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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, octobre 04, 2021

Fragments de Porto suite

foucades du vent

pots de plantes à terre

ciel en blanc mouvant


lavage de cheveux, petites occupations, sommeil et quasiment rien d'autre que mon entêtement à avancer dans les 56 mini tableaux de Porto, au delà du 22ème (l'orage venant faire trembler crâne las en suis restée au n°43... restent 13)

et donc, reprendre ici une nouvelle partie de la première salve :


8 – Une fin de matinée du printemps, le dos mince d'un homme en tee-shirt blanc assis sur un petit muret délimitant la promenade, rua do Ouro, il ne regarde pas le large développement du Douro, face à lui, la douce colline verte qui fait suite, jusqu'à la Reserva National et l'Atlantique, aux dernières maisons de Vila Nova de Gaia, ni les barques endormies qui disent, au moins aux promeneurs, la douceur de vivre, il courbe la tête et contemple ses pieds et les taches que fait sur eux la lumière traversant le feuillage de l'arbre voisin qui le baigne de son ombre, il attend que la rage, l'effet des deux verres de vin bus très vite en sortant du bureau aussi, se dissipe, il repousse de toute sa volonté la crainte de l'avenir, après cette algarade avec ce foutu petit chef imbécile qu'il a – mais il ne pouvais tout de même pas laisser passer cette décision stupide et encore moins l'ignorance méprisante opposée, comme toujours, à ses objections et conseils par ce bonhomme – non ne pas penser pour le moment, se calmer, attendre, un peu, pas trop pour qu'elle ne s'inquiète pas, se lever, saluer la beauté qui est là devant lui il le sait, y prendre sourire même crispé, marcher, croquer un grain d'anis, boire très vite un café chez Joaquim, dans la montée, en peaufinant une histoire pour elle, s'arrêter chez Iolanda pour prendre le paquet qu'elle a préparé – ne lui parler de rien surtout pour ne pas redonner force au sombre, enfin si, la remercier et lui demander ce qu'elle a choisi, qui sera forcément très bien, elle sait Iolanda, même si c'est surtout de lui qu'elle est l'amie, elle a adoptée Henriqueta, réveiller son amour et sa joie qui dormaient sous les ennuis, entrer, l'embrasser sa femme, lui demander d'excuser son retard sans perdre de temps pour l'expliquer parce que c'est cela l'essentiel, leur premier anniversaire de mariage. – 9 – Sur le seuil de la maison verte Cristiano, de « Seniors in Motion », l'un des responsables du centre de soins du quartier Campanhã, accueille d'un sourire Madame Costa, qui arbore aujourd'hui une robe, un peu trop courte et étroite pour son vieux corps osseux, d'un bleu mauve assorti à ses cheveux – Josefina est déjà arrivée, Maria, elle ne vous a pas attendue, elle est dans la piscine – un petit rire grelotant et – pas aujourd'hui, Monsieur João Martins – qu'ils sont beaux les poèmes qu'il a dit jeudi dernier, vous ne trouvez pas ? – – bien sûr Maria... et donc Monsieur Martins... ? – – et il est beau avec ça, enfin beau pour son âge, et puis il est si gentil, il prétend qu'il manque une actrice pour la pièce qu'ils répètent dans son atelier, et qu'il est certain que la dame, je ne sais plus comment elle s'appelle, sera ravie de me confier le rôle... sa voix se fait si basse qu'il doit se pencher jusqu'à son niveau pour entendre – je ne sais vraiment pas, j'ai bien peur de ne pas en être capable, mais il est si gentil... il sourit, il se retient de lui donner une petite tape d'encouragement, il s'efface en disant – dépêchez vous alors, ils vous attendent. 


