Ma jambe non totalement guérie se réveille cette nuit et le chantier redémarre en fanfare avec nouvelles petites chutes au moment où jambe pansée je me prépare à sortir avec un grand sac mêlant ordures ménagères, gravats, bouts de pierre de taille médiocre et fragments de bois, d'où à ma grande honte début de crise de nerf de la petite vieille qui tant aimait les chantiers... En descendant trouve devant ma porte le chef de chantier et son patron, échange souriant, me promettent de faire poser (ne sais quand mais je décide que cela me suffit) un filet sur la tranche de l'échafaudage qui domine le mur mitoyen et ma cour... et m'en suis allée pour une petite marche trop courte sous le ciel qui avait des velléités de bleuir,
mettant mon besoin de sourire dans des lacets de couleurs | on fait ce qu'on peut |, dans ma constatation que la ville se prépare aux fêtes de fin d'année de plus en plus tôt et dans un semblant d'amélioration dans le ciel...
Le consensus avec le chantier s'installe, le semblant de calme aussi, nos musiques se répondent et je me suis installée pour liquider ma visite au Parcours de l'art (il y a deux lieux que j'ai négligé) et donc :
Par ruelle passer de la place des Corps Saints au l'avenue Jean Jaurès, remonter un peu vers la gare, tourner et au bout de la petite rue franchir le portail du Cloître Saint Louis... marcher vers la galerie de droite, décider que cette branche est une installation dont je suis l'auteur...
trouver au seuil de la porte donnant accès à la salle d'exposition au rez-de-chaussée une bénévole de la commission scolarité de Rosmerta qui est également membre de l'association organisatrice et qui te propose de te faire un petit topo sur ce qui est exposé... accepter même si tu crois alors que tu as trois salles à visiter (les deux des étages étant nettement plus grandes) d'autant qu'elle le propose avec une fermeté gentille, pénétrer dans la salle dont elle referme la porte pour garder la pénombre souhaitée (il y a en effet deux œuvres qui jouent avec les ombres) et là, près de la porte, repérer l'emplacement des pièces dont elle te parle avec brio, en réagissant juste ce qu'il faut.
Elle sort, rejoint ses amies sous la galerie en fermant la pote et comme les trois ou quatre personnes présentes tu commences ton errance (très guidée par l'installation) en suivant le mur de gauche, en lisant quelques-uns (tu prendrais bien plus de temps mais tu songes aux autres salles et il est près de 13 heures) des panneaux bleus des « Soixante-deux vœux français » de Juliette George https://juliettegeorge.wordpress.com/
(Mon travail repose principalement sur une économie narrative. Parler d’économie est important puisque celle-ci a été préemptée par les économistes, ces experts dont la parole est d’or. Pourtant, le terme économie est plus vaste.... )
Elle sort, rejoint ses amies sous la galerie en fermant la pote et comme les trois ou quatre personnes présentes tu commences ton errance (très guidée par l'installation) en suivant le mur de gauche, en lisant quelques-uns (tu prendrais bien plus de temps mais tu songes aux autres salles et il est près de 13 heures) des panneaux bleus des « Soixante-deux vœux français » de Juliette George https://juliettegeorge.wordpress.com/
sur son site Installation composée de 62 poèmes et d’un pupitre «Jupiter». Chaque poème est écrit par caviardage à partir des discours de vœux présidentiels depuis 1960, lorsque de Gaulle a ritualisé ce rendez-vous. La performativité et l’oralité qui constituent le cœur de l’efficacité de la parole politique sont effacées au profit de la matérialité seule de l’écriture poétique politique que chacun est libre de s’approprier. 61 poèmes sont affichés en linéaire au mur et le dernier (2022) est présenté sur un pupitre en sapin dont la forme est inspirée de celui dessiné pour Mitterrand et que Macron a été le premier président à réutiliser.
