une réunion et un livre

M'en suis allée absurdement un peu lasse (mais pas trop) et en attente, un peu après dix-sept heures vers la rue Pasteur, passant par une libraire rue du Vieux-Sextier, un mail m'ayant informé hier soir de l'arrivée d'un livre édité par L'Harmattan que j'avais commandé il y a près de trois semaines...

et que l'une des auteurs m'a dédicacé avant la réunion « bénévoles » de Rosmerta, assez dense, et nettement moins étique que la dernière fois, vie intérieure, nouvelles, projets que nous faisons imperturbablement malgré l'inquiétude lancinante.

Retour avec une démarche évoquant, je suppose, celle d'une petite vieille ayant bu un petit peu trop de porto, ce qui n'était pas le cas mais pourrait être une excuse pour le flou de ma photo.

Et, puisqu'il est là, sur mon bureau, avant de m'évader dans un film idiot ou quelque chose de ce genre, premier contact avec Mineurs étrangers en France et bénévoles engagés dans leur accueil – rencontres et entretiens d'Annie Authenac ancienne professeur de lettres à Lille et Françoise Croset ancienne professeur d'histoire-géographie dans la région d'Avignon, toutes deux engagées dans l'accompagnement des mineurs isolés https://www.editions-harmattan.fr/livre-mineurs_etrangers_en_france_et_benevoles_engages_rencontres_et_entretiens_annie_authenac_francoise_croset-9782140283635-74157.html

avec quelques phrases

de l'introduction ; « Pourquoi un livre blanc ? »

« D'abord il y a eu un sentiment d'urgence : une urgence particulièrement visible ces derniers mois avec les nombreuses pétitions qui ont circulé et circulent encore sur le Net pour défendre des jeunes apprentis, jeunes mineurs étrangers travaillant et vivant ici, menacés par les préfectures d'expulsion et d'arrestation en Centre de Rétention Administrative (CRA).... Ensuite on a besoin d'un « parler vrai » pour dire ce qui arrive à ces jeunes étrangers et les raisons de leur venue en France.... Besoin d'un parler vrai sur le gouffre qui existe entre les officiels principes de protection de l'enfance …. et la réalité des décisions préfectorales er administratives qui font peser sur la vie de ces jeunes des menaces incessantes : non approbation de carte de séjour, non renouvellement des titres de séjour, volte-face sur la reconnaissance de minorité, non prise en compte du travail effectué chez les patrons, menace d'OQTF... » etc...

avec, dans la première partie qui rassemble les témoignages de douze bénévoles, quelques lignes (un fragment dont je ne sais s'il est ce qui importe surtout) de Maguelone parce que je la connais, même si elle ne s'appelle pas ainsi, en omettant toute la partie oh combien importante sur l'état des choses (avec dans ce désastre un hommage à l'Education Nationale) avec un « Les agissements du gouvernement sont innommables ! », ne gardant que ce que nous en tirons nous tous plus ou moins, au delà de l'engagement, des soucis, de la fatigue plus ou moins grande de la quinzaine de personnes sur lesquelles repose le plus gros des responsabilités et des tâches (ce qui n'es pas mon cas)  : « C'est la rencontre avec un être humain qui vient d'ailleurs ; un être humain qui vient d'ailleurs, pour moi, c'est une richesse !... Je suis toujours engagée aux côtés des habitants de Rosmerta parce que cela m'enrichit. Ce n'est pas de l'égoïsme. Si par cette activité je ne recevais rien, je n'y serais plus. Ce n'est pas que de l'utilité sociale, c'est au-delà.... »

Dans la deuxième partie regroupant dix « contributions de jeunes venus d'ailleurs »

quelques lignes d'un des Adama d'Avignon (à l'ASE, trouvant aide à Rosmerta) : « Moi depuis que j'ai quitté mon pays, le Mali, pour venir en Europe et précisément en France, ce que j'ai à dire : c'est remercier les gestes, les Français et Françaises. Je suis venu tout seul. J'ai vu qu'il y a des gens qui sont toujours prêts à m'accueillir et à m'aider... (évocation des difficultés puis de rencontres) …. Je me pose la question à moi-même : « Pourquoi ces gens il font ça ? J'ai un peu la réponse maintenant : c'es des gens, ils veulent que tout le monde puisse faire sa vie tranquillement : une vie correcte. Les jeunes comme moi peuvent avoir moins de souffrances. La base de mon idée c'est de dire ma reconnaissance : moi, j'ai des difficultés, je vis avec, mais j'ai trouvé une vie normale. Plus normale que chez moi... »

et puis (mais il ya beaucoup d'autres choses, difficiles, très, ou moins, de la colère) le début du poème d'un des Mamadou de Rosmerta

« Oh toi poète aux cheveux crépus et aux lèvres charnues

Qui n'a jamais connu le désert mais qui a fait le tour du désert

Qui ne fait pas partie des mages mais aimerait rendre hommage

À tous les contempteurs décédés au large

Grâce à une légende mal racontée l'histoire s'est bouleversée

Et l'humanité semble être vexée... »

poème dont je garde aussi les deux derniers vers

« La seule question que je me demande c'est

Quelle est la différence entre une partie de Julien Sorel et nous ? »