Jour qui point ne veut
en lumière tamisée
ou sous averse
L’attente angoissante
et la danse des enfants
ou le joyeux chahut de la fin de l’école…
N’ai pas fait tout ce qu’aurais dû pour me préparer, m’en veux juste assez pour ne pas me résigner mais sans m’aveugler sur ce que puis.. Ai fait, un peu trop vite, le premier des exercices de l’atelier d’été de François Bon… je pense | déciderai demain pour le second | que vais laisser les nombreux participants que de toute façon je ne lirai pas continuer avec mon salut respectueux (la maison, les frusques à rendre vaguement portables, la carcasse, un peu de Rosmerta et autres, Paumée et le festival me suffiront ou plutôt dépasseront mon possible.
Et je recopie le#2 de la troisième boucle de l’atelier interrompu pour le moment
ça a commencé par les oiseaux
Jambes allongées, pensant à tout ce que dois et veux évacuer : un vieux petit four à poser, une chaine de radio inutilisable, des pots de plantes, des vêtements indignes d’être donnés à une friperie… et découragée par les difficultés de la chose je remets une fois encore à un plus tard de plus en plus vague la recherche de l’entreprise qui viendrait chercher l’ensemble en haut de mon escalier pour le charger dans un camion devant le public oisif et curieux du café et l’emporter dans une déchèterie sans me faire payer le coût du débarras de gravats d’un chantier important…, je secoue mentalement mes épaules avec précaution pour ne pas éveiller l’idée d’une douleur et pour renouer avec l’immédiat me vient mon petit mantra « ça a commencé par les oiseaux ». Oui, ça a commencé ainsi, les assiettes de faïence ou porcelaine ornées d’oiseaux dont je faisais collection et qui posées verticales sur les rayonnages devant des livres n’ont pas supporté le contact avec les carreaux de terre cuite… chacune était chargée d’un souvenir, d’un sentiment, d’un coin de rue, du sourire du donateur et il m’en reste des tessons utilisés pour coincer une porte, un dessin posé au fond d’une niche ou pour faire rempart aux feuilles voltigeant vers l’évacuation de la cour… Mais cette fois encore le mantra ne me relance pas dans le jour mais me ramène à lui, à sa caverne comme nous appelions la grande pièce à l’arrière de sa villa de si belle et classique apparence, à ma surprise joyeuse et ahurie en la découvrant, guidée par lui et l’amie qui nous avait présentés, après l’austérité chic, la nudité de métal, bois sombre et étoffes grèges du salon, à sa voix où revenaient peu à peu les cailloux des gaves des Pyrénées disant « oui c’est ainsi, n’y peux rien ou ne le veux pas… » et puis « ça a commencé par les oiseaux… », racontant la découverte par hasard dans une brocante d’un faîtage surmonté d’un oiseau en plomb portant trace d’un siècle ou plus d’intempéries | celui devant lequel je m’étais arrêtée souriante |, la décision de prendre l’oiseau, sous toutes ses formes, en tout matériau, qu’il soit beau ou minable, charmant, ridicule ou agressif… comme objet de sa collection d’adulte, pour renouer avec la passion de sa quête, enfant, des buvards décorés. Et comme l’amie tournoyait en tendant un bras, s’interrompant de temps en temps pour montrer l’un ou l’autre des objets entreposés en ce qui n’était pas vraiment un fouillis désordonné comme on l’aurait pensé au premier coup d’oeil mais un agencement surprenant derrière lequel semblait régner un soin mélangeant un souci esthétique et le plaisir de l’absurde, il a reconnu que bien sûr il n’en était pas resté là, à ses trouvailles | et il montrait le gigantesque faucon de pierre au cou duquel était noué un vieux foulard d’Hermès orné d’oiseaux rose et or | ou à ceux qu’il avait reçus | au dessus d’une petite cuvette emplie de gravier dans lequel étaient plantées des tiges de fer portant des oiseaux ou des fleurs de céramique peinte joliment ridicules | mais que le pli étant pris, il avait pris l’habitude de céder à toutes ses envies passagères, sans trop se soucier de leur utilité ni de savoir si le charme trouvé ou l’intérêt porté à sa trouvaille serait durable, et nous avons continué à circuler, à nous faufiler entre les hautes hottes de rotin au tressage si savant qu’il s’apparente à une dentelle en relief que je saluais comme des dérives abâtardies de celles avec lesquelles je jouais chez mes grands-parents (leur manquait le couvercle conique coulissant sur des cordelières et il m’a confirmé que dans le village vietnamien d’où elles venaient il en avait vues de semblables dans les maisons) et les nasses de bambou, nous arrêtant devant une clairière sur le sol de laquelle était posées sur des nattes colorées en tiges de souchet ou des paréos des plateaux d’osier tressé, de cuivre ciselé ou de grandes plaques de bois océaniennes sculptées avec une gaucherie qui sentait la fabrication pour touriste, nous penchant sur un panier contenant des sonnettes de vélo pour tenter de tirer une musique à même de nous séduire du petit orchestre que nous improvisions en les manipulant. Et ce fut le début d’une amitié qui dura quelques mois, jusqu’à ce que l’amie déménage, que je n’ai plus de prétexte pour revenir dans la région et que je les perde de vue tous deux.
4 commentaires:
"Oiseau en plomb" : un oxymore pas souvent utilisé ! :-)
le fait est que pour voler c'est un peu difficile (des ailes de plomb)
merci pour votre gentille fidélité Dominique
Oui, c'est ainsi... toujours, "ça commence par les oiseaux"
n'est ce pas ?
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