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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, janvier 03, 2021

Pluie, petites notes et petite marche


N'étais pas sortie sous le ciel bleu le premier janvier, et ce matin au second réveil mes bonnes intentions ont sombré dans le carrelage trempé de la cour... attendu l'après-midi


repris les dernières pages d'«Emails 2009-2010» de Jérôme Bel et Boris Charmatz (les Presses du réel, Musée de la danse), tombé sur ceci que j'ai eu envie de noter (ils parlent de bien d'autres choses et cet échange est, à mon avis, de belle richesse, y trouve toujours quelques choses

«J B :

... ça a toujours été mon projet, dès ma première pièce, «nom donné par l'auteur» (titre où il n'y avait même pas de majuscules) : représenter des occupations non productives, faites de peu, avec une économie pour le moins minimale, réflexive, non séductrice et non performante, avec une attitude non volontariste.Cette première pièce est emblématique de ce que j'essaie de saisir ici : représenter sur scène ce qui, à priori, n'a aucun intérêt théâtral, représenter sur scène ce qui ne se partage pas socialement, ni même intimement – des actions, des moments, des états qui ne sont, semble-t-il, pas dignes d'être représentés....

Tu connais ces mots de Beckett dans «L'Innommable» : «C'est ça le spectacle, attendre seul, dans l'air inquiet, que ça commence, que quelque chose commence, qu'il y ait autre chose que soi.» ?

....

B C :

… Je ne voudrais pas insister bêtement, mais justement, le travail d'Odile Duboc était véritablement invisible dans les années 1980, car il travaillait des espaces qui ne s'adressaient pas à l'émotion directement, mais il suscitait, chez ceux qui prenaient le temps de regarder, des suspensions de l'attention, de légers décalages perceptifs.... je me souviens d'elle nous conseillant de rompre un geste dès qu'il avait été remarqué par quelqu'un. Ce travail n'a accédé que trop partiellement à la reconnaissance publique.»


Dans l'après-midi, le devoir envers mes jambes me poussant, ai pris courage auprès des pâtres et m'en suis allée, dans le froid d'un vent gris sombre...


Cela n'a pas duré tout à fait une heure, je me sentais vieux bidule bousculé dans un monde qui s'abandonnait, et suis rentrée pleine d'effarement en pensant à ceux qui ne trouvent pas abri et dont les vêtements trop légers laissent passer le froid jusqu'à leur chair. 


10 commentaires:

jeandler a dit…

À défaut de partager, penser et parfois aider.

Dominique Hasselmann a dit…

Beau minimalisme de cet échange que vous avez pointé (les santons en seraient une reproduction théâtrale)...

Bon dimanche ! :-)

Brigetoun a dit…

Pierre mais ne peux plus aider

Brigetoun a dit…

Dominique y voyais une vague parenté avec des courts-métrages du débit de Chantal Akerman

Godart a dit…

"Représenter des occupations non productives", beau programme pour un dimanche au creux de l'hiver. Le perceptible se niche parfois dans l'invisible et le non-dit. Les photos de votre antre, ce territoire occupé sont toujours les bienvenues.

Brigetoun a dit…

enfin en ne montrant pas la pagaille (suis très portée sur les occupations non productives et abandonnées)

Claudine a dit…

Le temps suspendu, oui mais à condition que la forme soit belle, pas moins !
(ici je ne suis jamais déçue)

Brigetoun a dit…

Claudine, ce qui prouve votre indulgence (rire)

arlette a dit…

Comment ne pas toujours et toujours guerroyer contre les moulins à vent.. Si fatiguée Merci d'être là

Brigetoun a dit…

Arlettes, à nos âges, nous avons eu le tempos de savoir que nos combatsts étaient inutiles... alors on se met en rogne, parfois, pour soi ... mais sans grand espoir et on est navré pour nos successeurs (mais il y a des choses qu'il ne faut pas laisser passer, dont le respect du petit et faible)