Petite chaleur en blanc, bleu et surtout gris

Matin, la lumière était diffuse comme toujours à cette heure dans le trou qui me sert de cour mais présente, n'ai pas levé les cieux vers le ciel, ai attaqué après les rites habituels le tas de repassage, récemment lavé, sorti des housses, que m'étais fixée... ai tenu un peu plus d'une heure (2 robes, avec anxiété et lenteur prudente, trois chemises, deux pantalons, quatre tee-shirts et des serviettes)

derrière les volets entrebâillés sur la lumière très incertaine du milieu du jour, cuisine, déjeuner en reprenant, pour tenir l'actualité à distance, la correspondance d'André Gide, m'arrêtant comme illustration de la belle naïveté apparente et de l'appel indispensable à la conscience internationale, la lettre déposée par lui, en compagnie de Malraux, le 4 janvier 1934, au ministère de la Propagande à Berlin, à l'adresse et en l'absence de Goebbels (alors à Munich) pour demander la libération des trois communistes bulgares arrêtés, puis acquittés mais maintenus en prison après l'incendie du Reitchstag

Monsieur le Ministre,

A titre de délégués du comité Dimitrov, dont nous avons accepté le présidence, nous sommes venus aujourd'hui de Paris vous demander audience....

Le comité Dimitrov s'est constitué dans divers pays, à la suite du verdict de Leipzig, et repose sur le jugement même du tribunal d'Empire.

Nous n'avions accepté la mission de le représenter devant vous, nous tenons à le préciser, que bien assurés de ne représenter ainsi ni une nation, ni un parti politique. Le grand nombre de lettres reçues de tous pays par nos comités rend de jour en jour plus sensible le malaise que fait naître dans toute l'Europe l'attente de votre décision ; nous croyons devoir, en dehors de toute question politique, faire part des sentiments qu'expriment ces communications à l'autorité la plus qualifiée pour les connaître ; nous eussions souhaité pouvoir rapporter, à ceux qui nous délèguent, une réponse de vous relative aux décisions du Reich à l'égard de Dimitrov, Tanes et Popov, espérant qu'elle sera de nature à apaiser leur inquiétude angoissée.

…...

André Gide et André Malraux

Ayant recopié ceci -- me demande un peu pourquoi ce soir --, m'en suis allée marcher le long des remparts, jusqu'à la gare, en revenant par l'allée centrale... ou la rue street comme disent les marins, et comme ma foi ne savait par quoi accompagner ces images qui sont là, je garde la lettre qui est là.