Jour 12 - guinguette de Rosmerta et un Marivaux en créole

J'avais prévu d'aller à 11 heures au jardin de Mons écouter enfin dans cette ambiance que j'aime une des lectures d'écrivains francophones (et généralement africains) mais au moment de partir une sacrée petite douleur lancinante s'est réveillée, ai abandonné, cuisiné, déjeuné, me suis enfoncée dans une lourde sieste, ai de nouveau tenté de supprimer la dire douleur sans vraiment y arriver mais, résolument, enfilé la vieille robe chemise de coton bleu qui est en gros un jour sur deux ma grande ressource (aimable à enfiler sur mon bidule et légère) 

et m'en suis allée, vers seize heures ,répétant intérieurement suis jeune et en pleine forme, ce qu'une certaine solidité chaude de l'air mettait un rien à mal, vers la dernière des guinguettes de Rosmerta.. tout de suite ragaillardie au moins moralement par l'amitié

Le programme prévoyait à dix sept heures « Ne touchez pas à l'interrupteur"
Lecture spectacle par Jean Pierre Brouillaud et Pierre Blumberg » https://www.florineclap.com/single-post/tournage-ne-touchez-pas-%C3%A0-l-interrupteur qui est arrivée à retenir mon attention (sauf le temps d'un petit salut aux jeunes qui prenaient le frais dans l'autre cour ou préparaient le jus de gingembre et les petits sandwichs pour la soirée, les autres baguenaudant dans la ville ou se reposant ici ou là – et le temps de l'aimable visite d'une internaute, à laquelle ne savais trop que conseiller et à laquelle, faute d'être capable de combiner un rendez-vous qui nous convienne, j'avais indiqué que je serais sans doute là, visite un peu insatisfaisante j'en suis navrée faute de sièges libres à distance assez éloignée des lecteurs pour pouvoir échanger sans gêner)

Les visiteurs se sont nettement multipliés à dix-huit heures en même temps qu'intervenait la chorale sauvage (vieilles chansons classiques françaises) et son entrain... ai bu un verre de bissap délicieux, un de gingembre non moins agréable mais que j'ai jeté réalisant qu'il m'était parfaitement non recommandable, acheté un tiré de compte-rendus d'audiences de personnes sans papiers devant le juge des libertés, en pensant en recopier des passages, ce que ferais peut-être un autre jour, passé un bon quart d'heure dans le calme de l'autre cour confortablement assise au cœur du farniente,

et comme malgré la petite inquiétude sourde l'ambiance de Rosmerta m'avait boostée, comme je ne pouvais servir à rien, m'en suis allée, un peu trop tôt pour ne pas commencer à écouter le quintet des Balkans et en dérivant donc un peu du chemin logique, 

vers la Chapelle du Verbe Incarné où j'aime faire un tour à chaque festival et dont j'avais repéré (fortement encouragée par un des acteurs) : « Kan l'amour èk lo azar i zoué avek » d'après Marivaux, texte créole (curieusement connaissant tout de même passablement la pièce originale je n'avais pas besoin des sous-titres et savourais le Papa incongru à nos oreilles chaque fois qu'il s'agissait de parler respectueusement d'Orgon et de fort jolies sonorités) traduit et mise en scène par Lolita Tergemina, fort bien jouée (sans recherche du second degré mais avec une jolie verdeur de la partie valet_servante) par la Compagnie Sakidi de La Réunion. https://www.festivaloffavignon.com/programme/2022/kan-lamour-ek-lo-azar-i-zoue-avek-s31267/

Retour contente mais exténuée au point de trébucher appuyée sur ma canne et de peiner un chouya à noter à la va comme puis ceci et pour les photos.