Sur mon chemin, matin,
vers huile toscane, sirop d'anis et bulbe de céleri, mon frère et
autres images cueillies
Une ondée passagère dans
l'après-midi, sais pas quand, j'étais à Providence avec François
Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4838
et quand j'en suis sortie pour arroser le ciel était bleu pur et les
carreaux mouillés
et puis m'en suis allée,
en début de soirée, vers le théâtre des halles
pour voir une pièce de
Patrick Kermann, qui a été montée par diverses compagnies, est
passée une fois dans le off d’Avignon, interprétée cette fois
par la Compagnie Il va sans dire dans une mise en scène d'Olivier
Barrère, Aurélie Pitrat et Erick Priano, jouée par Olivier Barrère
dirigé par Aurélie Pirat (je recopie)
une
photo-affiche de Laurent Gros provenant du site du théâtre comme cette
présentation
4 avril 1912 à 23h40,
le Titanic coule avec à son bord Giovanni Pastore chargé de
nettoyer les 3177 cuillères à dessert pour les passagers de
première classe. Giovanni a sombré mais n’est pas compté parmi
les victimes. Il est oublié. The great disaster nous raconte son
trajet de vie et de mort. Du fond de la mer, il nous livre son
histoire. Il nous offre aussi le récit d’un monde qui s’éteint
et d’un autre qui naît. Patrick Kermann propose une partition, un
poème à scander, une langue jubilatoire et vivante, un récit
vivifiant mais aussi un temps de partage et de réflexion sur les
choix de vie, et le cours des choses.
Un
très beau texte qui passe par la voix de Giovanni Pastore lequel
après longues errances se trouve là bloqué au fond du bateau et
que l'on a oublié, qui ajoute un chiffre au total des disparus
puisqu'il était invisible, passager presque clandestin embauché in
extrémis par le restaurateur sous-traitant de la compagnie, comme
plongeur chargé uniquement des petites cuillères sa voix qui fait
revivre son passé, les villages désertés, le départ, Gênes et
les bateaux trop chers, les Alpes expédiés en deux mots,
Aigues-Mortes et le massacre qui y a eu lieu, la fuite vers Hambourg
où les bateaux encore trop chers, etc... qui fait revivre les gens
dans les salons, les divers lieux du bateau surpris, et nous sommes
entrés, accrochant nos manteaux à des portants pour nous asseoir
sur des chaises disposés en deux rangées décrivant en gros un fer
à cheval dans la salle sans gradin, face à un rideau et lui debout
devant, disant le texte comme un mourant, jouant de sa voix peu à
peu comme une musique parfois discordante jusqu'à être par instant
incompréhensible, pour dire le choc, l'incompréhension, et puis
environ à la moitié du texte ou un peu avant il y a eu un petit gag
discret parce qu'il doit, désignant les objets qui tombent, ou se
déplacent brusquement en montrant des spectateurs les inciter à se
lever pour ensuite leur faire traverser le rideau, et que les cinq
premiers dont Brigetoun se voyant désignés comme étant des pianos
à queue souriaient ravis et flattés d'être si beaux et imposants
instruments de musique mais ne comprenaient absolument pas ce qu'on
attendait d'eux, alors il s'est tourné vers huit autres devenus je
ne sais plus quel bidule, et comme parmi eux il y avait une personne
intelligente, les huit bidules ont traversé le rideau suivis des
huit pianos à queue, etc... pour se retrouver sur des chaises
disposées sur un sol parsemé de petites cuillères dans une
pénombre presque parfaite où il nous a rejoint jouant le rôle de
l'ingénieur concepteur du bateau tel que le raconte Giovanni,
continuant en tissant le comportement du chef restaurateur avec les
petites mains sous ses ordres, le récit de son périple résumé un
peu plus haut, des évocations de la nonna qui lui avait prédit
qu'il lui arriverait malheur s'il approchait de l'eau – simplement
sauf pour le récit grave et nostalgique de ce passé, le village, la
nonna et son premier amour, il joue tellement sur le rythme,
l'humour, le comique, dansant, parlant, tourbillonnant, que c'est un
peu trop échevelé par moment – et cela finit sur la lettre
d'amour passionné qui aurait que lui aurait adressé sa belle, trop
riche, un peu trop riche, pour le pâtre fils de pâtre qu'il était,
et qui aurait été dans un des sacs de courriers noyés.
Le
rideau se rouvre sur la partie de salle que nous avions quittée, dont
les chaises recouvertes d'un tapis rouge évoquent un théâtre et il
revient saluer.
Retour
dans les rues presque désertes avec petit vent frais.
12 commentaires:
J’aime votre cueillette, et particulièrement la dernière image !
Bon dimanche chère Brigitte :-)
merci au petit vent frais d'avoir veillé sur carcasse jusqu'à antre protectrice
Ces petits balcons ornés de fer forgé, une merveille. Envie de pénétrer, ne serait-ce qu'une fois dans ces appartements.
Cela m'aurait plu ...l'oublié aux petites cuilleres
Si les spectateurs n'étaient pas à ramasser à la fin à la petite cuillère, tout va bien !
Maintenant, les Titanic sont remplacés par des Etats. nommés Léviathan... :-)
Los olvidados, un thème que l'on oublie volontiers tant la réalité est refusée.
Godart, je crois que c"était un hôtel et suis pas sûre que ce ne soit pas toujours le cas
Arlette, si je ne me trompe (recherche Google) la pièce a été jouée par une autre troupe il y a quelques années à Toulon
Dominique, les états étaient déjà de sacrés Léviathans à l'époque
Brigetoun en piano, pas meilleur choix !
Pierre ceux que même les gilets jaunes oublient (ou que les gilets jaunes ont peur de rejoindre)
Claudine, pas l'avis de mon professeur de piano (un court temps vers sept ans !)
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