Pressée par le temps
dans les jeux de lumière
sous un franc ciel bleu
topinambour et cerfeuil
une tranche d’espadon
Quelques autres broutilles et, juste à côté des halles, une provision de papier Q… des sourires et un retour... contente de moi.
Repris mon texte pour le #8 de l’atelier « écopoétique », l’ai achevé en prenant, ai publié l’ensemble qui est trop long et sans intérêt (mais j’ai aimé l’écrire ce qui n’est guère une excuse, juste une explication de ce résultat).. me suis partagée entre la discussion du budget calamiteux (il ne restera plus rien; «économiquement et moralement du pays à la fin de ces deux quinquennats) et les tweets des journalistes suivant le procès de Mazan, et je recopie le déjà un peu trop long #3 de l’atelier (les deux premiers datant de juin je crois, doivent déjà figurer sur Paumée)
La restanque
Lui, le colonel comme ils l’appelaient, le Vivien dit Vincent, il est arrivé l’autre soir sur la terrasse des Bernier par le jardin comme le familier de lieux qu’il semble être, larges épaules, gros cou ridé et face non moins, teint de brique et grand sourire au dessus d’un grand couffin d’où dépassaient un bouquet de camélias et une gerbe d’herbes sèches , cachant pour les faire accepter comme un cadeau baroque les petits artichauts violets « je ne sais plus qu’en faire, le Joseph a fermé boutique un peu trop tôt… ». Il a une maison là haut pas loin du sommet du mont à laquelle on grimpe par un chemin caillouteux | il descend dans le faubourg de la ville avec une ânesse pour ses courses parait-il, mais là il était venu dans la camionnette 2 cv qu’il abrite chez un garagiste au bas du raidillon | il a une maison donc avec une terrasse d’où l’on a une vue merveilleuse sur le port et la côte plus loin, la découpe des caps, des anses, et même en cherchant bien nos toits, et il aime en faire profiter dans des goûters-cocktails détendus en apparence, assez raffinés en fait grâce à sa gouvernante ; il est veuf, à la retraite depuis longtemps et partage sa vie entre quelques amis, les connaissances de ceux-ci conviés à quelques dates choisies on ne sait pourquoi, la rédaction de ses mémoires comme il se doit et l’entretien d’un jardin créé par lui à mi-flanc qu’il m’a invitée à venir voir, accompagnée par Mimi Bernier.
Après le vin de citron, les croquets et les petits sandwichs au concombre qui détonnaient un peu il nous a guidé vers les quelques marches conduisant, à droite de la terrasse à la première des restanques. J’avoue que là me suis attardée, pour sa plus grande joie et fierté, et pour l’agacement de Mimi, devant la beauté du mur de soutènement de pierres sèches, « c’est un vieux qui m’a appris, le jardinier d’amis ou plutôt comme on disait de connaissances qui m’avaient prêté leur maison de vacances, un peu plus loin, en dessous de moi, pendant qu’on finissait de retaper la mienne et avec lequel me suis si bien entendu pendant un petit mois qu’à la fin l’ami c’était lui et non plus ses patrons dont il parlait avec un peu de dépit pour leur manque d’attention à leur terre, nous avons refait ensemble le soubassement de la terrasse, le terrassement et le mur de cette restanque c’est moi, suis devenu expert » | avec un petit sourire de fausse ironie | et nous nous attardions, il m’expliquait le choix des pierres, je les touchais, j’admirais la diversité des tailles, des couleurs, la justesse de l’agencement, il revivait son travail… et puis nous avons avancé le long de la petite haie d’arbousiers, interrompue pour le plaisir par un genévrier, qui voulait protéger les quatre carrés de plantations, celui planté d’ail, d’oignons blancs et pailles, de cébettes à différents stades de maturité limité par une rangée d’échalotes avant un buisson de ciste, et là il m’a montré gisant sur la terre près de ces soeurs enterrées une oya en m’expliquant son utilité, le second voué aux tomates simples avec la coquetterie de plants de tomates vertes zébrées, de deux plants de tomates ananas et d’une rangée de tomates tonnelet, puis après une petite allée le domaine des petits artichauts violets accompagnés de quelques salades, des laitues d’assez piètre apparence, laissant un coin biné pour du mesclum qu’il n’avait pas planté, avant le dernier carré réservé aux herbes borné par deux rosiers sans fleur er le grand laurier jaune côtoyant l’escalier montant à la restanque supérieure, en fait une terrasse existant depuis longtemps, assez profonde pour abriter deux bancs, une table, un grand agave face à l’escalier, un vieil olivier veillant sur l’ensemble, deux amandiers dont l’un, le plus ancien m’a ravie par l’éloquence torturée de ses branches et son tronc torsadé et deux buissons de camélias tout au fond à l’ombre. Sommes restés là un moment tous les trois en contemplation, Mimi et moi chacune sur un banc, lui planté devant la table, les jambes un peu écartées, caressant d’un regard fier de propriétaire, de terrien installé regardant la mer, son bout terrain en friche au dessous et la vue.
4 commentaires:
Superbe texte
merci
Merci Brigitte, pour ce beau texte et comme un bouquet de saveurs et d'odeurs déposé sur ma journée avec ces deux mots nouveaux, si étrangers à ma culture bretonne. