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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juillet 07, 2021

Festival 2 – un pied dedans


Une journée qui serait à oublier, à cause de la pluie du matin, de la Météo qui affirmait retour des averses vers dix heures du soir, d'une idiote petite colère intérieure sans raison ni accroche, d'un coup de téléphone de M qui avait compris que notre rendez-vous était à dix heures... comme il était alors dix heures moins deux ou trois, persuader (ou le tenter) carcasse du fait que, contrairement à son avis, elle est à son meilleur, empoigner couffin, passer bretelles du sac sur l'épaule, prendre canne et s'en aller.. constatant que oui, le festival in avait commencé la veille, que oui le off se préparait (ouverture officielle le 7)

y puiser sourire même un peu figé, tracer chemin, arriver un peu avant dix heures et demie place Pie, attendre à deux notre tour dans une boutique internet (préposé désagréable juste ce qu'il fallait pour me tenir ferme) quelques mots sur le plaisir du petit concert privé de la veille... se quitter (un coup de téléphone plus tard : pas de conte pour lui mais le début du stage désiré) et en profiter comme prévu pour passer aux halles acheter quelques légumes, y ajouter moins raisonnablement un bout de cabillaud et un beau rouget


et revenir, carcasse se calmant un peu, cerveau fixé sur ma rancune envers le ciel... une longue bagarre avec mes photos (le Mac les avait bien effacées de l'appareil après les avoir enregistrées mais bizarrement installées au gré du hasard à des dates variées en 2020 et 2021, m'obligeant à aller à la pêche) amorçant une série de petits ennuis divers – près de deux heures de sommeil, réveil piteux, calmer poussée de tension avec musique, rester hors du monde et internet, dire aux voix du #3 de l'atelier du tiers livre de patienter en silence, please, lire l'interview de Tiago Rodriguez, futur président du festival et metteur en scène de la Cerisaie de Tchekhov (dans la traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan) dans cette fichue cour d'honneur tant désirée depuis deux ans (pas forcément les meilleurs souvenirs chaque année mais aussi nécessaire qu'un verre d'eau ou presque, et même dans une place modeste comme devait l'être la mienne)

« Nous nous connaissions depuis peu, mais une envie commune de travailler ensemble s’est nouée rapidement. Je cherchais à mettre en scène un texte existant, ce qui n’est pas ma pratique car le plus souvent j’écris mes pièces. Je lui ai parlé de Tchekhov, qu’elle n’avait à ma grande surprise jamais joué. Par la suite, nous avons continué à nourrir un dialogue autour du dramaturge russe. La Cerisaie est apparue comme l’œuvre la plus pertinente pour parler de notre époque, et la complexité du personnage de Lioubov convenait parfaitement à Isabelle Huppert. Lioubov Andréïevna Ranevskaïa est une héroïne tragique dans un drame comique. Comme les grands personnages tragiques, elle n’a plus «aucun espoir à espérer» alors que les autres personnages en sont encore nourris....etc... »

et à propos de la traduction « Nous avons travaillé à partir de la traduction de Françoise Morvan et André Markowicz, qui est une partition pour la scène. Elle est un rêve de jeu, une incarnation des mots de Tchekhov. Je suis fasciné par l’intimité qu’elle entretient avec la voix et le corps de l’acteur. Elle propose plus de liberté formelle aux comédiens qu’une traduction moins proche de l’idée d’acteur.. »

Contrairement à mon habitude ai lu les titres de Libération « à Avignon, la Cerisaie sans l'eau de vie », du Monde « au festival d'Avignon, Tiago Rodriguez présente une Cerisaie déroutante » (le déroutante me plaisait, ai ouvert l'article et ma foi l'idée du décor sans maison et cerisaie m'a plutôt séduite... je ne voulais pas m'en souvenir mais il me semble que celle mise en scène par Anatoli Evros – j'avoue que vient de vérifier le nom - en février 1987 à l'Odéon – pas vue celle de, Lavaudant en 2004 à Berthier – n'avait qu'un décor fort succint, et tout le reste de l'article, sur ce basculement d'époques, de mondes, renforçait mon envie d'y assister), de france info « Isabelle Huppert ouvre le festival d'Avignon dans une Cerisaie qui manque de sève » et j'ai eu envie d'aimer mais, zut, il y avait le Figaro et son « à Avignon, une Cerisaie minimaliste mais émouvante »...


