Ai laissé passer la petite averse qui avait, évidemment, suivi immédiatement le nettoyage des vitres et m'en suis allée à pas menus dans notre grisaille vers la pharmacie qui avait cette fois reçu les deux vaccins (grippe et Covid).. ahurie par la vitesse du monde qui, sous la pulsion du commerce, en est déjà aux fêtes de fin d'année.
Déjeuné rapide et attente de la venue de BF... qui finalement m'a informée au téléphone vers 15 heures 30 qu'elle préférait ne pas... Pensé tant pis pour l'heure de marche, tant pis pour tout, en suis restée à sieste tardive et longue plongée dans Histoires de Claude Simon (un de ces jours où mes yeux n'aiment pas l'écran)
Et pour ne pas en rester à ce journal sans intérêt, y ajoute (pas certaine que l'intérêt soit plus grand mais tant pis) ma contribution au prologue de l'atelier « enfances » de François Bon. (thème : perdu.e)
pas si grande
Non, pas tout à fait noire la nuit. Non, pas de raison d'avoir peur. Une nuit nourrie d'une vague luminosité qui déforme, agrandit les végétaux, les murs ou piquets de jardin, qui effleure le sol irrégulièrement, qui y creuse des trous noirs là où il n'y en avait pas. Une nuit de lumière sombre qui brouille les formes et le souvenir trop fragile de ce chemin à peine ébauché vers la maison.
L'étonnement, la fureur de ne plus savoir. La honte, légère. Non, n'est pas la grande, petite encore, comme les autres, les suivants. L'idée qui lui vient : je suis perdue, le mot qui prend la place, qui paralyse la pensée. La peur qui se tient à l'affut. L'arrêt, le visage qui se lève, qui cherche la lueur de la nuit à travers les branches noires. La beauté qui se fraie un chemin. Un moment de contemplation, le calme et une envie de s'asseoir, de rester là, mais cela ne se fait pas.
La nuit et le balancement lent, faible, des branches que seul montre leur léger bruissement. Le crissement des épines de pin sous les sandales, un sourire et tâtonner du pied qui rencontre la très légère courbe vers le chemin, le souffle qui se calme. Les deux pieds sur la terre battue et les petits cailloux, réfléchir. Juste un instant, le temps de sourire de pitié méprisante pour soi, puisque personne ne le verra. L'évidence de la direction à prendre.
Les pas précautionneux qui se font plus rapides. La tribu au bout qui prend conscience de son absence. Qui peut-être s'inquiète... et c'est elle maintenant qui se demande quel sera l'accueil. Qui se demande aussi, juste un peu, veut pas s'arrêter sur l'idée pour la peser, ce qu'elle deviendrait si elle ne rentrait pas, ce qu'elle pourrait devenir d'imprévu.
4 commentaires:
Ah oui, les fêtes de fin d'année - sous les bombardements ici ou là - ça s'annonce à un train d'enfer... :-)
il y a toujours ou presque eu des bombardements pendant les fêtes de fin d'année... mais oui cette fois seront plus forts et évidents
Oui papillotes et citrouilles cohabitent sans problème, pauvres de nous... qu'avons nous fait pour tant d'aberration ... et surconsommation ...
heureusement il y a :
"La nuit et le balancement lent, faible, des branches que seul montre leur léger bruissement. Le crissement des épines de pin sous les sandales, un sourire et tâtonner du pied qui rencontre la très légère courbe vers le chemin, le souffle qui se calme. Les deux pieds sur la terre battue et les petits cailloux, réfléchir. Juste un instant, le temps de sourire de pitié méprisante pour soi, puisque personne ne le verra. L'évidence de la direction à prendre.
Merci Maria
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