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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, décembre 27, 2023

De quelques vitrines et de trois moments


réveil tardif – lavage cheveux et gros ménage comme un dimanche et départ dans l'après midi dans la lumière vers la blanchisserie avec deux draps dans un sac, ne voyant rien d'autre à noter qu'une vraie foule flâneuse indigne d'un jour de semaine à travers laquelle je slalomais, me disant « rien que je veuille dire, ou plus exactement rien à dire... faire pause comme un certain nombre d'amis... et rien à montrer non plus que ce ciel et l'or roux ou la nudité des arbres... »


mais comme mon appareil dormait dans ma poche, ai capté des images de boutiques en fête, sans autre raison que le fait qu'il n'y avait pas de raison.


Et puisque, c'est décidé, fais une pause jusqu'au 1er janvier, et que vais tenter de lire les contributions au #9 de l'atelier de François Bon et certaines du #8 sans doute, je recopie ma trop longue contribution au-dit #8

trois moments

Chaque fois, après m'avoir fait subir la torture du cataplasme, ma grand mère aux soins et à l'autorité de laquelle j'avais été laissée par la famille repartie à Toulon à la fin des courtes vacances de Noël dans le nord, à Paris, chez les grands parents | si ce n'était cette grosse fièvre, la fatigue et le supplice des remèdes grand-maternels j'aurais savouré le plaisir d'être restée seule, élément détaché devenu personnage autonome | revenait, entrouvrant la porte du bureau de mon grand-père où j'avais été installée, son visage devenu souriant et attentif, me complimentait et me proposait | il n'était pas question de refuser | de faire une bataille, repartait sans attendre la réponse, et je restais, regardant sur le mur face à moi la panoplie, si soigneusement composée que mon effroi s'était mué en curiosité et plaisir esthétique, de longs et étroits fusils à pierre et lames larges et courtes, ornés de tresses et de pompon, souvenirs des rezzous de son premier poste, avant la vieille guerre, celle de sa jeunesse. Elle revenait poussant une table roulante sur le plateau de laquelle étaient posées, à côté du jeu de carte, deux tasses fumantes d'une tisane au merveilleux parfum et au goût d'une fadeur désolante qu'elle relevait d'une goutte de porto en disant que ça ne pouvait que nous faire du bien … et la partie commençait, amenant le confortable ennui qui peu à peu m'assoupissait, la certitude que j'allais la perdre et l'amusement que me donnait, avec la cruauté de l'enfance, la vue de ses épaisses lunettes presque posées sur les cartes pour les distinguer.

Parfois, souvent, quand notre mère ne dînait pas avec nous, je me réjouissais à l'idée de laisser la seconde des filles régner sur la table rigolarde des enfants dans la cuisine et de tirer l'escabeau devant le rayonnage de livres pour m'installer avec un de ceux qui étaient rangés hors de ma portée par prudence, livres assez innocents mais susceptibles d'enflammer mon imagination, plaisir accompagné d'une grimace parce que je savais qu'au menu risquait de figurer cette soupe de semoule que j'exécrais pour sa mollesse grumeleuse et sa fadeur et dont ma mère avait décidé, en persuadant les plus jeunes, que nous l'aimions et qu'elle serait une consolation pour son absence, une récompense pour notre sagesse supposée. Je tendais l'oreille et des bribes de phrases venaient à travers la porte se mêler aux aventures de Scarlett O'Hara (puisque c'était le plus souvent elle que j'allais retrouver) et je fermais le livre et dégringolais de mon perchoir quand j'entendais le bruit des assiettes dans l'évier, j'en salissais une pour moi, je les lavais, et m'installais pour partager le plat suivant, courgettes farcies ou, joie, sardines au four, et participer à la chamaillerie fraternelle.

Le jour tant espéré où, dans le petit hôtel où notre père nous avait laissés, excités et un peu flottants, perdus, yeux écarquillés, après nos retrouvailles avec lui à Alger, le dîner et la nuit dans la solennité à nos yeux du Cercle Naval de Toulon, la voiture louée, la découverte de la montagne | pas si petits poussins perdus que cela au moins les deux aînées qui avions fait son siège pour qu'il nous achète robe neuve digne de ce qui nous attendais | pour revenir avec elle, notre mère que n'avions pas vue depuis plus d'un an. Son visage mangé par son sourire, ses petits rires... un par une, en commençant par le plus jeune nous serra dans ses bras, embrassant nos cheveux et puis les yeux inquiets, nous tint à bout de bras, nous contemplant, cherchant à plaquer sur son souvenir l'être un peu plus grand, un peu changé peut-être qu'étions devenus. Ce fut mon tour et je l'approchais dans l'aura de sa beauté, l'inquiétude de cette fragilité qu'avions apprise, la clarté du sourire d'accueil, elle me serra contre elle, m'éloigna, me regarda, dit « finalement je crois qu'on devrait te laisser pousser les cheveux pour voir... »

6 commentaires:

arlette a dit…

Comme un parfum d'enfance...dans ton texte à part frères et sœurs en partage seulement le cruel regard toujours porté sur ma seule
personne Tiens toi droite souris etc etc

Brigetoun a dit…

oui et sans ça tu sera bossue, ce qui a de mieux c'est ton dos... et du coup suis bossue (sourire... ah l'amour soucieux des mères et l'esprit de contradictoon des filles aînées ! ou uniques)

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : vu vos contributions régulières à "l'atelier" de FB, vous ne semblez guère fatiguée !!! Bon nouvel An et rdv le 5 janvier ! :-)

Brigetoun a dit…

on ne marche pas 2 X 3/4 d'heure, ni ne tentons pas d'apprendre sans savie comment à un ou une jeune qui n'a jamais appris (pas si compliqué sauf tensiin) en participant à l'atelier... par contre il y a lire et commenter les autres (et ne le fais que peu

mémoire du silence a dit…

Aime beaucoup la première photo, tels des êtres dansants sortis d'entre les mains de Giacometti.

Très touchée par la troisième partie de votre texte. Merci.

Brigetoun a dit…

merci Maria