Défiant la pluie annoncée m'en suis allée en robe d'été, sous ciel très gris de mort, et dans l'air qui disait le froid à venir, vers la rue Bonnetterie en quête d'un brise-jet, de cire d'antiquaire, de paille de fer pour ronger les avanies faites à la cour et quelques pas plus loin, de poisson sur étal...
Avons choisi en long palabre (enfin presque) avec la marchande le brise-jet dont elle soutenait que le prix légèrement plus élevé était contrebalancé par la facilité pour mes mains de venir à bout de sa mise en place, ai bien trouvé chez elle le gros pot de cire transparente et odorante qui n'est pas envisagé par la grande distribution...
ai ajouté au poisson (dos de cabillaud plus banal que les petits poissons de roche, suis paresseuse) deux aubergines arlequin
et m'en suis revenue, avec moult photos pour en récupérer quelques unes que mon appareil ne martyrise pas (depuis deux jours je me demandais si c'était la propreté de l'objectif, que frottais avec acharnement avec le bas de ma robe, l'état de mes yeux ou un réglage qui provoquait cette pâleur floue...)
Quelques gouttes de pluie m'ont accueillie place de l'horloge, ont abandonné devant mon indifférence dans la descente vers l'antre. Ai rétabli réglage de l'appareil de façon je pense efficace, ai bataillé pour enlever l'ancien brise-jet, re-bataillé plus longuement pour installer le nouveau et constaté que définitivement j'en étais incapable, l'ai posé à côté de l'évier et décidé que finalement ce n'était pas indispensable... en rester à l'essentiel toujours.
Persévérant dans ma mauvaise habitude je recopie ma contribution au 10bis de l'atelier d'été de François Bon (révolte d'un personnage contre son auteur
on n'a pas le droit
Bernard pioche une bande de terrain près de la porte de sa chambre. Bernard y met son agacement ou davantage. Juste agacement, on n'en mérite pas plus. On a bien vu qu'il prenait les choses avec équanimité. En fait on a tort, c'est plutôt de l'indifférence pour les broutilles. Ça peut être très important aux yeux des autres, comme on par exemple, ce qui reste pour lui broutilles. Mais on n'a pas le droit de s'attarder sur les moments de rien, les instants ou les heures où il vit automatiquement et sur ses pensées vagues ou moins vagues. Celles décrites par ce ignorant de on. D'ailleurs on se trompe sur lui. Comme tout le monde se trompe sur les autres, même familiers. On suggère qu'il est taiseux alors qu'il est oreille prêtée aux autres. On le montre fort et bienveillant, fort il en sourit et craint que cela signifie que l'âge l'épaissît, bienveillant ce n'est pas tout à fait cela, il aime les gens simplement et il est curieux. Là il s'arrête une seconde, se redresse, se tient les reins... « Vous qui que soyez, vous on donc, ne croyez pas qu'en pensant que j'aime simplement les gens et suis curieux je me méconnais, disons que je me refuse à m'attarder sur les raisons de mes réactions et mon amour de la paix et que je ne vous autorise pas à le faire. Comme puisque j'en suis à vous parler directement je vous prie avec insistance de réfréner la tentation que je sens percer en vous d'amener Marion à s'improviser mon biographe ou même à croire que je puisse servir de modèle à un personnage, maintenant que vous, on, semblez prête à lui attribuer une démangeaison de romancière ou nouvelliste. »
4 commentaires:
Certaines photos font penser à la débauche versaillaise... :-)
en mineur tout de même Domonique
sommes petite ville et ancienne ville sainte (Pétrarque prétendait possédée par le démon mais c'était Pétrarque)
" l'essentiel toujours " indispensable ;-) :-)
ceci dit faut apprendre à régler la puissance sans brise jet (rire)
Enregistrer un commentaire