Le ciel bleu du matin s'est peuplé, sous petit vent, de bénins gros nuages blancs, qui se sont unis en plaque grise, le vent est tombé et la pluie aussi. M'en suis allée sous un petit crachin presqu'imperceptible, ai racheté des tous petits cigares (pas d'autres) à la Civette.
ai eu tentation, pour faire bouger mes jambes, d'aller au petit palais voir des cieux d'or et puis peu à peu gagnés par du bleu aux jolis nuages...
mais la flemme a été plus forte, suis redescendue, me suis fait du thé noir, ai fait mes dernières compressions de livres qui ne méritaient pas ce traitement pour l'atelier du tiers livre de François Bon,
ai lu en souriant le « soudain le 13 février » de Christine Jeanney (le PDF est à trouver sur https://christinejeanney.net/spip.php?article1808 )
« les suricates adultes doivent apprendre à leurs petits à chasser les scorpions, ce qui est très dangereux, ils tranchent les dards des scorpions qu'ils ramènent aux plus jeunes, les suricates sont pédagogues, C'EST UN FAIT » et les majuscules sont vertes même si vous ne le voyez pas.
Et je recopie ma contribution au #4 de la série « écrire film » de l'atelier :
Virer
Il était ces épaules gonflées, il était ces mains agrippées, ces mains poussant, il était ces jambes tendues, ces jambes crispées par l'effort. Il était ces épaules gonflées, cet effort tournant, il était cet élan, ces yeux rivés sur le dos qui tournait devant lui. Il était ces épaules gonflées, cet effort, mais il était surtout à ce moment cette tête redressée pour envoyer le chant. Il était ces mains poussant l'anspect, il était les jambes crispées dans l'effort, il était ce chant qui les emmenait, et il les sentait qui poussaient derrière lui, et il sentait ceux qui l'entrainaient devant lui. Il était ces épaules gonflées, ces bras, ces jambes dans l'effort, il était tout dans l'effort, les yeux sur le dos qui le précédait. Ils hurlaient tous le refrain, et il reprenait souffle. Il était cet effort mis au service du cabestan et maintenant il chassait un peu des pieds, il redressait le cou sur les épaules gonflées par l'effort. Il était ces muscles dans l'effort et il relevait la tête pour relancer le chant, il était celui qui donnait élan aux jambes et bras, et front et muscles des autres. Il était ces épaules gonflées, ces bras poussant l'anspect, il était ces jambes poussant son corps, poussant ses bras, poussant l'anspect. Il était ses épaules poussant, il était son effort, il était la force des autres. Le vent s'annonçait bon et ils poussaient. La chaîne chantait fort en remontant et ils soufflaient « vire vire ». Il était ces épaules, il ne pensait plus, il poussait, ils s'en allaient. Il relevait la tête. Déjà il chantait : « la campagne a été longue vire, vire, vire, la morue et le flétan, vire vire au cabestan ». Il avançait le front, ils reprenaient « vire vire au cabestan » tapant bien fort sur les syllabes comme ils donnaient des coups de reins. Les derniers anneaux ont couru sur le pont. Le maître a bloqué le cabestan. Un ordre a été crié.
12 commentaires:
Le crachin n'est donc pas réservé à la Bretagne... ! ;-)
il s'est trompé de direction (j'espère qu'il est parti ce matin... un peu plus d'une heure et demi de marche)
Il est là ce matin incongru mais attendu tout est si sec avec le vent
moi j'espère bien que non parce que canne et parapluie c'est pas possible
Le monde déboussolé : nous avons eu plein soleil mais avec un vent frisquet.
si j'en crois la radio vous devriez avoir la pluie... bon je m'en vais dans l'humide
la pluie intensifie les couleurs de la pierre
aime vos photos de traces sur la pierre,
de galets mouillés, La Pietà bien sûr
et le carré n°7
Me suis récité à haute voix ce magnifique texte
Merci,... c'était rien le crachin - là près de deux heures (coupées par deux petites pauses au sec) sous pluie battante sans parapluie because canne
Oh meci pour le texte !
Un pin noir dans le ciel gris et la piéta dans le crachin valent bien les cieux d'or du petit palais.
Et quel beau virement ! (est-ce là, ce "Virer" le 4 de la série "écrire film"?)
aujourd'hui notre ciel était bien pire (et oui c'est le #4 de l'atelier)
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