Ai pris du Doliprane, préparé ceci, vérifié mes innombrables fautes de frappe et d'orthographe tout en me disant pas vraiment la peine en ce moment, enfilé une vieille (pour la pluie) robe aimée (pour la cour)... et dès mon arrivée devant les deux files qui serpentaient sur la place sous la pluie qui commençait à tomber mon appareil s'est coincée en position ouverte, ai bataillé avec lui, ai renoncé, sous un déluge qui m'imbibait, imbibait mon billet et mon attestation (et encombrée par l'appareil, ma veste, ma canne, je ne pouvais les ranger dans mon sac)... des attentes, des contrôles successifs de la foule avançant par lents à coups sous la pluie le long des deux rampes menant à la porte haute (pour les places de seconde catégorie en haut des gradins), me suis mal conduite, ai grillé une vingtaine de place et me suis trouvée quasiment à l'abri (mais ma robe collant comme un linceul froid) sous l'échafaudage si ce n'était quelques bonnes gouttes glacées... mon appareil s'est enfin réveillé mais les photos prises à travers l'objectif humide sont aussi misérables que nous l'étions, attendant avec une certaine impatience qu'ils décident d'annuler...


si ce n'est qu'après longue attente (ponctuée de défections) comme il y avait de longs moments secs avec de petits retours de pluie distraite, on a décidé de jouer. Epaules tremblantes, attention aiguisée, désir présent, ai tenté de rentrer dans le spectacle (grâce aux défections j'avais conquis le bout de rang à côté d'une charmante jeune femme qui voulait partager avec moi son grand sac plastique mais j'étais si superbement humide que ça n'en valait plus la peine)... Je trouvais le spectacle un peu gelé, Isabelle Huppert un peu outrée dans son rôle de fofolle (au début, et bien entendu en comprenais la raison) mais je faisais la part des choses et il y avait beaucoup de bon (mouvements, jeux d'acteurs, insolence des musiques) qui me retenait.... des départs ont commencé et comme à minuit je réalisais que je n'étais capable que d'une idée : j'ai froid, j'ai mal, ai entrepris de grimper, ma canne et mes jambes hésitant un peu, mal assurées sur les marches glissantes, pour sortir en dérangeant le moins de monde possible... et suis revenue, furieuse contre moi-même de cette lâcheté, bien incapable d'avoir quelque jugement que ce soit sur le spectacle, ai bouchonné mes pieds, me suis frictionnée, ai enfilé un pyjama et un cardigan, pondu ce truc à la va comme je te pousse en me disant de toute façons les lecteurs se font rares, bu un fond de verre de bourbon et m'en vais me consacrer au bout de dos de cabillaud poché, à l'écrasé de pommes de terre et au sommeil.


Deux photos de Christophe Raynaud de Lage piquées au site du festival.


9 commentaires:

mémoire du silence a dit…

Un parcours du combattant, et vilaine pluie.
Dommage après tant d'attente.
Huppert, j'aime l'actrice et la femme.

J'espère que votre corps ne souffrira point de toute cette humidité froide.

Dominique Hasselmann a dit…

La Cour d'honneur est un spectacle en soi : y accéder, même sous la pluie et au travers des gouttes ne saurait gâcher le plaisir d'y retrouver comme les voix définitives qui s'y sont exercées - et les metteurs en scène tous écrasés symboliquement par le lieu.

Le cabillaud arrosé de bourbon : sans doute une recette à reproduire ! :-)

Brigetoun a dit…

Maria pas grand chose à perdre carcasse de toutes façons

Brigetoun a dit…

Dominique là tout de même surtout en haut avec vent froid sur corps et vêtement trempé et voix qui parvenaient mal c'était un peu duraille... et puis très envie de fermer paumée (sauf pour vous et quelques uns et un peu pour moi mais je pourrais me faire un petit carnet perso)

Fredonnet a dit…

Non , non !
Ne fermez pas Paumée

Nous , aux Carmes ce fut annulé
Bonne journée
Et merci beaucoup

fbon a dit…

tristounet tout ça…

Brigetoun a dit…

Fredonnet pourtant aux Carmes il y a les galeries... souvenir d'une nuit où ça avait été annulé au palais et à la cour Saint Joseph mais pas aux Carmes (une foire assez joyeuse finalement, on s'arrêtait on allait sous les galeries, on revenait s'asseoir les fesses humides et ça recommençait (là mon spectacle des Carmes est annulé, le second et celui d'hier est complet)

il n'y a pas que la pluie mais un découragement antérieur... bon ça s'arrange ensuite

Brigetoun a dit…

François, mais bravo à ceux qui mieux équipés ont tenu et aux acteurs ! un eu honte mais vraiment étais hors d'état... heureusement que j'au beaucoup mois de billet cette année - là c'est4 heures dans une clim redoutable, sourire)
essaie de me retaper suis moulue

Brigetoun a dit…

tout de même plaisir de retrouver la cour, les nouveaux sièges plus confortables et un spectacle respectant le mur