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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, janvier 23, 2022

Quelques mots et images pour un jour et un film pour une heure


Un peu avant neuf heures et demi, m'en suis allée dans l'air bleu ou restait quelques rafales vers Rosmerta


pour une matinée de remue-méninges de bénévoles et habitants afin d'explorer les pistes de survie de Rosmerta et d'abord ce que devrait être le Rosmerta qui ne serait plus un squat, puis une heure de battement déjeuner (pour certains dont moi dans la douceur relative du soleil frappant le mur de la cour) un peu moins de trois heures de projets à partir des plans en trois groupes et des grandes lignes qui en sortaient à soumettre à une architecte. Dispersion sans précipitation, une attente d'un peu plus d'un quart d'heure l'arrivée ponctuelle de mon élève maçon, pas tout à fait deux heures pour écrire un texte (que j'ai tenté de ne pas dicter à partir de ses idées), pour en commenter un autre, apprendre à conjuguer l'imparfait, etc...


et un retour d'autant plus chancelant que j'avais eu la sottise de fumer quatre bouffées de cigare...

Une envie de regarder sur You Tube des vieux films de Buster Keaton que connais déjà, reprends ma piteuse contribution au #1 de l'atelier « écrire film » de François Bon (en gros écrire ce qui serait le film évoquant une heure de vie) contribrton, que je n'aime pas (mais tant pis j'assume) parce que, ne sais pourquoi, un souvenir assez désagréable a émergé d'un coin de mon cerveau et refusé de céder la place et que, d'aute part, si j'en juge par les vingt contributions que j'ai lu (honte à moi, il y en a bien davantage) et pour la plupart apprécié et admiré, j'avais mal compris la consigne.


Sète – retour de Tamentfoust ou La Pérouse

Un quai au soleil du matin, la caméra zoome sur un cargo, coque rouge et noire, superstructures blanches, trois mats de charge et au centre une cheminée, rouge à bandeau noire avec un grand S peint en blanc / depuis le pont on approche d'un hublot, jusqu'à distinguer une nuque et une tresse sur la droite et, plus loin, au centre, en partie caché par la nuque, un visage d'homme assez large – vitre franchie, la nuque jeune, un débardeur, des épaules bronzées un peu grasses, sans doute une très jeune femme, immobile, une table la séparant de l'homme, deux tasses et des assiettes blanches, des brocs de métal, les restes d'un petit-déjeuner, l'homme parle (texte improvisé en partie couvert par des bruits divers) pour conseiller de lire moins, visage déformé pour montrer la tristesse, parle de sa fille – la caméra le quitte pour errer sur les parois de ce qui est un carré, s'attache un moment à une photo de bateau, continue vers un placard sur lequel sont posés, derrière une barrière anti-roulis quelques bouteilles, comme pour suivre les yeux de la jeune fille qui n'ose répondre ni le regarder, gênée –, du suicide de sa fille donc, provoqué par la fréquentation trop assidue des philosophes... les bruits s'intensifient, bruits de voix, bruits du déchargement, de la cargaison, appels, heurts, moteurs, on cogne à la porte, son audible mais qui semble faible dans le bruit ambiant, la jeune femme recule un peu sa chaise, l'homme se retourne vers la porte derrière à lui, à gauche, dit : « entrez » - la porte s'entrouvre, passe un tête, une main enlevant une casquette, un jeune homme – « Commandant, le taxi est là » , la femme de dos se lève, va commencer une phrase mais le commandant la coupe « faites un bon voyage, heureux de vous avoir eu à bord... mais n'oubliez pas » elle avance, tend la main « je vous remercie, je n'oublierai certainement pas cette traversée et votre gentillesse », elle le dépasse, dans le dos de l'homme assis elle échange un sourire avec le jeune second, légèrement complice peut-être, rapidement effacé par la honte, elle sort en trébuchant un peu, la porte se referme. / à partir de ce moment et jusqu'à la fin, sous les sons ambiants ou en leur abence, musique : petites notes égrenées (un peu la musique que l'on jouait au piano sur les images d'un film muet) / sur le pont, la jeune femme (très jeune, semble presque encore adolescente... pantalon vert-kaki en toile, une veste de même tissu posée sur le débardeur) sort par une porte suivie d'un homme en bleu portant une valise, qu'il pose à côté de la passerelle, elle avance la main comme pour une poignée, se ravise, penche légèrement la tête, le remercie, adresse un sourire général en tournant un peu la tête vers d'éventuelles présences / une main pour la poignée de la valise, une main, qui ne se veut pas trop cramponnée, posée sur la corde qui sert de garde-fou à la passerelle, elle fait les quelques pas qui la séparent du quai... très vide, le quai-esplanade, juste deux camions et des corps qui s'affairent sur le quai comme sur le pont à décharger des caisses, ballots, etc... (pas le temps des containers)... un sifflet presque distrait, pour la forme, elle ne s'arrête pas.. / depuis l'intérieur du taxi on la voit poser sa valise, monter pendant que la voix du chauffeur demande : « la gare ? » et qu'elle répond « oui » / l'intérieur du taxi, nuque du chauffeur : deux plis rouges de soleil, crâne rasé, casquette de joueur de pétanque / vue sur profil de la jeune femme devant la fenêtre gauche arrière par laquelle on aperçoit un bâtiment à façade néo-classique avec des affiches qui est sans doute un théâtre, quelques passants tranquilles assez rares en ce milieu de matinée, et puis un bureau de tabac/marchand de journaux devant lequel deux femmes avec panier roulant discutent, une brasserie... la caméra sort de la voiture, traverse un très large canal – des petites barques ou vedettes en épi, des voiliers un peu plus loin, un chalutier – puis revient sur la nuque du chauffeur et, au delà, sur une esplanade au fond de laquelle, longue et basse, la gare / hall de la gare, des groupes immobiles avec ou sans valise à terre, des gens qui marchent, la jeune femme devant un guichet demande un billet de deuxième classe pour Toulon, puis traverse les groupes vers une série de cabines téléphoniques / kiosque, elle passe devant des journaux portant la date du 24 août 1964, prend un petit paquet de pastilles Vichy, le tend en demandant un paquet de Gauloises à la vendeuse qui la sert, insère le prix dans sa conversation avec une vieille femme, encaisse tout en riant à une remarque de cette dernière / devant le panneau de départ des trains la jeune-femme ouvre le paquet de cigarettes, en allume une en levant les yeux / sur un quai elle termine sa cigarette, la jette, monte dans le train de Marseille.

7 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

La gare de Sète ressemble à une ancienne gare (ce qui devient rare), on ne prend donc pas le train avec un billet d'avion... :-)

Brigetoun a dit…

fadrait vérifier mas je ne crois pas que Sète est un aéroport - e tout cas Sète Toulon en avion ça aurait été long en 1964 et moins aisé qu'en train même avec un changement à Marseille (pour Toulon on atterrit à Hyères et il faut encore trouver un car)

Godart a dit…

Vient de vous lire et reprend peu à peu souffle. Mais pas de doute, on vous retrouve bien au gré des différentes lectures. Pour Séte, pas d'aéroport, Montpellier y est trop près.

Brigetoun a dit…

exactement et même si des aéroports avaient existé personne à l'époque n'aurait envisagé de prendre l'avion entre. Sète et Toulon...

arlette a dit…

L'imagination et l'écriture font le reste ...comme un fragment de rêve

Brigetoun a dit…

ou habillent et réinventent ds souvenirs

Claudine a dit…

j'espère que la jeune femme continue à lire ! Dommage que le film s'arrête devant le train