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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, octobre 07, 2021

La lumière revenue


Matin en bagarre avec des robots et opérateurs pour récupérer ma boite mail, vacant entre deux contacts, rapidement, pour ne pas manquer une réponse, saluant avec envie d'aller marcher sous le bleu, et un retour de la messagerie à midi, au moment où sur messager un opérateur me disait qu'il n'y avait pas moyen de..


Sortir vers seize heures avec deux draps, un veston et une robe dans un sac, les yeux dans le frais et la joie de la lumière, me battre avec le sac, la canne et l'appareil

un petit vent frais

le retour du soleil froid

lumière bleue


écouté la première des trois propositions du nouvel atelier du tiers.livre... ne sais quand pourrais rattraper mon retard (plein de petites choses à voir/écouter à Avignon en ce moment.. le temps passé à me reprocher ma présence vraiment trop rare rue Pasteur et ma maladresse qui allonge toutes les durées) – mais comme il me reste 32 fragments de vie de Porto, je vais continuer, désolée, suis entêtée, à en poser ici.


25 – A l'arrière d'une ambulance qui roule paisiblement rua de Vale Formoso, Ana tente de plaisanter, de faire admettre qu'elle n'a rien, que ce n'est pas grave, qu'elle veut juste rentrer chez elle, qu'elle a un tas de trucs à faire ; l'ambulancier – il n'est pas beau, il est trop vieux, et trop gros, il doit se laisser aller, mais bon il a un sourire chaud – lui répond en se moquant un peu d'elle, dit quelle est jeune et forte, que c'est vrai, ça se voit, lui demande ce qu'elle peut bien avoir à faire de si important, et ce satané Jorge, son fils, cette brute imbécile, ricane et répond « rien, elle ne fait jamais rien » ; elle se rallonge, se recroqueville comme si elle avait peur, l'ambulancier pose sa main sur son bras, regarde Jorge, elle jubile, mais cela ne dure pas, Jorge montre un papier tiré de la chemise de carton qu'il tient sur ses genoux, il chuchote quelque chose, tout le monde se tait ; elle se met à chanter. – 26 – Accoudée à la balustrade rouillée de son balcon, la vieille Sra Fonseca regarde sa petite fille sur le trottoir d'en face – ses cuisses et gros mollets bien moulés dans un legging gris (la vieille se délecte de sa connaissance du mot, faute d'apprécier vraiment la chose, mais bon ce n'est pas grave), volontairement, certainement volontairement, fendu sur le genou droit, bracelet de cuir et baskets rouges, une inscription blanche qu'elle ne comprend pas sur le large tee-shirt noir, – qui, en marchant, tourne la tête vers le miroir remplaçant la vitrine d'une boutique abandonnée pour admirer l'effet de ses longs cheveux violets ; elle imagine l'épais cerne de fard autour des yeux et les ongles peints en noir (ou en violet?) et laisse monter dans son sourire toute la tendresse qu'elle va devoir dissimuler dans quelques minutes. 



