commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, février 06, 2021

Retour et reprise

Comme étais plus vaillante, comme la température était presque douce et le ciel gentiment hésitant m'en suis allée marcher longeant bars et restaurants fermés, 

flanqués de stèles au futur ou entrouverts,


et comme étais proche de Rosmerta ai empli un sac de flacons pour douches, crèmes pour la peau et tubes de dentifrice, les ai déposés et comme, dans la cour, les duettistes Pascal et Mohamed voulaient travailler nous avons investi la salle adéquate... finissant avec un peu trop de littéralité par la forme négative de la phrase «les élèves aiment travailler»


comme lorsqu'ils en sont venu à bout (les crânes s'étant mis en grève, cela a pris un temps déraisonnable) un peu après l'heure fatidique me suis signé une autorisation et m'en suis revenue accompagnée par la fuite du jour.


Comme j'avais entrepris ce matin une seconde contribution à la proposition 7 «l'arbre, la pierre & Gilles Clément» https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4952 (pas certaine de continuer) je reprends ici la première (l'ensemble https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article631 )

racines




La rangée de hauts platanes le long des remparts, entre la route qui tranche l'étendue herbue s'étalant le fleuve et un parking vide, se dresse, posée sur l'estrade de leurs grosses racines qui, depuis une centaine d'années, se sont superposées, emmêlées, ont été décapées de la terre, de la dernière peau de leur écorce, arasées, unifiées, sous l'effet du vent, des inondations, des pieds qui les foulent en se tordant un peu, jusqu'à prendre l'aspect d'une dure pierre blanche, presqu'un marbre, boursouflée comme un bas relief, ondulée puissamment comme sous le ciseau d'un sculpteur, et à leur lisière, faisant liaison avec le macadam, de plus jeunes racines, fines et noircies, posent des tresses. Les humains les piétinent, inconfortablement, et se donnent parfois la chance de s'arrêter, regarder, s'émerveiller ; l'arbre lui en jaillit et tend ses branches vers le ciel, son bleu, ses colères.


Le petit ourlet vert des herbes qui reviennent inlassablement entre les façades et les petites dalles blanches du trottoir, s'élève le long d'une maison abandonnée, se mue en plante qui monte à l'assaut de la fenêtre du rez-de-chaussée dont le bandeau laisse tomber, entre les barreaux, de petites branches feuillues qui semblent pousser par miracle et, un peu avant la chaussée, un groupe de fleurs jaunes explose entre des dalles disjointes.


Une pierre et un peu de terre, sous la terrasse portant, face à la plaine, au littoral, à la mer, trois amandiers et deux oliviers dont un, très vieux, tourmenté et beau, se tient presque au bord, avant le mur de soutènement en pierres sèches, brutes, beiges ou ocres, dont la surface irrégulière se frise de légères ombres – une pierre et un peu de terre tombées de ce mur – pierre étrangère, noble, blanche, presque rosée, régulière, portant encore, sur le parement qui devait ne pas être exposé au soleil et à la pluie, des traces de taillants... pourtant ce n'est pas refus – de ces pierres, récupérées sans doute, il y en a quelques autres, bien solidement à leurs places, dans le mur – mais expulsion et au dessus d'un renflement du soutènement, dans le trou ainsi créé, apparaît la courbe d'une grosse racine qui n'en pouvait plus d'être repliée, comprimée.

12 commentaires:

Arlette A a dit…

Admiration pour ton engagement patient et l'agilité de la pensée des enfants pugnaces

Brigetoun a dit…

enfin enthousiastes au début et très renaclants à la fin (sourire) et pourtant pour Pascal il n'y avait pas l'excuse de la prière !

Dominique Hasselmann a dit…

Ah vous revoici ! Difficile de couper certaines racines...

Bon retour tranquille !

Brigetoun a dit…

malheureusement il y a un bruit de condamnation de cette rangée de platanes (leurs frères proches ont déjà disparu - on rouspète ... on verra bien

jeandler a dit…

Bonne reprise. Que serions-nous sans nos habitudes ?

Godart a dit…

Un texte simple et puissant tel un arbre.

Claudine a dit…

c'est drôle comme les bras des arbres s'enfoncent pareillement dans le sol et le ciel

Brigetoun a dit…

Pierre, fallait pas que je prenne l'habitude de sortir sans appareil photo et de déserter les "réseaux sociaux"

Brigetoun a dit…

Godart, tout de même pas, mais sourire et Merci

Brigetoun a dit…

Claudine, oui le tronc n'est jamais qu'un lien entre nourriture et fruit ou feuille

Marie-Christine GRIMARD MAILLAND a dit…

Ah contente de vous lire à nouveau, le nez en l'air...

Brigetoun a dit…

euh je regarde aussi mes pieds pour les encourager...