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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, août 14, 2024

Fenêtres - et une lettre

 


Deux degré de moins et deux cent grammes de plus mais pas tant vaillante encore m’en suis allée dans les rues bleues sans air faire imprimer documents enregistrés sur ma clé USB,




frappée une fois encore par un reflet sur des volets, cueillant images de fenêtres sur mon chemin qui fut improductif pour divers petits ennuis côté tirage (à refaire demain) mais de bonne durée et bonne fatigue point trop anéantissante.




Mais comme le reste demi journée fut sans le moindre intérêt (en supposant que les fenêtres en présentent un minuscule) je continue à recourir à l’atelier d’été avec le #3  


La lettre dans le livre


La lettre, je l’avais glissée dans un livre. La lettre qui tombait mal. La lettre qui avait heurtée ma fatigue solitaire. La lettre que ne voulais retrouver. La lettre que ne voulais jeter. La lettre qui me venait de ce que ne voulais considérer comme le passé. La lettre venue de ce qui ne voulait m’abandonner, de ce que ne voulais abandonner. La lettre qui m’avait fait sourire, rêver un peu de promenades avec chien dans la nature. La lettre qui m’avait mise en colère. La lettre qui s’invitait des années après dans mes pensées. La lettre que revoyais, que croyais revoir, petit carré de papier rugueux fait main, carré ou presque puisque plié en quatre, avec une écriture au bic. La lettre que brusquement voulais retrouver. La lettre à relire ou à jeter pour qu’elle ne soit pas trouvée. La lettre qui était dans un livre. J’ai pensé que ne saurais me souvenir dans quel livre. J’ai pensé qu’elle devait être là puisque me souvenais qu’après un premier déménagement je l’avais trouvée en feuilletant un livre et vite placée dans un autre. Je me souvenais que c’était dans mon dernier studio parisien. J’ai pensé qu’alors elle n’avait plus beaucoup de sens mais que l’avais conservée. J’ai pensé qu’elle n’était pas dans un des livres entassés dans la cave. Une des livres de ces tas pourrissants enlevés en grands sacs par une entreprise de débarras. J’ai regardé les livres qui m’entouraient. Ils ne m’ont rien dit. Protégeaient la lettre. La lettre qui devait être dans un des plus vieux. La lettre qui se blottissait sans doute, comme un marque page, comme un billet de théâtre, une liste de course ou de mots entre les pages d’un livre de poche peut-être un peu jauni, peut-être un peu corné. Un livre dont je n’imaginais plus la couverture. J’ai pensé qu’il devait être là dans les secondes rangées d’un rayonnage, bien planqué derrière les dos que je voyais, là, bien refermé sur la lettre. J’ai pensé qu’il devait être un de ces livres dont ne me restait que l’idée qu’ils étaient là, présents et devenus traces de mon passé, hors de portée puisque n’avais plus guère la force d’extirper un de ceux derrière lesquels se cachaient. J’ai pensé que ne me souvenais plus vraiment de la lettre, juste de cette phrase et de la poésie insultante de cette marche solitaire dans la nature avec un chien. J’ai pensé que ça n’avait pas d’importance. La lettre est restée présente et rêvée

2 commentaires:

Pierre NESTOR a dit…

« La lettre est restée présente et rêvée », donc pas nécessité de la matérialiser, elle pourrait s’appeler : « à la recherche du temps perdu ».

Brigetoun a dit…

merci Pierre, à la recherche d'une autre vie possible