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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 18, 2019

Avignon – jour 13 – deux ailleurs mais toujours désir de liberté

Puisque ce jour était vide, puisque c'était l'avant dernière des lectures intitulées ça va ça va le monde organisées avec le soutien de Rfi dans la paix, le refuge du jardin de Mons (maison de Jean Vilar) et que ne le pourrai demain, suis montée vers la place, la maison, un peu navrée de n'avoir que cette seule occasion,
ai traversé dans le sous-sol l'exposition signé Jaco en flânant parce que j'avais du temps et pour le plaisir, outre les souvenirs, du graphisme, de la netteté des couleurs, de la signature qu'il a apposé pendant des années sur le festival https://maisonjeanvilar.org/event/signe-jacno-un-graphisme-brut-pour-un-theatre-populaire/
ai débouché dans le dos du public qui commençait à s'installer, ai tournicoté, ai décidé que pourrais me lever sans trop d'inélégance (et ce fut le cas) d'un des troncs à droite de l'estrade
Et, ma foi, ne sais ce que valaient les autres textes, me suis réjouie que ce soit pour celui-ci (vais tenter de le trouver puisqu'il est publié par les Editions Théâtrale, d'autant que pour tenir dans les limites d'une émission de radio certaines coupes ont été paraît il opérées) : Transe-Maître(s) de Mawusi Agbedjidji (Togo) – auteur, metteur en scène et comédien, études d'anthropologie à Lomé, de dramaturgie à Nanterre, formation avec Koffi Kwahulé et Carole Fréchette, collaboration avec David Bobée metteur en scène, écriture à quatre mains avec Gustave Akaakpo (dont j'aime les textes que j'ai lus) de si tu sors, je sors lecture ici en 2016 et créé aux Francophonies en Limousin ainsi qu'au festival de Ouagadougou –
Le texte présenté est son premier texte (il  lui a valu d'être à la fois lauréat du
domaine français des Journées des Auteurs de Lyon 2018, d'obtenir le Prix
Text'Avril 2019 remis par le jury du public du Théâtre de la Tête Noire (Saran) et
d'être lauréat de l'Aide à la création Artcena
)
je reprends le résumé figurant sur le programme, qui ne donne pas vraiment idée de la richesse du texte (qui, très écrit, poétique, passe très bien à l'oral)
Cette pièce à l'écriture créative revisite l'histoire du « signal », qui fut cet objet symbole de la colonisation, et explore l'étendue du pouvoir de la langue tant pour dominer que pour se libérer. En classe, les élèves doivent parler « pur » sous peine de porter le « signal », un collier honteux et dégoûtant fait d'os, de griffes...dont on ne peut se défaire qu'en dénonçant un ou une camarade ayant à son tour parlé «vernaculaire». Celui qui l'arbore en fin de semaine est puni. Le jeune Dzitri, nouveau au collège, en hérite, mais il choisit de s'en débarrasser. Quand les maîtres font de la langue un outil de domination, il en fait un outil de rébellion.
Manquent les deux moments qui donnent une bonne part de la force du texte, la lecture de la lettre adressée après guerre à la mère de Dzitri, qui ne sachant la lire demande quand elle le peut qu'on le fasse pour elle, par son mari, jamais revenu, depuis Thiaroye (et là encore cela ne dit pas grand chose parce qu'en gros maintenant tout le monde sait, mais il entre un peu davantage dans les responsabilités et Brigetoun en mémoire des amis de sa petite enfance, qui ne sont pas passés par ce camp, souriait de tendre tristesse-révolte) et puis la formidable prise de parole de Dzitri, quasiment muet depuis le début, revendication de liberté, quel qu'en soit le prix, qui clôt la pièce
En sortant ai fait un détour par le Chêne noir pour essayer d'avoir un billet pour, à 18 heures 45, la légende du saint buveur d'après Joseph Roth, avec Christophe Malavoy (complet jusqu'au 26, je tire un trait définitif),
ai hésité devant Golovine mais les spectacles, à tort ou à raison, de début de soirée ne déclenchaient pas en moi un désir suffisant...
