Entre flemme constante, lavage de cheveux, repassage, écoute de conférences du Musée de l'homme (sur les périodes glaciaires et l'évolution des hominidés) ou du Louvre (sur la symbolique des couleurs) et bataille avant de me résoudre à garder ma contribution au #13 de l'atelier de François Bon, je ne suis pas sortie.
Alors comme hier, samedi, avant que peu à peu je me mette à regarder ce qui me donnait plaisir de beauté j'avais commencé à photographier les boutiques abandonnées, certaines très récemment, sur mon chemin, parce que cela s'accordait à mon humeur, les ai reprises ces images pour montrer autre face de la ville...
Et puisque finalement j'ai envoyé mon texte à François Bon, je reprends pour ne pas en rester sur ces images ma contribution au #12 « journal du corps » http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4934(les textes de tous les participants sont à lire sur https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article521)
soigné
L'élancement dans les phalanges se fait présence assoupie la paume ignore la rugosité du bois de la table sur laquelle s'abandonne et la main retient la douceur attentive des doigts juste un peu malhabiles mais efficaces de la jeune femme qui l'a maniée soignée a ordonné au corps de ne pas bouger un temps puisqu'il se refusait à un examen par un médecin
la jeune femme venue s'excuser et chercher le camion oublié par son fils qui s'est écriée en voyant la grotesque boule torchonnée qui l'enveloppait cette main qu'elle a démaillotée avec un peu de rudesse tirant sur le tissu là où le reste de sang qui continuait à sourdre l'avait collé la grimace des lèvres muettes
et les doigts gardent le souvenir douloureux et reconnaissant d'avoir eux hurlé un peu quand elle les a forcé à bouger avant de supposer que oui une radio ne s'imposait pas
et le bras le corps les nerfs gardent le souvenir de la brulure remontant vers le cœur le crâne réveillant l'enfance petite douleur brusque accompagnant l'alcool le mercurochrome qu'elle a ramenés de chez elle et de la tendresse de sa main à elle de la curiosité fraternelle des yeux de l'enfant aussi
elle repose là sa main la paume sur la table devant laquelle est assis et il n'a intérêt que pour elle juste pour repousser la boule de fureur honteuse qui dans ce calme s'éveille monte de son ventre réagit malgré la sérénité fière et humble qu'il avait plaqué sur le fait d'avoir été objet digne du traitement méprisant du gars
l'absurde fureur honteuse qui parcourt son corps et ce besoin de justifier ce qu'est la vie à laquelle il a consenti qu'il a choisi cette sérénité misérable qui a suivi la lutte contre la vraie douleur vrillante anéantissante dont le souvenir toujours présent éveille maintenant la torsion des muscles du ventre la crispation en écho de la nuque de l'épaule un peu tordue par la position de la main sur la table
la vraie douleur vrillante interminable et revenant par paliers adoucie alors par le compagnonnage des douleurs autour de lui par le désir d'être malade exemplaire d'éviter autant que pouvait de gêner les soignants l'amitié de l'infirmier de nuit qui parlait de tout et de rien pour le distraire de ce qui se faisait insupportable et finissait par le convaincre de consentir à la libération de la morphine
la crispation de la nuque et de l'épaule qu'il veut effacer sous l'ironie de sa quasi insignifiance et que relaie maintenant le goût vaseux de la bouche sèche la gêne des lèvres collées par la soif l'effort fait pour mettre fin à son immobilité l'appui sur les jambes le dos qui rouspète mais se redresse les premiers pas vers l'évier la lumière qui baisse la venue proche dans le soir qui tombe de l'ami musicien et de la petite
codicille – avais l'idée bonne ou non, ai tardé parce que trouvais toujours autre chose à faire ou sous le prétexte fallacieux de la fatigue, eu l'électrochoc des publiés, bâclé, mais pas tant je crois, ce matin, disons me suis lancée et ça ira comme peut
6 commentaires:
Souffrance ressentie du corps avec des mots qui ne sinventent pas
MERCI Arlette
les boutiques covides...
le corps résiste... :-)
mais si les corps se masquent contre le Covid, il tue les boutiques et ruine les boutiquiers
aïe ... mais quel beau texte
merci Claudine (les autres, majoritairement, ne sont pas mal non plus !
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