– 10 – En marchant main dans la main, yeux grands ouverts, dans la rua de la Reboleira, ravis de marcher main dans la main, ravis aussi d'être là, et même lui qui détestait depuis toujours de céder aux endroits qu'il faut voir, qui ne craignait rien plus que de se sentir semblable aux touristes d'antan avalant avec conscience ce que leur indiquait leur Baedeker, trouvait de la saveur, une saveur de lune de miel (il souriait avec agacement attendri à ces mots) à cette situation, ils s'étaient arrêtés un moment, reculant un peu contre le mur d'une maison décorée d'un macaron, sous un balcon soutenu par des consoles de pierre, pour mieux goûter, face à eux, de l'autre côté de l'étroite rue, la façade aux pierres arrondies par l'âge, les deux portes cintrées, les fenêtres médiévales joliment découpées, les souples bandeaux de pierre, elle avait dit « tu as vu ? C'est un restaurant » et il s'était renseigné à l'hôtel, le patron lui avait dit que oui c'était un restaurant, assez bon, pas un des meilleurs de la ville mais pas loin, que oui la bâtisse était belle, et la salle en sous-sol très pittoresque, et puis qu'il y avait des chanteurs de fado, il avait grimacé un peu mais ses yeux à elle brillaient, que c'était assez cher aussi, mais finalement pas tant – oui ce n'était pas trop a-t-il répondu – et l'hôtelier avait téléphoné pour leur réserver une table. Elle lui avait fait admirer trois fois sa robe, il l'avait un peu dérangée comme il se devait, et ils étaient partis vers le restaurant dans les rues vivantes de la nuit. C'était bon et surprenant un peu, et les chanteurs étaient bien, le vin aussi, il était heureux et souriait à sa joliesse. Elle ne lui a avoué qu'en sortant que, bon le pudim caseiro c'était simple mais délicieux, elle n'aimait que les choses simples, mais qu'elle avait été un peu déçue par le poulpe, ça ne valait pas celui qu'elle avait mangé avec Jacques son premier mari à Amalfi, et puis vraiment la cave c'était trop humide ; alors en rentrant, un peu pour assurer son pas – même si, non, il n'avait pas vraiment trop bu, il était juste trop heureux –, un peu pour la réchauffer, il la serrait contre lui, tant qu'elle en trébuchait et a finalement protesté en riant, s'est dégagée, a pris sa main, et ils ont pressé le pas vers l'hôtel, mais vraiment c'était curieux ces chanteurs, ils donnaient presque plus envie de danser que de s'attrister tendrement . 


– 11 – Elle avait enfin, après avoir gardé quatre fois les enfants d'amis de ses parents, réuni assez d'argent, Catarina a demandé à son père l'autorisation d'aller le dépenser : il a ri, il a dit qu'elle était bien assez grande maintenant pour savoir ce qu'elle avait à faire sans le lui demander, et puis comme il savait que son professeur de math – il y tenait aux maths – était content d'elle, c'était un de ses amis, il a ajouté un billet de vingt euros, elle en a écarquillé les yeux au moment où il a ajouté que ce serait mieux, et certainement plus amusant, si elle sortait avec une amie, avec Maria la fille du docteur de Sousa par exemple ; alors les voilà toutes les deux rue Santa Catarina devant la Fnac, discutant de ce que Catarina peut obtenir avec cet argent quelle a, et Maria a plein d'idées (que bien entendu Catarina repousse silencieusement et résolument) en plus de ce tout petit short que Catarina lui envie, qui lui irait beaucoup mieux, dont elle demande ce que son père penserait. – 12 – Domingos et Alberto, bermuda rouge pour l'un, vert pour l'autre, et torse nus, sont debout, splendidement jeunes et bronzés, sur la rambarde de fer du ponte Luis 1, Nicaulo Vieitas, plus pleutre disent-ils, moins fou pense-t-il, simplement moins bon plongeur et puis il faut bien un guetteur, est resté sur le tablier du pont ; ils attendent ; Nicaulo annonce qu'un bateau approche, et juste au moment où le nez blanc émerge hors du pont, les garçons sautent. Sur le bateau certains crient, certains applaudissent, certains photographient, certains se souviennent de récits anciens de voyageurs en Egypte.

6 commentaires:

jeandler a dit…

Le vent, en foucades, agace et fouette les visages de la voyageuse.

Brigetoun a dit…

la voyageuse a fini bien enfermée en tremblant que l'eau et la foudre vienne la rejoindre

cjeanney a dit…

c’est beau, « c'était curieux ces chanteurs, ils donnaient presque plus envie de danser que de s'attrister tendrement »

Dominique Hasselmann a dit…

Porto allègrement... ;-)

Brigetoun a dit…

Christine, parfois les fados retrouvent un air de chanson populaire

Brigetoun a dit…

Dominique, en fait trouver 56 histoires c'est assez crevant... Paumée n'a pas fini de faire des tours à Porto (viens de reprendre là o j'avais abandonné dimanche soir, d'en écrire trois - ça me met à 45... restent 11, mais suis un rien migraineuse..