27 – Nélia choisit sur l'étendage une nappe à carreaux mauves et blancs qu'elle juge sèche ou à peu près, la décroche, dégarnit un peu plus la masse multicolore qui se déverse de son balcon presque jusqu'à toucher la tête des passants (surtout s'ils sont touristes nordiques) en enlevant, pliant une combinaison de fin coton bleu pâle à fleurs noires et se penche pour bien étaler, devant une serviette de bain blanche et orange, un chemisier en dentelle rouge sombre, se penche encore d'avantage, hèle son fainéant de mari attablé avec ses amis, devant le bar, juste sous elle, le traite d'un mot malsonnant ; Miguel rit et tape sur l'épaule de l'apostrophé en lui disant « tu vois comme elle te traite », à quoi elle répond « ce n'est pas vrai peut-être ? », ce qui déclenche des rires approbateurs, et ajoute « c'est l'heure, tu n'oublies pas que tu as ta fille à... » « aller chercher, oui j'y vais ». Quand il est parti, au moment où elle va rentrer dans l'appartement, Gonçalo, sa tête renversée en arrière, sans forcer la voix, lui envoie : « hé ma fille, tu ne devrais pas lui parler comme ça, tu lui fait honte devant les autres » « bah ! devant vous il aime ça, c'est un jeu... je le respecte tu sais bien ». – 28 – Sur le tablier le plus bas du Ponte Luis 1, quatre gamins croisent des touristes, une famille, deux jeunes hommes portant des appareils photo impressionnants, à très grand nez comme dit Martim, ils pressent le pas tout en regardant, ne peuvent faire autrement, le fleuve, pressés d'arriver au rendez-vous avec leur professeur d'histoire pour une visite au Musée da Cidade, sauf Vicente qui, quelques pas devant les autres, avance les yeux levés, fasciné par les deux énormes piles qui portent la savante construction de métal. 


29 – Boutiques, bars et restaurants sont fermés en cette fin d'après-midi dominical sur le Cais de Ribera, mais dans sa toute petite boutique à côté d'un passage vouté, Julio Veloso s'est réfugié, fuyant les discours pontifiants de son beau-frère, les réactions des femmes, les phrases acerbes de l'ainé de ses neveux – cheveux longs et idées de gauche comme le dit avec mépris son père – le débat politique qui s'est engagé rituellement à la fin du déjeuner dominical, faute de pouvoir somnoler benoîtement, malgré tout, comme son beau-père – Maria veillait et a saisi la pipe au moment où les lèvres la laissaient tomber – et se refusant à accompagner ce cher idiot de João qui a embarqué dans sa voiture la partie la plus tonique de la marmaille pour une longue promenade ; il a sorti du tiroir fermé un cahier, qu'il a posé sur son comptoir, s'est relu un peu pour retrouver son univers et, dos aux rangées de bouteilles d'huile, face à la grille qui laisse passer la lumière déclinante du jour – il vient de s'en apercevoir, il attend encore un moment avant de se décider à partir ou à allumer le globe qui dénoncera sa présence – lentement, en bataille silencieuse, il écrit des poèmes (trois seulement à vrai dire, il n'est pas arrivé à chasser complètement la petite rage qui tout à l'heure l'a poussé à partir) – 30 – Le soleil de quinze heures frappe rudement les dalles du Cais de Estiva, suivant ou trainant leurs ombres des passants se croisent avec la nonchalance d'un jour de repos, une famille se dirige, yeux éblouis par le fleuve, vers la station de bateaux-taxis... longues coques sombres dont la proue et la poupe relevées sont peintes en jaune, mâts portant une guirlande de petits fanions.

8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Belle balade sur le port tôt... (mais ces figures de zombies, non merci)... :-)

Brigetoun a dit…

désolée pour les figures de zombies... un peu celles que l'on a aux yeux d'autres passants distraits (surtout n'y peux rien)

mémoire du silence a dit…

Ô ! sous la lumière bleue
le nez dans le vent frais
poursuivre vers Porto
et le jaune de la poupe

merci

Brigetoun a dit…

elle es de nouveau là et vais essayer d'aller la voir (e d'aller à la banque accessoirement) dès que mes nerfs qui réagissent par tremblement à un pépin informatique où il suffit d'attendre se seront calmés un peu (ne vieillissez pas amie) et merci pour ce joli poème

cheanney a dit…

j’aime beaucoup « le soleil de quinze beures » et tous ces tissus multicolores sur la tête des passants nordiques :-)))

Brigetoun a dit…

la vie du sud même pauvre et dur

Claudine a dit…

Au Sud il y a le soleil en hiver et les couleurs gaies dans les rues

Brigetoun a dit…

Claudine il. y avait beaucoup de gris, de noir et de pluie depuis plusieurs jours !