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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 12, 2021

Festival 7 – Premier amour, Rosmerta, Lamenta


Du mal à me tirer du lit malgré le plaisir attendu du programme du jour – et puis, après dix heures carcasse moulue a oublié peu à peu ses courbatures dans les rues légèrement ventées, sous le profond et glorieux bleu du ciel, dans la ville vivante avec la retenue d'un dimanche,


en avançant jusqu'au Théâtre des Halles, en attendant en compagnie de gens courtois dans le jardin, en s'installant au deuxième rang (la numérotation, des places cette année m'ôte pour la première fois le privilège d'être au niveau du sol, contre la porte) de l'échafaudage en pente raide que sont les gradins de la toute petite chapelle, à côté d'un charmant jeune-homme, juste assez disposé à la tchatche pour lui éviter de s'endormir avant que le dernier spectateur soit entré, que la porte se ferme, que la lumière change et que Jean-Quentin Châtelain qui nous tournait le dos assis sur une chaise, s'anime dans une semi-lumière, et donne vie, sans musique (sauf, après le dernier mot, le chant de violoncelle que fait en tournant le vieux fauteuil de bureau qui est le seul meuble/décor) comme le voulaient Beckett et Jérôme Lindon, avec son timbre, son léger accent, sa présence... et sans avoir besoin à quoi que ce soit qui s'approche des gesticulations interdites par les deux même, à « Premier amour » de Beckett et la magie attendue a opéré, servie par le lieu, le texte, l'acteur... (dans la mise en scène, comme en 1999 de Jean-Michel Meyer).


Simplement, les assauts du sommeil repoussés par l'intérêt tendu mais aussi de discrètes crispations des jambes, des mains, du cou n'ont guère arrangé ces sacrée courbatures qui ne me quittent pas et laissant tomber presque tout ce qui s'approche du ménage sauf le strict nécessaire et la totalité du tas de repassage qui s'accroit, ai dormi longuement bercée de musique, ai lu et écouté, en évitant soigneusement de m'impliquer trop pour le moment, le #P4 au titre tentateur de l'atelier de François Bon, me suis tenue pour le reste presque totalement à l'écart d'internet (shame), ai parcouru quelques programmes de théâtre avec le détachement qui s'imposait.


Départ en fin d'après-midi par les rues aux masques toujours aussi rares vers Rosmerta, qui se vidait un peu d'une après-midi plus fréquentée, comme espéré, de la semaine dernière et où la râleuse a installé immédiatement son masque sur son poignet – zone privilégiée –



 Mamadou le jeune commence a faire sentir le résultat de l'unanime adulation et refuse de se nourrir – sa mère va avoir du mal avec lui, mais il est quand même toujours extrêmement tentant sous forme de rôti bien dense, grassouillet – Mamadou le grand veut toujours qu'on se rencontre et suis enfin arrivée à fixer un rendez-vous (pas certaine du tout que ça marche, velléitaire le garçon), des gosses s'amusaient entre un juke box humain et son public et peu à peu des "anciens" de Rosmerta sont arrivés (celui que j'ai vu le lendemain de sa naissance à l'hôpital commence à marcher) pour assister à la projection du documentaire qu'une jeune femme a tourné... très envie de rester mais aussi très envie d'assister au spectacle que j'avais sélectionné dans le in tout à côté dans « la Cour minérale » de l'Université (lieu qui s'est ajouté depuis deux ou trois festivals, où sont donnés des spectacles de danse peut-être un peu moins « haut d'affiche » et dans lequel j'ai déjà deux très bons souvenirs) à « Lamenta » de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero (chorégraphes), avec  Konstantinos Chairetis, Spyridon Christakis, Petrina Giannakou, Lamprini Gkolia, Christiana Kosiari, Athina Kyrousi, Dafni Stathatou, Alexandros Stavropoulos, Taxiarchis Vasilakos (danse) et (sous forme d'enregistrement) Magic Malik (flûte, voix), Nikos Filippidis (clarinette) et quatorze musiciens grecs sous la direction musicale de Xanthoula Dakovanou, spectacle qui m'avait attirée à cause du lieu, à cause du titre, attirance confortée, pour la méditerranéenne que suis même s'il ne s'agit pas dans ce cas des pleureuses, en lisant

« Des montagnes de l'Épire au Péloponnèse, les miroloi célèbrent l'absent. Quand la communauté est quittée par l'un de ses membres – décès, exil, ou simplement mariage – elle chante et danse lors de longues nuits de résilience. Marqués par la puissance de ces lamentations ancestrales qu'ils comparent à la musique blues, parce que ce rythme parle de la terre, des racines, de la nostalgie... Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero se sont laissé convaincre de l'importance de travailler les traditions au regard du monde contemporain. Quels sont les espaces et les moyens que nous avons dans nos sociétés pour surmonter la peine et le deuil ? En invitant au plateau neuf danseurs originaires de Grèce, les chorégraphes créent ainsi une micro-communauté pour vivre viscéralement les rémanences des héritages culturels et débuter un marathon de musique et de danse salutaire. « (...) extérioriser la tristesse, la frustration, la colère, le deuil, pour de nouveau s'intégrer dans la société ».

photo piquée parmi celles, prises par Christophe Raynaud de Lage, figurant sur le site du festival.



Mauvaise place, au centre et dans les hauts, mais voisine charmante qui me l'a fait oublier, non pas danses folkloriques mais danse sous forte influence, un peu hétéroclite peut-être, passant sans transition du grave à la fête violente, mais rythme, beauté etc.. j'étais ravie malgré les deux moments où je dodelinais presque (faiblesse résolument chassée) et le public sortait en souriant


retour dans le vie du festival joyeux sans frénésie, et rencontre des clameurs insensées en s'approchant de la place de l'horloge où chaque café ou restaurant avait installé un écran pour que leur spectateurs suive le match... des cris saluant la fin (fort contente en étais) sortaient du tabac en bas de chez moi.




6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Le foot étant devenu un pur spectacle, il serait utile que le nouveau directeur du festival prévoie un match l'année prochaine dans la Cour d'honneur (c'est quoi, les "nouvelles boiseries" qui la décorent ?), avec un but de chaque côté du terrain immense et Didier Deschamps, enfin consolé, comme metteur en scène ! :-)

Brigetoun a dit…

les journalistes devraient faire attention aux informations qu'on leur donne : Tiago Rodriguez n'est pas le nouveau directeur du festival mais le prochain, le festival 2022 sera encore signé Olivier Py
je pense que les nouvelles boiseries doivent être les nouveaux gradins, plus confortables, le leg de la direction Py à la Cour d'honneur (sièges en bois)

Claudine a dit…

Heureuse de vous voir bien affairée sous le soleil

mémoire du silence a dit…

Charmant jeune homme et voisine charmante, une consolation...:-)...

Brigetoun a dit…

Claudine heureusement que vous ne me voyez pas me sens fatiguée comme jamais et viens de voir une photo ! mes dernières illusions se sont effondrées (sourire)

Brigetoun a dit…

Maria, les théâtres sont une oasis peuplée de gens courtois, parce que la rue là est désinvolte un peu brutale et au mieux dédaigneuse pour les petites vieilles