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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, octobre 10, 2022

Fleuve, végétaux, pierres et une image manquante

 


ciel blanc et trou bleu

promenade au bord de l'eau

reste d'air tendre


matin soins, antre, lecture un peu... écouter Bruno Latour « Il ne faut jamais simplifier le réel » https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-du-lundi-21-mars-2022-6989359 , une petite heure de marche paisible et mettre fin à ma contribution au #5 de l'atelier du tiers.livre, mais écrite par petits bouts au fil de mes décisions et de mon plaisir, et je pose le texte du #4 correspondant à une photo existante mais délibérément omise (sous la dernière image de mon après-midi, celle du retour vers les remparts et l'antre)

avant de reprendre la route

Dans le non-lieu d'un parking, sous un ciel qui ne sait s'il est gris ou bleu mourant, il y a ta couronne aussi souplement frisée que dans ton enfance, ces boucles dynamiques qui maintenant sont blanches, et puis toi. Ce gilet matelassé noir qui dit la dame campagnarde, sur un confortable et vieux chandail de cachemire rose clair, l'épaule un peu remontée pour plaquer un téléphone à ton oreille, l'autre descendant légèrement dans le laisser aller, puisque rien ne compte que l'appareil, un léger ploiement pour accompagner la tête penchée qui regarde le rien un peu au dessus du sol, une ébauche de mouvement d'éloignement de celle qui t'attend, freinée par la douleur familière qui instinctivement contraint ton ancienne souplesse à la stricte efficacité. Mais tout en toi indique le retrait, comme nous le faisions en tenant un téléphone fixe dans une pièce, nous détournant pour indiquer que nous sommes entrés dans un autre univers, là bas, au bout du fil. Ton menton s'enfonce dans une écharpe de coton imprimé d'un camaïeu de fleurs roses, tes lèvres au dessus écoutent, avec une inquiétude tendre qui prépare le mot d'apaisement et les instructions, tes lunettes s'accrochent sur le bout de ton nez, sous les paupières presque fermées sur la douceur verte de tes yeux, trois petites rides dominent ton nez, perpendiculaires à celles que l'attention pose sur ton front incliné. Ta main levée replie ses doigts portant alliance et petite bague sur l'appareil et le cordon blanc qui permet de le récupérer facilement dans le petit sac en bandoulière de deux tons de rouge éteint posé sur ton ventre, les doigts de l'autre main, un peu crispés dans leur abandon par l'attention que tu portes à la voix venue d'ailleurs, montrent la flétrissure qui est notre lot maintenant. Et tu es belle, toujours.



10 commentaires:

Godart a dit…

Bénéfice de l'âge où le téléphone est utilisé en tant que téléphone et basta, l'important étant l'autre qui est comme on disait autrefois "au bout du fil". Fil de la pensée de votre texte qui se déroule bien dans les méandres du cerveau.

Brigetoun a dit…

oui même si j'ai autant de mal à me faire à cet instrument avec ou sans fil... bien utile souvent pour ne as abandonner ceux auxquels on tient et qui ont besoin de nous

arlette a dit…

Beau portrait émouvant

Dominique Hasselmann a dit…

Oui, il suffisait alors de suivre le fil jusqu'à son correspondant : maintenant les conversations sont publiques, dans la rue, le bus, le métro, les gens parlent tout seuls, on en saisit des bribes :

– Du coup, je lui ai dit qu'il aille se faire voir ailleurs, et du coup il m'a répondu que son horizon était bouché, je n'ai pas du tout compris. Du coup, ça m'a fait penser à une photo de l'ex-Premier ministre qui a perdu ses sourcils, "alopécie", ils ont dit dans le poste... allô, Pécie ?... Hi ! Hi ! Hi!"

Et votre joli texte en forme d'autoportrait, dirait-on. :-)

Brigetoun a dit…

merci Arlette (le reste n'était là que pour l'accompagner)

Brigetoun a dit…

moi aussi Dominique (mais là je savais que c'était important ... et puis on est indulgent avec nos proches)

mémoire du silence a dit…

Oh ! Quel beau texte... merci.

Brigetoun a dit…

merci Maria (sourire)

Claudine a dit…

Elle est belle la petite sœur, toujours on se souvient d'elle dans le bac à sable et de sa manie de démonter et rendre inutilisables tous les jouets de la maison

Brigetoun a dit…

Claudine, l'était plus adroite (l'est toujours) que l'aînée, ce numéro deux et c'est elle qui réparait et répare