Sortie qui se devrait quotidienne pour marcher un peu, avec l’idée de trouver fleurs… pour changer un peu franchir les remparts,
mais sans l’assistance d’un supermarché ou d’un fleuriste, le résultat était navrant…
alors, penser tableaux ou fleurs sculptées, passer par le trou nommé porte Saint Dominique et rejoindre Calvet… qui, inexplicablement était fermé… hausser épaules résignées, continuer la rue Joseph Vernet, cueillir un semblant de fleurs en passant et aller acheter des collants à Monoprix…
Pour tenter de rendre plus intéressant Paumée reprendre ma participation au dernier « va et vient », publiée par Dominique Hasselmann sur son Métronomiques https://hadominique75.wordpress.com/
L’impossible solution
Arthur aimait comprendre et apprendre, avec une ferveur ingénue. Il aurait pu être un descendant de Bouvard et Pécuchet, un peu moins cultivé mais tout aussi capable d’échec et d’histoires un peu ou très ridicules. Comme ce jour où, rencontrant un vieil ami très sage, dans leur conversation paresseuse, assis de chaque coté d’une cheminée, les yeux sur les flammes, il a dans le fil de son dire prononcé « Je veux trouver la solution » et pendant qu’il cherchait ses mots, Marc, l’ami, sourcils levés : « de… ? », Arthur à son tour s’est étonné, et a corrigé « à… » mais Marc ne l’a pas entendu ou ne l’a pas voulu ; pipe en main, calé dans son fauteuil, interrompant ce qu’Arthur allait dire :
– Qu’importe de quoi, ça pourrait être intéressant ou amusant. Je crois que le mieux serait que nous allions interroger Gaston Delmas.
– Qui ?
– C’est un ancien chercheur, un chimiste, à la retraite maintenant. Je l’ai bien connu et il y a trop longtemps que je ne l’ai pas vu. Je vais prendre rendez-vous pour te le présenter.
– Tu crois vraiment ? (Arthur se sentait perdu.)
– J’en suis sûr. Laisse-moi faire. Tu serais disponible samedi ?
– Vers cinq heures ou un peu plus tard, oui.
Marc s’est levé, est allé prendre son téléphone sur une console, et après une courte conversation qu’Arthur a pris soin de ne pas écouter, est revenu s’asseoir, a récupéré sa pipe dans le cendrier, et avant de la rallumer :
– C’est entendu. Nous avons rendez-vous. Retrouve-moi à cinq heures moins dix à la sortie du métro Père Lachaise. Dis-moi, comment va ton amie rousse ?
Et Arthur ne pouvait plus hésiter.
Il a pris le métro au jour dit, pensant, isolé dans la foule, « J’imagine mal comment cet inconnu va pouvoir résoudre les problèmes que je ne me pose pas encore, mais, ma foi, toute solution est un enseignement, au pire je risque d’apprendre quelque chose ». Marc l’attendait en haut des marches, à côté de la roulotte de la voyante, ce qu’Arthur prit pour un présage avant de hausser mentalement les épaules avec un dédain plein de culpabilité puisque si toute solution était riche d’une façon ou une autre, pourquoi négliger celle-ci. Avant qu’il ait eu le temps d’interroger son ami sur ce qui les attendait, l’autre le prenait par le coude en disant « Ce n’est pas loin, un peu avant la grande porte du cimetière » et l’entraînait sur l’allée centrale, enchaînant sans lui laisser la parole « Je pensais te voir hier à cette lecture, Impasse Molière. Tu as eu tort, c’était… » et puis s’arrêtant, lui reprenant le coude pour traverser la chaussée, la piste cyclable, prendre pied sur le trottoir devant la porte d’un des grands immeubles à la façade anonyme, à côté de la vitrine d’un marbrier funéraire qui en occupait le rez-de-chaussée, « Ah ! nous sommes arrivés, tu vois c’était tout près », avant d’appuyer sur un des boutons, d’attendre juste une demi-seconde, de demander « Monsieur est là ? … oui il nous attend, merci. »
Dans le vieil ascenseur métallique dont les vitres vibraient sous l’effort, il a prévenu : « Tu vas être étonné. ». Et Arthur qui imaginait vaguement un vieux savant chevelu, quelque chose comme un Einstein mâtiné de Tournesol, fut un moment surpris par la haute silhouette, les larges épaules de sportif de l’homme qui les attendait sur le palier et qu’il supposa être le majordome ou celui, quel qu’il soit, qui avait répondu à l’interphone. Mais la voix était chevrotante, âgée, qui accueillait avec enthousiasme Marc, et les yeux qui avaient semblé un peu vagues, dans l’attente, redevenus perçants pour le jauger, lui, avant de le saluer. Il les conduisit ver un salon, caricature de celui d’un penseur, savant ou écrivain du dix-neuvième siècle, leur offrit, imposa, une banale bière en canette qu’ils burent ou firent semblant de boire, assis dans des fauteuils club pendant que Marc exposait que son ami, là, était à la recherche d’une solution et que peut-être, lui…
Gaston Delmas réagit comme à la sonnerie d’une trompette, se redressa, parut encore un peu plus jeune, regarda Arthur, réfléchit trois secondes, dit « Pourquoi pas, ça me rajeunit de je ne sais combien de dizaines d’années… voyons quelle solution ? de sulfate de cuivre ça vous irait ? ». Arthur de plus en plus certain que Marc, trop rapide comme toujours, s’était emballé sur une fausse piste, pensa à nouveau « Pourquoi pas ? J’apprendrai quelque chose… » et répondit d’un sourire aux yeux brillants du chimiste qui se leva, imité par les deux amis, les guida dans un couloir, ouvrit la porte d’une grande pièce claire donnant sur la cour/jardin commune au pâté de maisons, expli
qua que depuis son veuvage et le départ de ses deux enfants, il s’était installé un petit laboratoire où il s’amusait, ouvrit un placard, en sortit des verreries qu’il posa sur une paillasse, en marmonnant « Je dois avoir tout ce qu’il faut, voyons… vous devriez noter », en lui tendant un petit bloc et un feutre fin :
« Une fiole graduée, facile à trouver, attention à la taille, une balance de pesée de précision, une pissette, un verre à pied.. pas pour boire hein ! », avec un petit rire où s’entendait le vieillard, « un sabot de pesée ou mieux un petit bécher… le plus simple serait sans doute que vous vous exerciez ici… de l’eau distillée pour rincer la fiole, ah zut je n’en ai plus… bon on peut arranger ça, ce sera plus long simplement, un flacon de sulfate de cuivre, voilà… Merde ! il n’y a pas d’eau, c’est vrai ». « J’ai vu une affiche dans le hall sans la lire», murmura Marc, et Delmas avec l’air d’un enfant privé d’un jeu : « Oh c’est désolant… c’est vrai, il y a une coupure d’eau pour des travaux cet après-midi… jusqu’à vingt heures je le crains. Nous ne pouvons rien faire. Dommage, cher ami, mais ce n’est pas très grave, je vous donne là… », et il tendait une feuille pliée en quatre, « une notice établie pour des élèves débutants et si vous avez besoin d’utiliser mon matériel, téléphonez-moi ! » et, en se dirigeant vers la porte « Puis-je vous offrir quelque chose, un porto ? À moins que vous ne buviez le whisky sans eau… ». Arthur choisit le porto « mais très peu » et le remercia pour son aide, pensant qu’il en resterait à la notice, au moins pour éliminer cette solution impossible. Marc préféra le whisky ou plutôt un bourbon.
2 commentaires:
Bonne idée ! ;-)
merci
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