Le cartel du cloître ajoute Leur lecture est souvent une pure délectation. Elle montre que la vacuité du blah blah blah de la Saint Sylvestre peut au moins devenir le terreau d’une intéressante « écriture poétique politique »…le fait est que les dix, un peu plus / un peu moins, que j'ai lus, plus ou moins longs, étaient savoureux mais je n'ai pu photographier de façon correcte que deux des plus courts, ne sais pourquoi (sont si vous en avez le temps lisibles sur https://juliettegeorge.files.wordpress.com/2022/01/soixante-deux-voeux-franccca7ais.pdf ce que je viens de faire, sourire est toujours bon faute de mieux)
même saveur pour « Banque (croyance, transaction, valeur) » (sur un fond vert, couleur de la BNP) neuf feuilles blanches portant des textes relatifs aux comptes bancaires (dont un de Zola) , L’art, comme l’argent, est une fiction. Nous passons avec l’art et l’argent le même contrat qui repose, entre autres, sur la croyance, la transaction et l’attribution d’une valeur. Le projet Banque joue, de manière réflexive, sur ces liens : ici non plus, la vérité n’existe pas. La seule qui compte est celle écrite et reçue comme telle. (textes lisibles sur https://juliettegeorge.files.wordpress.com/2021/06/textes-en-pdf..pdf) exposé sur le mur du fond, à côté de « Banqueroute »
En revenant vers l'entrée on entre dans le domaine de Sophie Abraham http://reso-nance.org/sophieabraham/ consacré ici aux logements précaires ou aux cabanes désirées avec une tente au ras du sol sur laquelle est peint le plan d'un logement tel que pourrait le rêver celui qu'elle abrite tant bien que mal devant le mur qui porte un ensemble de petits cyanotypes et une minuscule maquette de cabane très fragile, encadrant une vidéo dont je n'ai pu capter aucune image « Cabanes » film témoignant des constructions de vie en cabanes, lieux autonomes mais collectifs, simples mais durables. Ce film effectuera un dialogue entre les cabanes du futur vues par les enfants, les cabanes d’aujourd’hui vues par ceux qui les habitent, et celles de nos ancêtres. On tendra l’oreille à ces maisons qui tiennent un discours sur le monde, mais aussi à ceux qui ne prennent pas la parole mais n’en pensent pas moins. Et on écoutera cette petite voix, qui, dans un coin de notre tête, nous invite à faire revivre nos rêves d’enfants, dans nos arbres perchés.
Avançant toujours vers l'entrée, les deux assez extraordinaires dessins de la série « Nuée »de Sophie Pugnet https://www.sophiepugnet.com/ en huile de moteur cru et usagée. L'huile de moteur bleue, qui n'est pas encore passée dans les rouages du moteur laisse passer la lumière, tandis que l'huile usagée chargée de déchet obstrue. Ce jeu entre visible et invisible dessine des paysages révélés par la lumière naturelle....
et devant eux ce qui m'a fascinée : « Globe » un moulage d'huile de moteur cuite et solidifié et son moule (matière superbe je trouve).
Pour finir, à l'extrémité du mur sur la rue la finesse du travail sur la lumière de Dayoung Jeong http://jeongdayoung.blogspot.com/ avec « Histoire apprise par le vent » les lampes visibles sur ma première photo projetant leur image sur le mur où sont accrochées de petites œuvres mixtes peinture en grisaille sur verre, plomb et cellophane
le mur du fond étant occupé par (je n'ai pas noté le titre qu'elle donne à cette installation) de grands dessins d'arcades incomplètes projettent leur image inversée au sol.
6 commentaires:
"La sobriété exigée et ordonnée ne fera logiquement l'objet d'aucune publicité gouvernementale."
(Voeu perso pour 2023) ;-)
n'est ce pas ? (à vrai dire le président le respecte assez peu ce voeu)
Quel parcours artistique ! Merci pour ce partage et vos mots, en espérant que vos maux causés par le ravalement trouvent solution. Vous avez bien du courage face à la virilité imposante des travailleurs du bâtiment.
les aime bien et respecte (m'entendais bien avec eux sur mes petits chantiers autrefois, avais plus de mal avec les petits chefs, un rien lachos... moins avec les directeurs d'entreprise puisque j'étais cliente)
Merci pour ce beau cheminement ... pour une petite vieille qui a mal à sa jambe je dis "bravo" :-) ...merci
oh ça ne faisait pas tellement de pas (bon un peu moins de deux heures mais à marche ente et avec arrêts, sourire)
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