bleu pur sans ardeur
lumière sur les pierres
et ombres douces
chaleur encore aimable
monde sans aspérité
malgré la moue de fatigue coléreuse supportant le balcon entre les trophées d'armes et près de l'aigle décapité de sa voute... n'ai rencontré que bienveillance ou indifférence.
Je me suis attaquée, après la sieste (ah les privilèges de l'âge) au 11 de l'atelier d'été de François Bon tentant d'extirper des mots à poser sur un vague peu-de-chose (ah les ennuis de l'âge) pour un résultat passablement alambiqué avant de lire quelques contributions, totalement larguée que suis à cet égard, et je reprends, désolée c'est ainsi, ma contribution au 5 « ce qui échappe, compressions du temps »
Fin d'après-midi chez Ducrozet
Marie-Jeanne Delafosse – Nous avions décidé de ne prendre qu’une voiture, la notre, plus confortable, pour aller écouter cet opéra à Avignon avant de souper dans un des restaurants de la rue Racine. Raoul était taiseux, dans l’attente de la soirée mais hésitant à sortir de sa réserve devant Bertrand Ducrozet qu’il n’avait vu qu’une fois, surpris aussi, et vaguement désapprobateur en me voyant entrer sans frapper et me diriger vers la grande pièce sur la cour en criant que nous étions arrivés, et puis ne sais pourquoi, passées quelques minutes d’un échange courtoisement formaliste, il s’est détendu. Le voyais observer discrètement la pièce depuis son fauteuil, m’observer aussi, et j’ai laissé, sans « imposer » – comme il l’aurait pensé – mon aide, notre hôte préparer un plateau, des verres, poser le tout sur la souche-table, se retourner pour aller chercher le panier de bouteilles quand Marion est arrivée souriante. Pendant que les hommes, verre en main, tâtonnaient pour trouver un sujet neutre, se rabattant sur la musique, pendant que Marion après avoir dit « de l’eau pour moi, Bertrand, merci » partait vers la cuisine pour en revenir avec une planche, un couteau et le saucisson qu’elle avait amené, je promenais mes yeux et mon porto devant les rayons de livre, m’arrêtant devant la mince reliure d’un bleu naïf d’une plaquette, la tirais, l’ouvrais, découvrais des poèmes un peu mieux que gentils, le montrais de loin, interrogative, et cachais ma petite déception en écoutant Bertrand parler avec détachement de la jeune femme qui en était l’auteur, pendant que s'écroulait le roman que nous avions échafaudé en écoutant Daniel trahir, en les ornant, ses confidences.
Raoul Delafosse – Agréablement surpris en le découvrant ce Ducrozet que je n’avais qu’entrevu lors d’un dîner pendant lequel Marie-Jeanne et son frère Daniel avaient monopolisé la parole. J’avais déjà noté la carrure, la présence qui démentaient l’idée, provoquée par son retour à un peu plus de cinquante ans dans la maison de ses ancêtres et son abandon de toute activité apparente, d’un être prématurément vieilli et diminué. Je découvrais maintenant qu’il ne semblait pas pouvoir être atteint par la sollicitude un rien envahissante de ma femme et son amie, séduit par la simplicité bienveillante avec laquelle il accueillait leur amitié, rassuré par la frontière qu’il laissait deviner.
Bertrand Ducrozet – Elle m’amuse Marie-Jeanne Delafosse avec sa rouerie pas si maladroite. Quant à Marion, j’ai vu son visage – elle est incapable de dissimulation – s’ouvrir en entendant parler du mariage de cette jeune amie sur laquelle elles avaient dû bâtir une histoire, mais je crois l’intérêt qu’elle a montré pour les œuvres de Mehdi sincère. Bien aimé cette soirée à Avignon. C’est idiot, je devrais y aller plus souvent… pas qu’à Avignon d’ailleurs… et me faut commencer à m’intéresser aux artistes de la région.
Je, Marion – Oh Marie-Jeanne, tu es incorrigible ! Attachante mais incorrigible. Laisse nous profiter de notre amitié tranquille et sans passé. Bon, tout de même, plaisir d’imaginer la sollicitude, digne de lui, de Bertrand pour cette jeune-fille… M’étonne juste un peu, c’est idiot, l’absence de toute trace de sa femme, c’est vrai qu’il y a longtemps qu’elle est morte.
codicille – pas de dérapage en fait, n’en ai que dans la vie, et minuscules, décelables que par moi, plutôt une inflexion pour faire émerger une idée qui ne sera sans doute pas suivie (et ce qui en sort est de plus en plus bétassou)
4 commentaires:
Belle contribution, J'aime.
merci, les pensais passablement nulles, je vérifie
Le mascaron a une idée en tête mais ça lui fait mal à force de jouer à la cariatide...
Dialogues silencieux fort bien réussis... :-)
oui il en a nettement marre
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