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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, mars 03, 2019

The great disaster dans la nuit

Sur mon chemin, matin, vers huile toscane, sirop d'anis et bulbe de céleri, mon frère et autres images cueillies
Une ondée passagère dans l'après-midi, sais pas quand, j'étais à Providence avec François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4838 et quand j'en suis sortie pour arroser le ciel était bleu pur et les carreaux mouillés
et puis m'en suis allée, en début de soirée, vers le théâtre des halles
pour voir une pièce de Patrick Kermann, qui a été montée par diverses compagnies, est passée une fois dans le off d’Avignon, interprétée cette fois par la Compagnie Il va sans dire dans une mise en scène d'Olivier Barrère, Aurélie Pitrat et Erick Priano, jouée par Olivier Barrère dirigé par Aurélie Pirat (je recopie)
une photo-affiche de Laurent Gros provenant du site du théâtre comme cette présentation
4 avril 1912 à 23h40, le Titanic coule avec à son bord Giovanni Pastore chargé de nettoyer les 3177 cuillères à dessert pour les passagers de première classe. Giovanni a sombré mais n’est pas compté parmi les victimes. Il est oublié. The great disaster nous raconte son trajet de vie et de mort. Du fond de la mer, il nous livre son histoire. Il nous offre aussi le récit d’un monde qui s’éteint et d’un autre qui naît. Patrick Kermann propose une partition, un poème à scander, une langue jubilatoire et vivante, un récit vivifiant mais aussi un temps de partage et de réflexion sur les choix de vie, et le cours des choses.
Un très beau texte qui passe par la voix de Giovanni Pastore lequel après longues errances se trouve là bloqué au fond du bateau et que l'on a oublié, qui ajoute un chiffre au total des disparus puisqu'il était invisible, passager presque clandestin embauché in extrémis par le restaurateur sous-traitant de la compagnie, comme plongeur chargé uniquement des petites cuillères sa voix qui fait revivre son passé, les villages désertés, le départ, Gênes et les bateaux trop chers, les Alpes expédiés en deux mots, Aigues-Mortes et le massacre qui y a eu lieu, la fuite vers Hambourg où les bateaux encore trop chers, etc... qui fait revivre les gens dans les salons, les divers lieux du bateau surpris, et nous sommes entrés, accrochant nos manteaux à des portants pour nous asseoir sur des chaises disposés en deux rangées décrivant en gros un fer à cheval dans la salle sans gradin, face à un rideau et lui debout devant, disant le texte comme un mourant, jouant de sa voix peu à peu comme une musique parfois discordante jusqu'à être par instant incompréhensible, pour dire le choc, l'incompréhension, et puis environ à la moitié du texte ou un peu avant il y a eu un petit gag discret parce qu'il doit, désignant les objets qui tombent, ou se déplacent brusquement en montrant des spectateurs les inciter à se lever pour ensuite leur faire traverser le rideau, et que les cinq premiers dont Brigetoun se voyant désignés comme étant des pianos à queue souriaient ravis et flattés d'être si beaux et imposants instruments de musique mais ne comprenaient absolument pas ce qu'on attendait d'eux, alors il s'est tourné vers huit autres devenus je ne sais plus quel bidule, et comme parmi eux il y avait une personne intelligente, les huit bidules ont traversé le rideau suivis des huit pianos à queue, etc... pour se retrouver sur des chaises disposées sur un sol parsemé de petites cuillères dans une pénombre presque parfaite où il nous a rejoint jouant le rôle de l'ingénieur concepteur du bateau tel que le raconte Giovanni, continuant en tissant le comportement du chef restaurateur avec les petites mains sous ses ordres, le récit de son périple résumé un peu plus haut, des évocations de la nonna qui lui avait prédit qu'il lui arriverait malheur s'il approchait de l'eau – simplement sauf pour le récit grave et nostalgique de ce passé, le village, la nonna et son premier amour, il joue tellement sur le rythme, l'humour, le comique, dansant, parlant, tourbillonnant, que c'est un peu trop échevelé par moment – et cela finit sur la lettre d'amour passionné qui aurait que lui aurait adressé sa belle, trop riche, un peu trop riche, pour le pâtre fils de pâtre qu'il était, et qui aurait été dans un des sacs de courriers noyés.
Le rideau se rouvre sur la partie de salle que nous avions quittée, dont les chaises recouvertes d'un tapis rouge évoquent un théâtre et il revient saluer.
Retour dans les rues presque désertes avec petit vent frais.


12 commentaires:

Marie-christine Grimard a dit…

J’aime votre cueillette, et particulièrement la dernière image !
Bon dimanche chère Brigitte :-)

casabotha a dit…

merci au petit vent frais d'avoir veillé sur carcasse jusqu'à antre protectrice

Godart a dit…

Ces petits balcons ornés de fer forgé, une merveille. Envie de pénétrer, ne serait-ce qu'une fois dans ces appartements.

Arlette A a dit…

Cela m'aurait plu ...l'oublié aux petites cuilleres

Dominique Hasselmann a dit…

Si les spectateurs n'étaient pas à ramasser à la fin à la petite cuillère, tout va bien !

Maintenant, les Titanic sont remplacés par des Etats. nommés Léviathan... :-)

jeandler a dit…

Los olvidados, un thème que l'on oublie volontiers tant la réalité est refusée.

Brigetoun a dit…

Godart, je crois que c"était un hôtel et suis pas sûre que ce ne soit pas toujours le cas

Brigetoun a dit…

Arlette, si je ne me trompe (recherche Google) la pièce a été jouée par une autre troupe il y a quelques années à Toulon

Brigetoun a dit…

Dominique, les états étaient déjà de sacrés Léviathans à l'époque

Claudine a dit…

Brigetoun en piano, pas meilleur choix !

Brigetoun a dit…

Pierre ceux que même les gilets jaunes oublient (ou que les gilets jaunes ont peur de rejoindre)

Brigetoun a dit…

Claudine, pas l'avis de mon professeur de piano (un court temps vers sept ans !)