M'étant rendormie, je suis partie en catastrophe un quart d'heure avant le début de l'avant-dernière lecture organisée par RFI dans le jardin de Mons (Maison de Jean Vilar) suffisamment vite pour avoir le temps de négocier presqu'en flânant le couloir en sous-sol annexé à une exposition
et trouver une place à la limite de l'ombre. La lecture du jour portait pour la première fois sur une œuvre d'une autrice Burundaise Laura Sheila Inangoma (fort belle de surcroit) qui a commencé à faire du théâtre en 2013 « et se définit comme une activiste du récit africain et des droits humains. Comédienne durant sept ans elle est passée à l'écriture... ». Le texte présenté aujourd'hui, dirigé par Armel Rousseau était lu par Laura Sheila Inangoma, Nadine Muhorakeye et (fort bien) par les élèves de l'Ecole du Nord https://www.theatredunord.fr/lecole
Le résumé qui ne rend pas compte de la totalité des thèmes et de la justesse du texte : « Un procès. Trois femmes sont accusées d’assassinat et de sorcellerie. Mais les cadavres sont introuvables. Et les réseaux sociaux s’en mêlent. Une narration contemporaine sur la mémoire du sacré, la place du spirituel et les enjeux de la modernité. »
applaudissements... petits piapias ou non.. me suis échappée,
et en rentrant j'ai trouvé le cycle de poème de Carol Sansour, bien trop long et varié pour que je risque ce soir, comme l'avais prévu un moment, à en citer des passages.
Depuis le matin je regardais avec un certaine perplexité le billet que j'avais pris pour « Flesh » https://festival-avignon.com/fr/edition-2022/programmation/flesh-191076 qui se joue à dix huit heures dans le gymnase du Lycée Frédéric Misral et ce qu'en disait maintenant le programme détaillé... ai supposé que je m'étais trompée de ligne, mais j'ai endossé jupe, courte chemise et sandales, pris sac canne et le plus petit chapeau et m'en suis allée d'un pas songeur, doublée par des festivaliers pleins d'une énergie bien inutile puisque étions très en avance et que les places sont numérotées...
peut-être pour trouver place sur les quelques bancs et sièges à l'extérieur.
Une très bonne place (d'autant que je m'étais trompée, mais la jeune femme dont j'occupais la place en bout de rang a insisté pour prendre la mienne un peu plus au centre | me suis défendue avec juste la pointe de mollesse nécessaire et lui rends grâce). Flesh est un spectacle bruxellois et très bruxellois, de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola. Je reprends le résumé : « Flesh met en jeu la chair meurtrie, à vif, mais aussi attendrie et surtout en éternel manque de l’autre. Flesh examine avec humour et singularité les transferts symboliques qui se jouent dans nos relations familiales, amoureuses ou encore amicales. Flesh interroge les gestes simples dont nous faisons preuve au quotidien et plus particulièrement l’étreinte. Pour cela, les artistes Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola nous immergent dans quatre histoires courtes, quatre fables contemporaines qui ne sont rien de moins que nos tragédies du quotidien, entre besoin d’affection et de reconnaissance. Leur théâtre non-verbal, au burlesque grinçant, marque de fabrique de la compagnie Still Life, nous entraîne dans cette bascule de l’hyper-réalisme à un onirisme sans retenue. Grâce à leur sens inégalé des partitions gestuelles millimétriques, nous aimons perdre avec eux le sens de la mesure. Flesh, une chair à consommer sans modération ? »
ainsi que quatre photos de Christophe Raynaud de Lage, correspondant aux quatre histoires qui se succèdent sans lien (on tire juste brièvement un rideau noir) et pour lesquels je recours à des bribes de l'entretien donné par les auteurs
« Nous commençons le spectacle par une chair qui se meurt dans un lit d’hôpital et son accompagnement par un fils et une infirmière. Pour écrire cette histoire, nous avons rencontré des professionnels qui travaillent en soins palliatifs. Nous souhaitions être fidèles mais aussi rendre hommage à leurs gestes de travail qui sont des gestes du quotidien pour eux. Dans Flesh, nous interrogeons la possibilité de l’étreinte, et l’éventail de gestes entrepris pour y parvenir, entre pudeur et intimité, de l’embrassement réconfort à celui totalement raté. « (et c'est entre rires que nous retournons contre nous-mêmes – les précautions prises encre davantage en cette période de pandémie – même si en France le fils n'aurait pas pu pénétrer dans la chambre | et tendresse, une réussite)
« Nous avons inventé une deuxième histoire, où nous sommes dans le petit appartement de Kathy et John qui, assis sur leur canapé dans leur salon, s’apprêtent à déballer leurs cadeaux d’anniversaire de mariage: une chirurgie esthétique du visage. Nous basculons, alors, avec eux dans leurs obsessions et leurs peurs, jusqu’à l’irrémédiable... Nous aimons interroger la sensation d’ascendance démiurgique des hommes sur leur environnement et en l’occurrence ici sur leur propre corps, leurs chairs, jusqu’à explorer les esthétiques et les codes du film d’horreur. » là nous sommes dans le trash (bravo à l'auteur du masque souple, l'opération étant une catastrophe) mais il reste au delà de nos rires et de l'horreur qu'elle ressent instinctivement l'attachement de la femme à son mari.
Ne suis pas entrée dans la troisième histoire – recul instinctif – et donc ne l'ai pas aimée : « Le troisième tableau s’intitule Love room: un lieu pour vivre une expérience de réalité virtuelle, en solitaire. La chair de l’autre est ainsi absente, du moins physiquement. Les sensations vécues sont, elles, concrètes et réelles. Les spectateurs prennent une vraie posture de voyeurs face à l’expérience ressentie par le personnage de cette histoire... »
et bien davantage ai apprécié la quatrième : « La pièce se termine avec Embrace: une réunion de famille dans un bistrot de quartier. C’est l’histoire d’une famille éclatée qui ne se parle plus, et se voit forcée de se retrouver lors d’un cérémonial funéraire. Leur seul biais de communication est la violence, une agressivité physique exacerbée qui va être déclenchée ici par un geste involontaire de la part d’un des membres de la fratrie. Ce qui provoque au final une sorte de contact malgré eux. Le toucher induit dans leur bagarre spontanée se substitue à leur incapacité de se prendre dans les bras pour se réconforter »... d'autant que cela se termine par un accouchement, répondant à la mort en ouverture.
Saluts
retour, un peu perplexe mais très admirative de l'audace et de la justesse équilibriste qui évite presque totalement la gêne (même quand très souvent on rit)... et je l'avoue coup de pompe et sommeil d'un bonne petite heure avant de m'occuper du dîner et de ce billet (avec une fultitude de fautes de frappe)
4 commentaires:
Je me suis souvenu d'un film de Paul Morissey, "Flesh", datant de la période 68 (cinéma US genre underground)...
C'est peut-être un lointain cousin ?.
Finalement, il y a beaucoup de pépites dans ce que vous avez pu voir lors de ce festival ! ;-)
oui je manque pas mal de belles choses que je désirais mais dans ce que forces et flouze me permettent j'ai assez de chance §faut dire qu'il y a tan et tant de propositions qu'en évitant ce qui est à peu près certainement médiocre ou de goût douteux...)
Pépite, comme dit DH, encore une fois.
(je m'éclipse quelques jours... pour aller écouter Dieu au piano)
oh quelle superbe (et même sublime) destination, Claudine !
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