un dimanche en blanc
un dimanche immobile
et d'esprit absent...
mais en ce lundi venteux
retrouver le cours des jours
de la lumière, des rafales un rien bousculantes, et du chemin vers jeunes amis et sages amies
et comme le retour fut plus précoce que d'ordinaire (demain nous déménageons la salle de classe)... marchant d'un pas presque guilleret, envie de revenir vers Paumée... mais sans grand chose qui vaille d'être dit.. alors reprendre aussi de l'atelier (alors que après avoir dit que non je commence ma contribution à la proposition de cette semaine) au 4 d' « écrire film » de François Bon qui en fait à consisté à noter quelques moments de ma journée du 24 janvier (avec une photo prise... les autres images mises en mots je m'étais servi uniquement de mes yeux pour les capter)
Minuscules épiphanies d'un jour ordinaire
Dans un coin à l'abri du vent le visage relevé. Les larmes de froid des yeux sèchent. Sur le mur mangé de soleil de l'autre côté de la rue la danse de l'ombre des lauriers qui se balancent sous les risées.
L'affirmation à l'angle d'une rue qui s'ouvre en biais de sept hautes souches en poterie rouge alignées et dressées contre la plaque d'un bleu ardent du ciel au dessus de deux sages façades néo-classiques aux pierres blanches sobrement sculptées que baigne en partie l'ombre. Elles sont de même taille mais leur espacement est juste assez irrégulier pour que naisse un petit rythme que reprennent les pilastres d'une des maisons et les trois rangées de fenêtres de l'autre.
Un mur aveugle. De fausses arcades en mince décor plaqué pensées pour l'animer. Seule compte en ce moment l'autorité de l'ombre de la haute maison Renaissance de l'autre côté de la petite place. Diagonale éphémère et autoritaire d'ocre sombre sur la pâleur beige du crépi. De la haute cheminée une ombre verticale vient se poser pour mettre un point final juste avant l'ouverture de la ruelle.
Angle de rues. Deux façades en fuite comme un éperon contre le ciel de saphir dur. Deux corniches sobres de pierres ocrées usées et grumeleuses mais sans fissure jetées en avant. La sous-face en pierres lisses comme celles de la façade au décor qui n'a été qu'esquissé est soutenue par des corbeaux de pierre. Leur extrémité qui pend légèrement frappée pas le soleil. La diagonale d'ombre pétrie de lumière sur leur longueur. L'ombre longue qui suit les trois petits ressauts au dessus de la chute la verticale des murs et la danse rythmée de leurs ombres sur eux avant de rejoindre la façade.
Cette gigantesque corbeille en forme de calice que dessinent les branches d'un platane et leur infime vibration dans le ciel.
Jaillissement de deux cyprès que le contre-jour maquille d'un noir vibrant. Leur assaut parallèle en contre-point des ressauts ornés de la tour-clocher est perturbé par le balancement de la squelettique branche égarée d'un micocoulier en partie masqué.
Dans la pénombre de la chambre dont la lumière est tamisée par un drap tendu devant la fenêtre les petites tresses serrées qui est tout ce qui émerge de la jeune ivoirienne pelotonnée sous sa couette. La tête se soulève au bruit et se tourne avec un sourire palot et un merci au bruit de la porte qui s'ouvre. Un bras se tend vers mon bras tendu et le cachet de Doliprane. Grognement satisfait pour saluer l'annonce du passage de l'amie chargée des soins.
Un minuscule petit être potelé crie de joie en jouant au foot avec deux grands corps dans la cour. Seules présences visibles à cette heure.
Le soleil qui amorce sa descente frappe une façade de l'autre côté de la rue élargie. Les sages alignements de sept paires de volets bleus sur trois niveaux rutilent au soleil comme un chant glorieux et teintent d'une profonde ombre bleue les quelques fenêtres ouvertes.
Dans la courbe tendue de la longue rue étroite, l'alignement des profils de deux frontons d'églises. Le plus haut est une entaille presque ridiculement mince dans le ciel dur qui jette ses forces de lumière juste avant de prendre le virage vers la nuit. Au dessus de la corniche qui surmonte le mur dressé vers le ciel avant de tracer le triomphal triangle s'alignent treize ou quatorze pigeons, troupe en blanc en gris ou en bleu pétrole. Le soleil creuse d'ombres la moindre des sculptures de la façade frémissante. L'attente se fige d'une désertion ou d'un envol groupé à grands battements d'ailes. Ils guettent.
Sur la grande place les extrémités des noires branches nues se dorent dans les derniers rayons. Se parent d'une promesse, de l'illusion de la naissance là haut de bourgeons ou d'une promesse de retour de la vie.
17 commentaires:
Quel plaisir: ouvrir "Paumée" en espérant un retour, & le découvrir! Les épiphanies ne valent que d'être ordinaires...
Merci!
Beau retour, tout va bien ! ;-)
merci Unknown
merci Dominique (nous décidons que tout va bien, nous nous en persuadons)
Ravie ta phrase "l'envie de retrouver paumee"
Plaisir de retrouver tes phrases-images
merci Arlette
Joie bleue
d'un retour lumineux
"Cette gigantesque corbeille en forme de calice que dessinent les branches d'un platane et leur infime vibration dans le ciel."
merci
merci Anna
Remettre ses pas dans ses pas.
cela fait tout de même (avec quelques merveilleuses - ou non - exceptions) la base de la vie surtout à partir d'un certain âge
Beau retour oui !
"L'attente se fige d'une désertion ou d'un envol groupé à grands battements d'ailes" :-)))
ah vous aimez le foot ! j'ai bien ri
euh non ! mais j'aime les voir jouer mes jeunes amis
Paumée entre les mots et les images.
Entre deux manières d'être, deux façons de vivre. D'abord la promenade entre plaisir des mots et des images, sautant des unes aux autres, levant les yeux, y revenant, survolant l'espace, prenant le temps. Il y a aussi la seconde manière, avec aujourd'hui une charnière entre les deux : "les autres images mises en mots je m'étais servi uniquement de mes yeux pour les capter", paradoxe qui explique la cuisine entre les deux façons de vivre, intérieur et extérieur, regard et écriture. Une fois à l'intérieur, le temps et l'espace déployés presque sans limites, se retrouve Paumée.
quel magnifique commentaire René ! je le sens un peu Monsieur Jourdain face à son maître de philosophie là
Christine merci pour ton gentil passage (que Blogger m'avait caché)
J'apprécie votre humour toujours très subtil, Brigetoun !
merci, sourire
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