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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, avril 30, 2024

Marché des allées de l’Oulle, une recherche et un poème

 



Pause de la pluie

en ce jour et bleu furtif

quand je suis sortie

vers cinq heures pour aller

au marché près des remparts.



Marché qui cette année se fait de plus en plus réduits, les producteurs locaux s’étant lassés de la faible fréquentation… l’habitude n’en étant pas revenue après le Civid (la pluie de ces jours n’y aidait sans doute pas non plus) mais si près et détendu…



Et avant d’écouter la vidéo de François Bon relative à la première proposition de la seconde série de l’atelier en cours, je recopie mon #3 (sur 5) de la première  (lister sans autre précision des éléments ou lieux perdus du passé et en détailler un — si par très grand hasard une de mes soeurs ou une ancienne de St Do passe qu’elle considère que mes souvenirs ont pris beaucoup d’âge et que je n’ai d’autre indication sur le nouveau St Do que ce qui j’ai pu deviner après une recherche internet)

Inventaire des choses perdues


— le marabout de l'Amirauté  à Alger

— la villa de La Pérouse/Tamenfoust

— le Cours Saint-Dominique à Toulon

— le terrain de Lamalgue à Toulon

— le boulevard du Littoral à Toulon

— la ferme et le château de Brégançon

— la ferme de Féterne

— les blockauss d’Hyères-plage ou Le Palyvestre

— les Héliades  à Toulon

— la maison de Publier

— le deux pièces de la rue des Saints Pères

— la fenêtre sur le quai de la place Dauphine


Le Cours Saint Dominique à Toulon


C’était près de l’église Saint Georges, en sortant de la ville dans la direction du Cap Brun. C’était un grand terrain avec des bâtisses anciennes et l’ajout de  bâtiments neufs qui avaient transformé cette petite propriété en une école pour jeunes-filles tenue par des dominicaines. Et tant d’années après ce sont elles et les silhouettes des élèves, celles que je n’ai perdu de vue que bien plus tard et les autres, qui priment entourées par la présence flottante des arbres, des murs comme une image qui n’échappe à l’usure des tons, au sépia que par le souvenir de la lumière violente qui y est associée. D’ailleurs elles et nous avons changé, comme a changé le monde depuis presque soixante six ou soixante sept ans… | ne sais plus très bien | quand les ai quittées, elles et la ville, pour aller faire ma philo à Paris dans l’horrible Lycée Molière, lestée de la curiosité qu’elles, mère Marie-André et surtout Françou la radieuse, du moins la voyais telle, avec sa coquetterie qui la faisait se cambrer pouces passées dans sa ceinture de cuir pour mettre en évidence sa sveltesse au milieu des lourdes silhouettes de ses compagnes, m’avaient inculquée et qui avait achevé de m’éloigner du côté religieux de leur enseignement, ne gardant que la gourmandise de l’ouverture aux livres. Elles (qu’importe si elles sont maintenant vraisemblablement mortes) qui toléraient ou faisaient semblant de ne pas deviner mon éloignement croissant de l’appartenance à leur foi et dont j’ai appris un jour, au détour d’une conversation — je n’ai jamais fait partie du groupe des « anciennes de Saint Do » qui se réunissent ou se réunissaient régulièrement, n’étant plus Toulonnaise et ce genre de choses m’étant parfaitement antinomique — qu’elles avaient fait allégeance à la dérive intégriste de je ne sais plus quel évêque et que le couvent avait déménagé, ce qui m’a paru une invraisemblable trahison. J’ai essayé de localiser la longue allée qui nous servait de terrain de course entre des haies, les deux espaces de terre battue superposés qui étaient cours de récréation avec la restanque et son figuier dont nous nous réservions, nous les élèves des classes terminales, les branches près du sol sur lesquelles nous nous asseyions pour manger les figues confites sur leur reste de sucre à la rentrée de septembre, au dessus des allées du potager, les grands et  ingrats bâtiments construits pour être salles de classe | je contemplais en troisième le Faron derrière les vitres hautes pour m’abstraire des cours ennuyeux | sauf les terminales nichées dans ce que l’on disait une ancienne ânerie, sur une cour en contrebas limitée par un banc de pierre sous les arbres et la terrasse ombragée, dallée de rouge, devant l’ancienne maison de maître qui abritait les chambres de la plupart des nonnes, l’administration, leurs lieux de vie, avec dans l’annexe la cuisine et notre cantine, le toit baigné d’une belle brume d’incertitudes… n’ai pas retrouvé mon chemin dans  les rues qui se sont civilisées. J’ai cherché sur Google « Cours Saint Dominique - Toulon » et je les ai retrouvées, elles ou tout du moins une école libre nommée Cours Saint Dominique, plus proche que le pensais, 3100 route de la Roquebrussanne | un de ces noms qu’on ne peut prononcer sans prendre l’accent ou un accent qui s’en rapproche | à La Celle. Alors lentement ai entrepris le chemin sur Street View vers Carcès et le Thoronet… avant d’abandonner, la route est longue, de tricher, de pointer sur l’adresse, de trouver une allée qui part à côté de vignes et qui mêne à un quai de transfert des ordures ménagères et une unité de production de béton prêt à l’emploi… ai poursuivi un peu jusqu’à l’embranchement  vers l’Abbaye de La Celle, le long d’une petite route bordée d’arbres tordus et de broussailles, le Cours Saint Dominique figure sur la carte un peu au sud avec la mention « fermé temporairement », mais la Google-car n’a pas suivi le chemin qui y conduit et je l’ai laissé à sa vie ou non vie, il ne saurait me concerner.


Pour ce jour choisis le Portugal, Antonio Ramos Rosa et un poème figurant ©Dom Quixote figurant dans une traduction de Michel Chandeigne dans l’anthologie « les poètes de la Méditerranée » de Poésie/Gallimard

La maison

Un souffle apaisé dans la pénombre des bois

La maison s’est endormie, elle vit dans une tranquille pulsation.

J’entends le martèlement léger des touches de l’ombre.

Un plat en cuivre brille vertical dans l’obscurité.

La table est ronde, claire, cercle de l’harmonie.

Sur un mur glissent de scintillantes arabesques.

Le temps secrète des syllabes d’argile et d’écume.

4 commentaires:

mémoire du silence a dit…

Antonio Ramos Rosa
un grand poète au visage si beau

https://www.youtube.com/watch?v=iM8Op_jfEkI

Pierre NESTOR a dit…

Très beau, il y a du Marguerite Yourcenar dans ce texte , entre désir et dépit de renouer avec le passé.

Brigetoun a dit…

merci Maria, oui

Brigetoun a dit…

trop gentil Pierre