Ce fut - 2

Ce fut sous le ciel gris du matin et du début d'après-midi de mercredi, passer près du Cap Brun prendre une amie, rejoindre le port et longer le quai au plus vite de nos jambes pour voir partir le bateau désiré, flâner un peu, attendre le suivant et nous embarquer, réfugiées à l’intérieur à cause du temps relativement maussade, Brigetoun s'efforçant de se croire en partance même si notre joli petit bateau n'était qu'un petit bus nautique.

Débarquer sur le joli petit port qui garde son charme personnel même si la ville de La Seyne, orpheline depuis tant d'années de ses chantiers, a maintenant obtenu le label de station balnéaire et de tourisme,

et gagner, derrière la mairie, la très simple maison du patrimoine pour visiter la toute petite exposition organisée par l'association des anciens chaudronniers-tuyauteurs des chantiers navals et consacrée, en souvenir de son engagement à leurs côtés notamment dans les luttes passées, à l'ami (même si je ne l'ai pas connu, je le considère ainsi avec outrecuidance, étant celle de sa femme et de sa fille) Jean-Pierre Giacobazzi https://culturebox.francetvinfo.fr/arts/peinture/les-chantiers-navals-de-la-seyne-sur-mer-rendent-hommage-au-peintre-giacobazzi-283911

exposition présentant quelques tableaux plus ou moins anciens prêtés par sa femme Michèle,

dont un exemplaire, devant l'Atlantic en construction aux chantiers, du groupe d'enfants ouvriers que l'on retrouve sur beaucoup de ses tableaux-patchworks (je suis responsable à la minute de cette dénomination) et dont j'ai appris là qu'ils proviennent d'une photo d'enfants travaillant dans des mines en Europe de l'Est, mais qui pourraient être de n'importe quel endroit où leur travail est admis...

des assemblages de photographies, quelques uns des objets, jouets populaires ou autres venant de son atelier,des livres concernant le peintre, d'autres sur la vie des chantiers (un très gros que j'ai feuilleté avec une très grande envie de l'emporter) etc... quelques rares visiteurs et une jolie ambiance.

Si vous en avez le temps et l'envie, pour une petite idée de la Navale, des chantiers https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/gertrude-diffusion/dossier/usine-de-construction-navale-chantiers-navals-de-la-seyne-sur-mer/083d9842-62f8-4350-999f-eb11d1dbb10a

une petite promenade dans la vieille ville (j'allais dire en toulonnaise : village) en saluant la halle où l'on trouve le meilleur poisson, pendant que le bleu reprenait la conquête du ciel, un café dans un bistrot simple au bout du quai, près de l'embarcadère,

et retour vers Toulon, le boulevard du littoral pour déposer l'amie...

et puis le soir, après une tisane, le temps d'embrasser les enfants, mes petits neveux qui deviennent des ébauches affirmées d'adulte, leur mère Alexandra Giacobazzi (d'elle j'ai le plaisir d'avoir trois petites oeuvres)

retrouver dans le salon de la maison-hôte Monsieur de Cuverville sur l'un des tableaux de son père, avant un reste d'aïoli...

Le lendemain matin le bleu était là, avec un petit vent qui ne méritait guère alors le nom de mistral

petit vent un peu plus fort à Marseille (m'étais si bien débrouillée que j'ai passé une heure vingt à la gare, le temps de lire, à l'intérieur, le Canard enchaîné)

hurleur et impérial en arrivant à Avignon, déléguant une rafale pour s'engouffrer dans mon manteau ouvert et me repousser, trébuchante un peu, jusqu'au milieu du hall.

Un peu moins violent mais bigrement froid ce matin, et assez fort pour que je lui oppose mon front en allant porter pantalons, jupe et draps chez le teinturier ce matin, et pour que la collecte des feuilles mortes qu'il avait amassé sur la descente d'eau de ma cour et qu'il s'amusait à faire voler pendant que les ramassais soit passablement désagréable.