J’aime la chaleur
ou plutôt l’ai tant aimée
elle ne m’aime pas
du moins c’est ce qu’on nous dit
j’enrage mais suis sage
Marcher doucement
dans la douceur des ombres
et le crâne en paix
Au surplus un peu trop d’efforts matin (pourtant relatifs et insuffisants) et paresse décidée - podcasts Frane Culture, quelques images sur le live du Monde pour les jeux et je reprends, comme l’avais fait sur le site de l’atelier, à la suite du prologue publié hier le texte écrit en 2019 sur le même thème (et qui doit figurer quelque part sur Paumée déjà)
Suis née.
Ai été un miracle. N’ai plus été un miracle.
Ai accueilli les miracles suivants, ai protégé les de moins en moins miracles suivants, ai trouvé qu’ils prenaient de la place mais c’était amusant. Ai été chef de file. Ne voulais pas être chef de file. Ai cédé les rênes au numéro deux.
Ai aimé avoir confiance dans les adultes. Les laissais décider. Les écoutais . Et souvent choisissais de ne pas. Disais non. Constatais alors qu’ils avaient raison. Souvent. Etais rassurée. Revenais et disais oui. Ou bien me taisais.
J’ai menti, j’ai aimé mentir, j’ai trouvé cela plus joli et drôle, je n’ai jamais menti utilement ou ne le voulais pas. J’ai imaginé des histoires pour les petits. Me plaisait trop. Les ai ennuyés. Ai gardé mes histoires pour moi.
Me cachais ce que n’aimais pas et de ce que n’aimais pas. Me cachais. Décidais de ne pas voir ceux que n’aimais pas. Fermais les portes. Me regardais. Espérais me voir autre. Avais peur des regards. Mais aimais les sourires et me moquais de savoir à qui ou à quoi ils s’adressaient.
Bougeais peu. Savais ma maladresse. Cassais ce que j’aimais. Mais lançais mon esprit, avec enthousiasme, trop vite. Croyais comprendre ce que voulaient les gens. Me trompais souvent. Le savais. En fait me trompais très souvent sur les gens. Aimais qui il ne fallait pas. Aimais qui ne m’aimait pas. Aimais bien ou aimais vraiment mais en silence. Me contentais de ce plaisir. Ai grandi, un peu. Ai vieilli surtout. Ai appris à aimer la solitude. Me voulais quiète. L’étais parfois.
Ai appris à lire. Ai voulu savoir lire pour découvrir ce qui était écrit. Ai aimé lire. Mais ne comprenais pas. Lisais en attendant. Me moquais un peu du sens. Goûtais la musique muette sous mes yeux. Ai grandi ou vieilli pour cela aussi. Ai relu. Ai choisi au fil des ans qui comprendre à travers la musique de sa langue. Griffonnais en cachette. N’osais montrer que ce qui était devoir ou plus tard travail. Ai été absurdement fière d’avoir rédigé les lettres types du Cabinet. Aime toujours les mots plus que le sens affiché.
Avais peur des autres. N’en ai plus peur pour moi depuis longtemps. Regardais, regarde l’humain avec effarement, pour le mal ou le bien. Détestais et redoute les indiscrets. Me reprochais ma lâcheté quand j’aurais pu aider et me reproche ma maladresse quand je le peux. Refusais de me pardonner, fais avec.
Pensais différent. Pensais contre. Ai vécu un temps dans un monde de pensées muettes si pensée y avait. Avec le temps ai trouvé avec qui penser en accord. M’en inquiète un peu.
Voulais avoir oeil innocent, sauf pour travail. Me méfiais des idées. Ne voulais pas penser. Ne pouvais que penser. Détestais, non déteste le mot raison. N’aime généralement pas ce que je comprends.
Ne croyais pas au mot bonheur. Ai décidé d’en ignorer l’idée. Il m’a ignoré, m’a laissé les joies. Pense que c’est bien.
Vivais à côté de ma vie. M’étonnais de la vie. M’étonnais encore un peu de moi. Voulais pourtant être vue. Choisissais le ridicule.
Avais décidé que je n’aimais pas la vie ou ma vie. Jouais avec l’idée, juste l’idée de la mort.
Mais c’est ainsi, chaque fois qu’il l’a fallu, jusqu’à maintenant, me suis cramponnée à la vie..
6 commentaires:
Superbe introspection sans concession ... Bravo pour cette performance si humaine et respectable qui fait écho et concrétise ce que l'on n'ose penser de chacun de nous Coucou c'est moi AA
merci et coucou à toi amie AA au joli prénom (sourire)
Se lit dans un souffle. Très beau.
merci
Ô ! Quel beau prolongement au texte d'hier
j'aime vraiment beaucoup beaucoup
cela réveille en moi des images, des senteurs
en fait x"étit un avant propos 77 ans après (première version en 2019)
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