Matin de lumière... matin où les nuages filaient dans le vent... matin où le vent s'il n'aurait pu décorner taureau ni même bœuf, s'il n'arrachait pas de fortes branches, pénétrait sous manteau, me bousculait aux carrefours, glaçait, dévitalisait le bout de mes doigts en peine de circulation correcte et, après une demi-heure de marche dans le plaisir des yeux m'a fait crâne flou, corps vertigineux et m'a poussée à un retour légèrement anticipé (en tout un peu plus de trois quart d'heure et non d'un quart d'heure comme l'avais écrit)
Ecoute de trois séances de la commission d'examen de la loi reprenant quelques propositions de la « convention citoyenne »... écoute du #4 de l'atelier Baudelaire de François Bon https://youtu.be/DuVpAOibips et son installation dans un coin soigneusement fermé de mon cerveau et, avant de rattraper mon retard dans la lecture des contributions aux deux ateliers du tiers.livre et notre texte à x mains sur les insurrections, reprise ici, avec petit remord pour sa presque indécence de ma contribution au #3 https://www.tierslivre.net/ateliers/category/bicentenaire-baudelaire/baudelaire-3/ « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau, juste une liste »
Une vie
Oh cette vie qui n'en finit pas – oh cette vie qui me pesait à douze ans, comme le veut cet âge, du moins souvent – oh cette vie dont je disais ne rien attendre et vers laquelle j'étais tendue...
Oh les livres qui m'accueillaient et m'embrassaient, m'englobaient face aux êtres qui m'intriguaient et me faisaient peur, les femmes dont je craignais le jugement, les garçons qui m'ennuyaient, ces hommes qui m'attiraient, les filles qui m'agaçaient ou m'étaient amies/ennemies, et cet avenir qui se dressait comme un mur sur lequel se fracasser...
Oh la longue dérive, la plongée dans la vase des occupations, du travail vendu, où s'engloutir, avec lesquelles se procurer de quoi s'évader dans la beauté, l'intelligence des autres pour réveiller la mienne, lorsque j'avais le temps même si me fallait oublier le sommeil...
Oh l'éblouissement inattendu d'une gentillesse, de la sagesse d'un méprisé, d'un rayon de lumière, d'une musique au cœur de la nuit pour accompagner dinette et lecture, assise sur un coin de tapis...
Oh le bonheur d'être terrassée, écrasée par la splendeur d'une œuvre humaine...
Oh le temps suspendu de l'hôpital, le rire intérieur en luttant avec l'obstination de la mule pour que ne cesse cette vie dédaignée, refusée...
Oh la jeunesse, les sourires lumineux ou doucement fatigués de notre merveilleux monde retrouvé...
Oh comme cette nouvelle vie, cette inespérée joie d'être se lasse, se fatigue, comme les ans rongent le corps.
Que serais-je devant ce vide que je crois désirer ? Une petite pierre détachée d'un ensemble, attendant en pensant avec sourires joyeux ou tendrement peinés à ces vies qui furent chaleur.
10 commentaires:
Si émouvant...
un très grand merci à vous Carol, pour votre passage et vos mots
Tout simplement beau, photo de la main et texte.
Godart, merci... mais pense nouveau à fermer paumée...pas d'acharnement
Bel hymne vital sur fond de ciel bleu et de théâtres bouches closes... :-)
Dominique, pas que les théâtres, les musé"es aussi (et ce sont eux qui affichent leur envie de revoir des gens, il est vrai que sur la photo, au Musée Lapidaire, c'est avec la représentation antique d'un masque de comédien)
Partir avec un sourire, cela s'est vu
Mais non, non, non
bis repetita
Un petit Gilels pour le voyage?
Gilels ou autre, Claudine, pourquoi pas... en choisissant l'oeuvre Mozart, Chosta, Schumann ou Brahms..
être vivant
vraiment vivant
c'est
être (encore) capable
de dire Oh !
...
que de vie ici !
oui tous même début et même fin... entre il y a des divergences (sourire)
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