Presque les premiers mots
du « livre d'image » de Godard regardé lundi soir sur
Arte https://www.arte.tv/fr/videos/082224-000-A/le-livre-d-image/
la
vraie condition de l'homme c'est de penser avec les mains, et, tentant de vérifier que mes mains pensaient, ai tendu la gauche, la
paresseuse, celle de réserve, celle du coeur et de l'esprit – la
droite n'a pas le temps - vers les mains actives sur l'écran, et
puis j'ai plongé.
L'image est multiple,
superbe et malmenée, de couleurs chaudes en bandes oranges et
noires, de noirs et blancs brutaux, les pixels font ce qu'ils veulent
et peuvent, les images s'invitent sur d'autres, et le noir se fait
total, peuplé ou non de voix, la voix de Godard surplombe le tissage
des voix ou s'efface sous elles, des cartons s'imposent avec un lien
parfait ou décalé, on est ou non dans l'Arabie heureuse, les
révolutions se pensent ou éclatent, ou avortent, les guerres
s'invitent brutalement, des remakes s'invitent et m'étaient
mystérieux, une petite vieille passe en trainant ses brimborions
dans un petit chariot, si humble qu'elle semble naine, suivant la
musique en images qui fait succéder aux courts éclats
s'entrechoquant du début des mouvements (ou séquences) plus amples,
et je ne pensait plus, ou noyais la graine d'intelligence, muette et
chétive, volontairement et naturellement, qui me restait dans la
réception, je reconnaissais une idée, une phrase, ou non, je
re-pensais avec ce qui était dit et les hiatus ou je pensais contre,
et je vous conseille de boire et manger le tout....
et puis à la fin, comme
un entracte avant de passer au trio morue, patate, fromage et de
m'endormir sur un sablé, ai repris les deux photos de ma main
tentant de saisir les mains du début, et j'ai fait joujou
petitement, sans grand moyen, et juste pour m'amuser vous impose une
partie du résultat
En pensée plus austèrement exprimée, plus structurée, discursive, ai regardé cet après midi, Dominique
Hasselmann m'ayant rappelé avec son billet
https://hadominique75.wordpress.com/2019/04/23/la-republique-semble-ignifugee/
la République est ignifugée les
images et séquences d'In girum imus nocte et consumimur
igni https://vimeo.com/199438695
en écoutant la voix, plus jeune
mais tout aussi posée et claire de Guy Debord énoncer son texte
(n'en avais pas, non plus, lu l'édition critique) ses constats et descriptions aux rudes et indubitables conclusions (mais avec, en avançant, en moi un ricanement un rien désespéré ou désespérant, et la remontée à la conscience des récupérations, détournements et l'évidence de ce qui les rendait possibles)
8 commentaires:
Billet cinématographique, Godard ou Hitchcock n’ont qu’à bien se tenir !
J'avais vu sur Télérama que "Le Livre d'image", précédé par la énième rediffusion d'"À bout de souffle", était au programme ce soir... donc je n'ai pas été chercher sur Internet !
Beau jeu de mains sur le Mac en accord avec celles mises en scène par Godard.
Et merci pour l'allusion à mon Gif d'hier (le travelling du bus fonctionne plus capricieusement et avec surprise que de simples rails) et le renvoi - que j'ai laissé libre de chercher - au film de Debord (six lettres et un D identique à la fin de leurs noms, en plus d'un cousinage idéologique). ;-)
Marie-Christine, à mon avis leur mémoire n'a pas à s'en faire (rire)
Dominique, oh je n'avais pas remarqué - d'autres ressemblances entre les deux films et une grande différence
ce que vous dites de la main gauche est très juste, c'est le joker pour le dessin et le repassage
Claudine, sauf pour les gauchers bien sûr (enfin pour les gauchers contrariés elle est la main nostalgique)
Monter à bord de Debord , se piquer au dard de Godard, le vieux Monde tant décrié a encore des choses à nous dire.
compte tenu de mon âge je ne peux qu'être d'accord avec cette phrase (sourire large)
il y a un film de Godard qui s'appelle "Soigne ta droite" Bonne journée Brigitte
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