusque là un peu assoupi par des travaux de cantonier) et l'a fait voyager léger léger.
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