ai fait un tour par un petit Carrefour pour acheter du produit de vaisselle, et dans mon dos une voix m'a interrogée sur ce que j'avais pensé de l'Orestie d'où un petit embouteillage-discussion-agréable, parce que, répondant, je ne trouvais plus rien dans la jungle de mon sac... sur ce suis passée par le bureau de tabac de la place de l'Horloge pour acheter le Canard enchaîné et en sortant ai répondu oui à une gentille dame me demandant si j'étais Brigetoun (faut que je tente de freiner mes envies de jouer les imbéciles)
Déjeuner, effondrement (j'éternue et tousse beaucoup et profondément avec vague fièvre)
et puis comme je n'arrivais pas à prendre un billet internet (un bug) pour Pasolini aux Halles, me suis souvenue d'une belle critique de trois jeunes critiques libanais invités par l'Insensé (que je lis de temps en temps à cause d'Arnaud Maïsetti) http://www.insense-scenes.net/?p=3217 , ai pensé, rituellement, à de bons moments à la Bourse du Travail dans les années 50, à de rares passages, toujours au moins satisfaisants ces dernières années, à l'ambiance de surcroit, 
et m'en suis donc allée, flânant un peu parce que j'étais en avance voir
Mawlana de Fares al-Zahaby, mis en scène et interprété (petits moyens et grande efficacité, sympathie plus grande encore, par Nawar Bulbul
outre la critique, j'en reste à la présentation sur le site du théâtre
À Damas, le jeune Abed, fils de l’administrateur de la mosquée de Shaykh Mohaydin Ibn Arabi raconte son itinéraire de vie imposé par une société traditionnelle sclérosée par la tyrannie. Sa rencontre fortuite avec Omran, artiste peintre laïc convaincu, marque la rupture. Essayant de se délivrer des contraintes sociales et des peurs politiques, Abed veut dépasser les tabous : danser, chanter, penser et aimer librement.
Remettant en question les pratiques religieuses conservatrices traditionnelles, Abed découvre la confrérie soufie relayant les pensées du « Grand Maître » (Mawlana) de la spiritualité et de l’ésotérisme Ibn Arabî Les confréries soufies forment ainsi une sorte d’activisme religieux où Abed tente de trouver une nouvelle voie. Finalement, rejeté de toute part, dénigré de l’ensemble de ses pairs, Abed n’a plus qu’une seule issue... Au travers du récit « tragi-comique » de cet apprenti Derviche, l’artiste dévoile avec force non seulement les appareils dictatoriaux mais aussi les constructions du radicalisme inhérentes aux arbitraires des pouvoirs. C’est dans cette recherche de soi, qu’Abed interroge la fabrique des interdits.... Cette tragicomédie en dialecte arabe damascain (sur-titrée en français) est un hymne à la liberté universelle.
J'ajoute juste que c'était ma seconde, plus terrifiante celle-ci si on songe aux artistes mprts en Syrie, revendication forcenée de liberté – deux petites phrases notées Oh seigneur emmène moi, je ne peux plus vivre au milieu de ces monstres lucides et Je suis Abed et non le groupe...
et dans un genre différent le fait que j'ai cassé une branche de mes lunettes de sac et constaté (m'ont fait confiance) que j'ai perdu ma carte du off, ce qui n'est pas grave si ce n'est le manque d'auto-maîtrise que cela dénote.
Un salut avec l'équipe de la Bourse du travail

et un retour à travers de beaux noyaux de foule rue Sainte Catherine, avant le calme relatif de Carnot (à cette heure des vélos sont forcés d'être sages)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le langage comme moyen de domination...et ce collier infâme
Et l'envie de faire l'imbécile. .j'adore

Brigetoun a dit…

maus la réaction de l'enfant

jeandler a dit…

Belle mise en scène de cette journée. Tout est théâtre, tout est susceptible de faire théâtre. La vie ne serait-elle qu'un jeu de mots ?

Brigetoun a dit…

les vies évoquées, Pierre, ne sont pas des jeux ou cruels (mais cherchent à gagner des espaces de jeu)

Claudine a dit…

Ma cadette rêve de faire metteur en scène

Brigetoun a dit…

j'ai eu mon passage vers 10 12 ans où j'en avais si envie que le mettais en application mais la troupe était indocile