Départ en milieu de matinée qui, même en période de festival, gardent une nonchalance dominicale, vers le Lycée Saint Joseph et le jardin de la Vierge pour le troisième des programmes rassemblant deux petites formes
Christophe Raynaud de Lagecommençant par (peut-être un écho voulu à l'Ukraine, y ai trouvé également un écho plus murmuré à l'amour maternel et la Syrie de la veille) par « Partie » de Tamara Al Saadi
« 1914-1918. Pris dans les rouages de la broyeuse idéologique des discours officiels, que reste-t-il de celui qui se voit partir à la guerre ? Que peut-on encore écouter de soi et du monde, à l’orée d’une mythologie patriotique qui ne laisse aucune place au doute ? Un duo singulier alliant interprétation théâtrale et création sonore invite le public à s’engager et devenir acteur de l’histoire… »
L'histoire du très jeune Louis Verrier du 274ème régiment d'infanterie marchand de mouron des oiseaux, quittant sa mère (Justine Bachelet joue les deux rôles) perdu malgré son désir d'imiter ses compagnons dans la guerre, son amitié pour u aîné, la folie qui le saisit, sa condamnation...
histoire écrite et mise en scène par Tamara Al Saadi qui fait par brefs moments participer le public en nous faisant beugler ou murmurer des textes (ordre de mobilisation, slogans) pour rythmer le récit et passer d'un monologue à l'autre (la mère au début, puis les lettres que lui envoie son fils) – Jennifer Montesantos assurant avec petits moyens éclairages et régie en direct... avec presque surtout le formidable bruitage d'Eléonore Mallo.
Contemplation des branches, de la verdure, du tau et la vierge pendant que ces dames faisaient le ménage sur le plateau
Christophe Raynaud de Lageet changement avec « Promettre » d'Erwan Ha Kyoon Larcher https://www.infoconcert.com/artiste/erwan-ha-kyoon-larcher-172956/concerts.html?menu=biographie avec Benjamin Karim Bertrand https://www.loeildolivier.fr/2020/12/benjamin-karim-bertrand-danseur-cerebral-et-gardien-des-vestiges/ (tous deux sur scène, tous deux auteurs du texte, la musique étant de Ha Kyoon)
« La transformation est au cœur de toutes choses. Le corps, les objets, la nature, les sentiments et les souvenirs n’y échappent pas. Nous apparaissons dans une forme en constante mutation. Toujours à la lisière entre ce que nous pourrions devenir et ce que nous croyons être. »
une curieuse ressemblance entre eux, une complicité et un duo sensuel...
Retour vers l'antre et la cuisine, en saluant au passage la perplexité de Molière devant ce qui se déroule autour de lui (en a pourtant vu autant dans sa jeunesse)après midi quiet comme j'en prends la mauvaise habitude,
Christophe Raynaud de Lage
sur le site du festival : « Avec Le Sacrifice, la chorégraphe Dada Masilo explore le minimalisme et l’animalité de la danse tswanaise en regard de l’œuvre musicale d’Igor Stravinsky, Le Sacre du printemps. Car pour la chorégraphe qui a grandi en Afrique du Sud dans un environnement xhosa, la question n’était pas seulement de faire comme à l’accoutumée, mélanger des danses apparemment différentes, mais de partir à la rencontre de ses origines profondes et de travailler des marqueurs identitaires : le collectif, la scansion, les rites et plus loin encore le désir sacrificiel. « Pour demander quelque chose aux ancêtres, il faut être capable de donner quelque chose en retour ». Si aujourd’hui Le Sacrifice se fait le reflet de son héritage botswanais, il questionne avant tout le mal que se font les humains. Est-ce bien nécessaire pour changer ? Que doit-on sacrifier ? Comment repartir autrement ? Sur scène, quatre musiciens et dix danseurs s’organisent en une communauté dont l’humour et les rires rendent le cruel un tant soit peu vivable. »
L'idée de base était peut-être le Sacre de Strawinsky mais la musique, prenant sa source dans la danse est de Ann Masina, Tlale Makhene, Leroy Mapholo et Nathi Shongwe.
Je reprends des bribes de ce que dit Dada Masilo sur la feuille de salle :
Christophe Raynaud de Lage« L’idée de tribu, ou du moins de communauté, qui existe dans Le Sacre du printemps résonne avec le principe de collectif dans la danse rituelle tswana; ce groupe qui se tourne vers les ancêtres pour faire une requête. Il y a un échange obligatoire: pour demander quelque chose aux ancêtres, il faut être capable de donner quelque chose en retour. J’ai intitulé mon travail Le Sacrifice parce que la pièce interroge le choix que nous devons faire collectivement de qui ou de ce qui sera sacrifié. Dans la culture africaine, les rituels impliquent souvent un sacrifice animal, ce qui en émerge sont les pleurs de l’animal. Lorsqu’une demande est faite aux ancêtres, quelle qu’elle soit – faire venir la pluie, guérir quelqu’un de la maladie – un sacrifice est demandé et ritualisé, le sang doit être versé pour les ancêtres; suite à cela viennent la danse et les chants. Les rituels n’étaient pas considérés comme cruels à l’origine, mais il est vrai qu’il s’agit aussi de cela, d’une cruauté dans la mise à mort d’un animal. Les humains, quant à eux, subissaient parfois des pratiques de scarification lors de certains cultes, afin de faire couler du sang.... »
Christophe Raynaud de Lageet « Le Sacrifice raconte une certaine inhumanité de notre monde contemporain, de ses écueils individualistes et discriminants. Il n’y a aucun équilibre, aucune équité, actuellement. Nous vivons une époque du chacun pour soi, dans laquelle les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Il s’agit pour moi de raconter une purge, une manière de faire table rase afin de recommencer avec un terrain neutre et neuf. Il s’agit de trouver une certaine pureté, en retournant aux origines et en se regroupant pour recommencer autrement.. »
Et qu'importe si ces thèmes finissent ces temps ci par devenir presque banals, ◊-qu'importe si parfois je ne comprenais pas vraiment, c'était beau, c'était dynamique, puis nostalgique, puis le sacrifice en blanc puis le chant de lamentation/berceuse (peut être un peu long) et j'ai aimé (n'étais visiblement pas seule).
4 commentaires:
Guerre sur les planches et "sacrifice" du printemps : l'été vient avec ses flammes qui vont mettre le feu partout (un autre Srtavinsky est demandé àn l'orchestre !)... ;-)
oui en dehors du théâtre officiellement de boulevard (mais de piètre qualité) tous jouent de l'engagement avec plus ou moins de talent et de sincérité décelable
Beauté des corps
Beauté de l'Art...
merci
Maria, nous sommes esthètes ma chère (navrée pour vous, c'est un reproche qu'on m'a fait - sourire )
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