Ciel blanc lumineux, passage au bleu clair, nuages revenus
lavage de cheveux, ménage, as usual... lutte avec carcasse qui semble mécontente d'engraisser un peu, lutte avec moral atone... me gendarmer parce que je vois avec un début de navrance s'accentuer le lent dépérissement de paumée, me rappeler qu'il existe juste pour maintenir mon esprit en marche peu ou prou, sans pouvoir me retenir que justement cela prouve que je pense peu et non prou... alors m'offrir un peu de nostalgie (d'autant que si je désire ardemment que le festival ait lieu, il ne sera maintenant, forces et finances, plus question de m'offrir que quelques spectacles au mieux) en répondant à la seconde proposition de l'atelier Baudelaire deFrançois Bon (s'appuyant sur «à une passante») - la proposition et les contributions https://www.tierslivre.net/ateliers/category/bicentenaire-baudelaire/baudelaire-2/ et de parcourir vite les festivals passés pour trouver une photo qui me convienne plus ou moins (avant d'écouter les deux dernières lectures de Proust par les comédiens du Français, puis de lire les autres contributeurs)
Les acteurs s'immobilisent, puis lentement se rangent face à nous et pendant que je chancelle un peu pour réintégrer ce monde, avant même qu'ils saluent, des huées s'élèvent. ils restent impassiblement stoïques. je me retourne vers vous comme vers un appui. Vous êtes arrivé juste au dernier moment, m'avez un peu bousculée, avez heurté mes pauvres pieds en marmonnant une excuse – bas pour ne pas rompre le recueillement qui venait –, vous m'avez agacée... Mais peu à peu, accompagnant mon attention, mon entrée dans ce spectacle, dans son classicisme apparent, son léger archaïsme ou plutôt son indifférence aux tons du jour, et à la découverte des profondeurs qu'il remuait doucement si l'on se laissait pénétrer, si on s'y absorbait assez pour plonger sous la carapace fragile comme elle nous y invitait, dans l'acceptation puis le plaisir de sa beauté pure, au risque du reproche d'esthétisme si prompt à fuser actuellement, j'ai senti que nos souffles se suspendaient ensemble. que nos réactions, silencieuses, presque épidermiques, jouaient avec ce qui était là devant nous, se retrouvant, se séparant parfois. Vous tournez les yeux. ils rencontrent mon regard paumé. sourient. se retournent vers les acteurs, pendant que vous marmonnez « les cons » et vous applaudissez juste au moment où je me lève résolument pour en faire autant, me retournant avec sourire d'excuse vers le rang derrière. j'y découvre une gueule hurlante mais aussi trois jeunes, un peu tétanisés peut-être par la violence de ces sifflets, qui maintenant se lèvent aussi et crient de plaisir. Voici que les gradins sont debout, quelques-uns pour – bousculant avec sourire ou agacement leurs voisins – sortir, la plus grande partie pour crier sa joie, par entraînement, par plaisir de sortir brusquement de notre long silence, les derniers pour la fierté de se sentir partie de la majorité. Nous applaudissons, muets, nous regardant, avec peut-être – mais veux espérer que non, que nous sommes « purs » – une légère touche de sentiment de supériorité dans notre réserve indulgente. Vous soufflez le nom de l'auteur. je réponds par celui d'un des acteurs secondaires qui en effet me semble avoir porté discrètement l'ensemble comme une rotule. je nous souhaite d'autres beaux moments. vous me demandez si je suis allée à Vedène voir X . et comme mon oui sonne neutre, vos yeux s'éteignent, l'accord s'étiole, au moment où votre voisin avec un petit sourire et une excuse inaudible tente de passer devant vous. Vous vous penchez pour me donner mon sac. vous avez trois mots d'adieu. je réduit mon corps. Vous me franchissez tous les deux, suivis par d'autres. j'attends que le gros de la foule s'écoule en vous suivant des yeux, un peu comme on regrette une rencontre qui n'a pas eu lieu.
6 commentaires:
Non paumée resiste et plaisir de lire encore ..Suis aussi en une certaine errance..et vide d'idées tant soi peu intéressantes Juste une attention aux gestes quotidiens qui nous révèlent
me faire un festival imaginaire ! là c'était je ne sais plus quel spectacle en 2017
ci-dessus, réponse à Dominique Hasselmann dont j'ai ensuite effacé patr maladresse le commentaire :
"Belle photo, une cour d'honneur (à préférer à la Légion), souvenirs des soirées ou nuits avignonnaises où "le Prince de la ville est un enfant"... :-)"
Arlette, je crois que nous qui ne sommes plus dans l'action obligée (e travail quoi) nous en sommes tous là surtout si pas de petits enfants
Petits enfants ..à l'autre bout du Var ..chacun ses occupations il reste les anniversaires..mais le confinement a tout gâché
Arlette oui, je vous plains
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