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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 06, 2021

Un coin de bleu en milieu de jour et encore et encore Porto

Contrairement aux prévisions il ne pleuvait pas quand m'en suis allée, matin, pour quelques courses basiques, sous les couches nuageuses.


Un des sites de météo annonçait un après-midi bleu avec nuages navigants, et à force de marcher les yeux en l'air, cherchant la fissure, j'ai cru en revenant à la petite promesse qui pointait devant moi, mais c'était un leurre et ce furent nuages et courtes averses...



Suis arrivée, passablement abrutie au 56ème tout petit texte sur Porto, ai mis en ligne ma troisième et dernière salve et, désolée, vais continuer pendant un bon moment à en poser des fragments ici


19 – Magali a eu un choc, même si bien entendu elle savait, ça fait partie du circuit des touristes et d'ailleurs elle avait hésité, pour cela, à « faire la Livaria Lello, vous savez cette librairie fabuleuse » comme ils disent, mais se refuser le plaisir d'une forêt de livres, même incompréhensibles, c'était au dessus de ses forces... vraiment malgré les photos qu'elle avait vu, inévitablement, elle a eu un choc, elle est restée un moment noyée dans le plaisir des boiseries, des alignements colorés de dos de livres, des cuirs, des couvertures violemment colorée des nouvelles parutions, des sculptures, de la double courbure de l'escalier comme des mains ouvertes et accueillantes, des tables, des lustres, les imaginant ou le tentant, un moment, débarrassés de la petite foule négligée qui circule, parle toutes les langues, des téléphones brandis pour photographier, repérant les vrais lecteurs, les vrais clients, avec une envie de les connaître, de leur parler, que bien entendu elle sait indigne et stupide, plaignant les vendeurs... elle a circulé, les hordes s'en allaient, elle a repéré dans un coin des couvertures de Gallimard et un vieil homme, un vendeur, s'est approché, lui a adressé la parole en français et maintenant, alors que la fermeture approche, ils parlent de tout, de rien ou plutôt de leurs préférences, passionnés, sérieux malgré le sourire dans leurs yeux qui dit que seul compte le plaisir de cette rencontre.


20 – sur le même banc que chaque jeudi, sous une des branches colossales se déployant presque à la base à partir du tronc énorme de cet arbre qu'elle devine pluri-centenaire, et dont, ignorante comme toujours, elle est bien incapable de dire le nom, Adriana, dans le cimetière d'Agramonte, est assise, regardant les tombes, toujours les mêmes, devenues familières, et parle en silence à son mari qui n'a d'autre tombe que l'océan. – 21 – à Campanhã, rue de Miraflor, l'épicier a fermé boutique pour aller déjeuner, mais les cageots de légumes et de fruits, recouverts pour le moment de torchons, restent posés sur le trottoir, débordant devant les maisons voisines et sur la chaussée devant les maisons qui leur font face, Lourenço en tricot de corps et short taché de peinture, fume une cigarette, appuyé au chambranle de sa porte, derrière un empilement d'oranges et attend le retour de son fils qui est en retard. – 22 – le jour s'est levé depuis une heure sur la ville encore engourdie, depuis le ciel ou depuis un ballon, son ange gardien achève sa veille, il voit près de la Marina do Freixo, un marin et un serveur de la compagnie Tomaz do Douro, discuter en haut de la coupée de leur bateau, attendant l'heure du service, il voit deux balayeurs boire un café accoudés au comptoir du bar à l'entrée de la station de métro Trinidad après leur travail, il voit les premiers tramways et bus à moitié pleins, les premiers clients des boulangerie, il voit les équipes de nettoyage quitter les bureaux, il voit l'éveil d'une ville comme de toutes les villes et je les laisse, lui et tous les visiteurs et habitants, parce qu'il est temps pour moi de le faire.


23 – En sortant de la Sé, Peter et Frances Adams, avant de descendre la calçada, s'avancent sur la terrasse pour regarder les toits de la ville, Peter se retourne, admire l'accord entre la grande croix baroque – il doit y avoir un autre nom mais il ne le connait pas et s'en moque bien – et la rude solennité de la cathédrale, abstraction faite du portail dix-huitième qui, lui, est incontestablement baroque, mais Frances ne lui laisse pas le temps de cette diversion et, les yeux fixés sur rien, le vague, dans la direction du fleuve, reprend la dispute interrompue en entrant dans l'église – 24 – Rua de Mota Pinto, au bas de la tour qu'il habite, Francisco, assis sur une bande de ciment, en bas du petit talus de gazon qui descend de la plateforme des immeubles vers le trottoir, la chaussée, l'autre trottoir..., regarde face à lui le trottoir, le talus, la tour d'en face, il attend, et comme il atteint l'âge de raison il commence à se douter que rien ne se passera, ne viendra, sauf le soir.

4 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Porto vous a inspirée... vous en buvez, des fois ? :-)

Brigetoun a dit…

moi qui ne buvais jamais d'alcool ou de vin à part des fonds de verre de champagne, j'y suis venue il y a une trentaine d'année par la saveur du porto (cadeaux répétés d'un petit entrepreneur, les seuls que j'étais obligée d'accepter, bouteille enveloppée mise dans la main sur les chantiers où il me dépannait - les donnais, ai fini par goûter et ma foi...)

Claudine a dit…

J'en ai bu à Porto même

Brigetoun a dit…

j'espère qu'il était extrêmement bon