M'en suis allée vers trois heures, sous un bleu venté, en grande boucle – pour m'approcher de l'heure de sortie prévue – vers le teinturier, mes yeux cueillant la lumière
et, puisque nous n'avons pas accès aux salles de nos musées, ces endroits calmes et presque déserts, quelques œuvres d'art de la rue.
Avant, en rentrant d'écouter pour la première fois de ma vie, un peu déçue que ce soit aussi gentiment sage, « Just Like Haven » de The Cure parce que j'avais relu – longues phrases souples évoquant une jeunesse masculine qui, pour dater un gros peu, est nettement plus récente et assez différente de ma jeunesse féminine – « J'ai été Robert Smith » de Daniel Bourrion (la version papier, beau travail d'édition de Roxane Lecomte https://www.publie.net/livre/jai-ete-robert-smith-daniel-bourrion/) et que c'est un des titres que le livre cite (écouté une nuit de Noël en quittant pour cela la table familiale, mais dans le passage ci-dessous il s'agit de la nuit où il fut, brièvement, comme pouvait, Robert Smith)
« Un bref instant, ce sera un étourdissement de bruit et de projecteur et de sono lâchée, potentiomètres au maximum, et puis l’on verra les regards tournés vers celui qui vient de rentrer – c’était moi – détonnant parmi tous parce qu’ici, la normalité est dans le simple, le rude, les vêtements à peine différents de ceux qu’on porte en semaine et qui ne se distinguent de ces derniers que parce qu’ils sont neufs, brillants et pour les filles rappellent la fête (on porte les mêmes à la noce ou au Premier de l’An ou à toute occasion où il faut s’habiller et être beau et s’amuser et cette phrase n’a rien qui touche à une quelconque condescendance – je suis de ce monde-là et c’est le mien à tout jamais) et l’on aura l’impression que tout s’arrête et que tous les yeux convergent dans une seule direction – vers moi – mais ce ne sera qu’une illusion ou plutôt, ça ne durera qu’une seconde, le temps qu’une étiquette tombe et s’accroche à ma veste en me rejetant dans l’invisible où sont les fous et les idiots traditionnels de village : en voilà un totalement cintré. »
6 commentaires:
Parfois de beaux graffitis ..chemin faisant le nez au vent...
En ces temps de Covid-19, The Cure s'impose et s'injecte. :-)
Arlette, ça dépendait de l'orientation des rues et des foucades du petit vent, ça pouvait être le nez contre le vent
Dominique, ouille, sourire
Ma jeunesse, ici tiens ! Ma sœur enfermée dans sa chambre qui écoutait ça à plein tube et ça couvrait mes Brel & Brassens, ah que je m'en souviens. J'ai découvert plus tard que le monsieur au rouge-à-lèvres n'était pas un mauvais guitariste et j'ai filé le virus (#oups #jesors) à ma fille
Claudine c'est un virus qu'on peut filer impunément
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