A l’heure de la tartine de miel et après que mes yeux aient trouvé leur place derrière orbites, quelques crottes au sol de la cour et une douce bleue en train de s’éveiller, rappelant l’heure de marche dans l’air tendre de dimanche après-midi. Mais quand, après lessive, douche, un brin de rangement, suis partie en quête de fleurs à photographier (absentes, les premières trouvées étaient sur une jupe qui me tente un peu et que je néglige vertueusement) et pour la bonne forme de mes jambes, un gris grumeleux et une main fraiche de l’air sur mes joues.
Au bout de la façade Calvet, une affiche m‘a rappelé que n’avais pas cédé depuis longtemps à mon goût pour la présentation vieillotte de Requien, juste à côté, les fossiles de petits oiseaux ou de plantes, l’herbier, les animaux empaillés, la géologie de notre terroir et Jean-Henri Fabre, et que ce serait marche lente et agréable… seulement si les lourdes portes de bois étaient ouvertes ce n’était que sur les grands vantaux de verre fermés à clé .
Et j’ai continué mon chemin, un peu trop court, faisant une boucle vers les Corps Saints, revenant par les rues des Fourbisseurs, Laboureur, Frédéric Mistral et de la République, et suis rentrée sous l’oeil vague mais réprobateur des têtes de l’hôtel Danelli.
Navrée pour la piètre qualité des lignes ci-dessus (j’étais surtout soucieuse de la lenteur extrême des réactions de mon ordi qui rame, rame…) vais tout de même tenter quelques lignes sur Averses » de Nathalie Holt, le recueil de nouvelles reçu la semaine dernière. Douze nouvelles en un peu plus de cent pages, douze univers dans lesquels débarquer, avec une constante l’eau se déversant, qui prend une place plus ou moins grande, qui passée la première où elle est déluge d’immense et cruelle importance, colore l’ambiance de toutes les histoires. Douze nouvelles avec des bonheurs d’écriture, où on débarque dans des vies dont on ignore tout, tout ce qui les a amené là où ils sont, ce qui les a fait ce qu’ils sont, qui n’est pas dit mais qu’on sent en quelques pages, avant de le découvrir évoqué plus ou moins nettement. Et entre ce déluge inaugural et les histoires assez atroces, un groupe d’histoires à plusieurs personnages dont on découvre les liens et ce qui n’est plus dit… avec, vers le centre, « l’ondée » qui m’a souri, parce qu’elle parle de trois soeurs venues vider la maison de leur mère et que j’ai retrouvé l’ambiance, mère extraordinaire et merveilleuse qui se dessine peu à peu elle, sa vie, son style et son secret (et dans lequel me suis retrouvée, mais juste pour ses talents culinaires | tout le reste ou presque m’étant hors de portée ou juste un peu trop audacieux — juste un peu — « surtout qu’elle ne cuisinait pas, à part des pâtes et de la mousse au chocolat les jours où Odette s’absentait. Une mousse bien trop compacte pour monter : « vous reprendrez une louche de mayonnaise au chocolat ! ». La boule noire atterrissait avec un bruit opaque dans les bols, tremblotait sans perdre sa forme ; la cuillère fichée dans la boule tenait toute seule. Sous les pâtes il y avait toujours une mare d’eau « mes pâtes à la nage ! » s’exclamait la mère en les servant avec une écumoire… » bon à vrai dire ceci est assez éloigné du ton doucement triste en surface, bien plus dur en ce soubassement à déchiffrer, mais reste toujours tendre du reste des nouvelles.
2 commentaires:
La main fraîche sur les joues...comme l'enfant que lon encourage et qui tire la langue aux grimaces du Danelli
mercui Arlette ! tu me donnes des idées !
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