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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, février 29, 2024

Fin février - et saluer pour l’atelier

 


L’air en mouvement

un ciel qui s’est absenté

les pas fluctuants




M’en suis allée, matin, vers le laboratoire d’analyses pour avoir les résultats, dans un air qui faisait subir aux étoffes, aux branches et aux corps de brusques bourrades froides entre longues plages de tranquillité trop fraîche.. et en sortant, pour me réchauffer un peu et marcher en paix ai traversé les halles, me laissant tenter à la vue des asperges et achetant un samoussa aux légumes délicieux à manger par petites bouchées sur le chemin du retour pour me donner forces…




Un assaut d’hiver

dans l’ébauche de printemps

et sa tentation




Une bonne sieste, un peu de ménage, un peu de repassage, de la lecture, de la musique, et puisque mes #6 et #7 d’écriture de l’atelier de François Bon sont publiés sur le site dédié, je nourris Paumée en recopiant ma contribution au #5 :


Saluer




Dans son groupe, sa famille, son monde — et sans doute manquaient-ils de politesse aux yeux d’autres — la poignée de mains était réservée aux politiciens en campagne ou autres personnes du même acabit ; ce qui s’en rapprochait le plus était le baise-main qui avait un petit charme désuet de bon aloi tout comme la révérence des adolescentes, leur main sur la main des femmes assez mures pour être leur mère ou au delà ; croisant qui le méritait, ou en abordant un groupe, on inclinait légèrement la tête en souriant… avec la réserve de qui ne veut pas déranger.


Dans son groupe on ne s’embrassait pas ni ne posait ses lèvres sur une joue, sauf les rides poudrées ou non des vieilles femmes, les enfants à consoler et les aimés ou aimées quand étaient dans la peine et, oui, quand étaient dans la joie ou auraient dû l’être comme pour une fête carillonnée ou un anniversaire. Le mot « bonjour » n’était prononcé que lors d’une rencontre le matin dans la cuisine à l’heure du petit-déjeuner, ou, sans s’arrêter, en passant la porte de son bureau ou d’une salle d’attente de médecin ou autre. En réponse aussi ou quand la personne de l’autre côté d’un guichet semblait l’attendre. Le cas échéant on se contentait d’un « salut » légèrement transgressif, mais uniquement en s’insérant dans un univers amical. Et toujours cela devait être bref, quelques secondes, pour ne pas empiéter sur la vie de l’autre, ou retarder la conversation désirée.


Depuis qu’elle s’était transportée dans cette ville elle avait peu à peu compris qu’elle créait ainsi une distance non souhaitée avec ses nouvelles connaissances ou amis et, sans pouvoir se résoudre à la poignée de main, elle s’était mise à poser ses lèvres sur la joue de son vis-à-vis sans déplaisir, puis après que la remarque lui ait été faite, à rire, à dire « c’est vrai, trois fois », et à s’exécuter ce qui créa un petit rite attendu… et puis la Covid est arrivée, avec les grands « bonjours comment allez vous ? » échangés avec ses contemporains de trottoir à trottoir, et aux bonjours bien marqués en posant ses achats à côté d’une caisse, puis lorsque le confinement fut assoupli puis levé l’arrivée des coudes heurtés qu’elle ne pouvait se résoudre à imiter et des poings fermés se heurtant avec toute l’affirmation et la force de ses jeunes amis qui lui faisaient mal.  Alors, d’instinct elle a adopté sa version, peut-être avec le vague souvenir du charme souriant d’un ami venu d’Asie, loin dans son passé.


Deux mains jointes levées devant un visage qui se penche face à des rires bienveillants.


La Covid a perdu de sa force et a été presque oubliée. Les gestes convenus alors ne sont plus de saison, mais il lui semble qu’il en est resté quelque chose… dans les rencontres du groupe habituel, comme dans son monde d’avant, les entrées en matière se passent allègrement de cérémonie, un sourire et la bienveillance mutuelle suffisent, le but commun aussi. Restent, pour son plaisir les saluts échangés, verbalement, assortis parfois d’un bref arrêt pour renouer avec nouvelles et plaisir de l’échange, lors de rencontres fortuites dans les rues… avec de sa part la légère hésitation pour les plus jeunes qu’elle n’est jamais certaine de reconnaître vraiment. Elle ne rencontre plus guère les siens, si rarement que le baiser s’impose chaque fois pour l’accueil… mais quand elle  voit un poing fermé surmonté d’un sourire se diriger vers elle, elle fait toujours un pas en arrière, joint les mains, les lève devant sa tête qui se penche, parce qu’elle aime ce geste, parce qu’un sourire y répond chaque fois, parce qu’il va bien avec le mot « saluer ».

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous salue bien Brigitte, et vous souhaite une belle journée. Catimini.

Brigetoun a dit…

merci Catimini (et sourire, je m'incline)

arlette a dit…

Le signe de tête souriant est parfois plus amical que mille bises à la.volée

Brigetoun a dit…

et moins intrusif -

Godart a dit…

D’un autre côté, le rituel des trois bises était comme un signe de reconnaissance provençal.

Brigetoun a dit…

Godart je sais et j'avais appris et le faisais... mais je l'ai moins regretté sue d'autres quand il a été prohibé et je remarque qu'il peine à revenir (en suis navrée pour ceux qui y étaient attachés et assez satisfaite pour moi)

Dominique Hasselmann a dit…

Salut

ou

Au Revoir

ou

Adieu :

ne pas s'emmêler les pinceaux ! :-)

Brigetoun a dit…

salut et bonsoir - et pas adieu j'so!re
pas avant demain le premier vendredi du mois

Godart a dit…

Le principal est que l’écriture du texte mérite trois bises.

mémoire du silence a dit…

Salut du soir Brigitte
Bonsoir !!!

Brigetoun a dit…

merci !