M'en suis allée matin sous un beau ciel et dans un petit souffle bien frais | ai cueilli dans ma poche le masque j'emporte toujours par précaution et l'ai posé comme protection contre messire froid sur ma face | avec en poche m'ordonnance pansement et dans un sac un pantalon plus élégant que mes habituels qui dort dans la penderie depuis qu'en octobre 2022 je l'ai fait trop peu raccourcir...
J'ai ouvert de grand yeux en découvrant la taille de la boite de mèches (la plus grande) et j'ai espéré | l'espère toujours | que je n'en utiliserai qu'une toute petite partie..
Ai donné le pantalon dans une petite boutique précieuse de retouches qui a ouvert il y a un peu moins d'un an rue Bonnetterie et comme c'était sur le chemin, sous prétexte de faire bouger mes jambes mais avec petit désir de crevettes vraies (pas sous plastique) et de panais j'ai continué jusqu'aux Halles
J'ai constaté que le filet de cabillaud avait moins augmenté que son presque jumeau sous plastique chez Carrefour et j'en ai pris sagement un peu en place des crevettes mais comme dans la même niche de marchand de primeurs que le panais il y avait, ce qui était beaucoup moins raisonnable, les premières asperges m'en suis offert quatre pour mon déjeuner
et m'en suis revenue avec un petit plaisir coupable, plaisir aussi de n'être que fort peu fatiguée...
Ai tenté de répondre au # 7 de l'atelier « voyages » de François Bon, constatant que ma paralysie le concernant n'avais pas complètement disparu (mais l'ai tout de même entamé et mis en chantier, comme quand les peintres venaient poser des pots dans un appartement à refaire pour que je prenne patience .. et reprends pour améliorer comme puis Paumée le #6 qui, suivant en mineur (très très mineur) le dispositif adopté par Italo Calvino dans les « Villes invisibles », fait précéder chaque description de Marco Polo par un dialogue entre lui Kublai Khan dont il est l'ambassadeur. Je reprends donc ici en bleu comme sur le site de l'atelier ces introductions, et d'abord celle qui pose l'ensemble des dialogues entre un inconnu et moi
Devant le jardin muet de l'hiver où il n'y a que de la terre qui s'effrite, des graviers enfoncés sous des pluies passées, de la poussière, des racines, des branches nues portées par la vie cachée des troncs, des murets et des restanques, bien chaudement vêtus, assis à l'abri du vent, sous la tonnelle dégarnie, devant les arcades portant le rez-de-chaussée, nous regardons ce sommeil et parlons de voyages.
Avant les deux textes de la nuit d'avant
Et les yeux sur une jarre vide en équilibre sur un muret qui s'éboule tu dis, comme si ta pensée effleurait, qu'à la veille de chacun de tes nombreux voyages, comme ton esprit n'est plus occupé par le projet, tu suis scrupuleusement de petits rites pour ne pas penser, et tu me demandes à moi qui ne voyage pas ou si peu quelles sont mes veilles, peut-être pas pour les voyages très reculés mais pour le plus récent ou quand je sens se préciser un désir de voyage, où je me plonge dans les « cartes et estampes »
Avant les deux textes de l'arrivée
Quand le soleil est à son plus haut, le dos contre le mur, les yeux regardant au loin au delà des branches nues, tu as parlé d'avions se posant à JFK ou dans un atoll, du pont vers Malmö, d'une entrée de port, de petites et grandes gares et je rêvais en regardant mes pieds sur le gravier ; tu as baissé ton menton, tu m'as regardé, tu as dit « c'est bien les arrivées, c'est encore pur, pour toi aussi ? » tu as remonté ton col jusque sous ton nez et tu as attendu..
Avant les deux textes sur l'impossible retour
Tu as baissé un peu la tête, tu jouais avec un bâton dans la terre et les graviers, tu parlais de tes envies de ne pas revenir, tu évoquais ce jour où ton compagnon s'est blessé la veille de votre retour, d'une perte de papiers aussi et l'histoire était si compliquée que je n'ai rien compris, tu m'as dit que bien entendu jamais je ne m'étais trouvé dans cette impossibilité, et sans vouloir contredire cette affirmation j'ai pris un détour en évoquant ceux qui le désiraient ce retour sans y avoir accès
Avant les deux textes sur les haltes (dans des cafés)
Nous étions sous les arcades, avons fermé les grandes vitres de la grande salle à ras de jardin, nous regardions un pigeon qui piétinait le long de la terrasse, des petites risées qui faisaient glisser les feuilles mortes et heurtaient les plantes grasses dérangeant de façon infime leur impassibilité, nous parlions de repos avec délice
Avant le texte suivant un trajet dans Florence
Je t'avais suivi dans les dédales de tes cheminements anciens, sautant des avenues aux pistes cachées des déserts, de noms de village en sémaphores, tu étais un peu essoufflé, tu m'as regardée, me suis plongée en moi, dans mes infimes souvenirs quitte à les ré-inventer, dans la logique de mon voyage trop ancien
J'avoue que je me sens un peu coupable de me servir pour Paumée de ce qui ne lui avait pas été destiné... je plaide : juste pour le plaisir que j'ai eu à bricoler ceci...
Et si vous avez eu le courage d'arriver jusqu'ici vous conseille de reprendre chemin de Paumée demain pour avoir une belle surprise.
6 commentaires:
Non ..plaisir et j'apprécie ce jeu d'écriture et ravie de tes envies et du moral guilleret qui sautille comme les crevettes
d'accord on y sera
jolie, l'idée des crevettes, Arlette, ça me plait
merci anonyme, ferez bien
Joie de vous retrouver gambadant de-ci de-là parmi tout ce bleu
merci et à demain donc
rire, Maria, gambader est un rien excessif (et là viens de passer un gros quart d'heure rien que pour le pansement... suis de plus en plus piano)
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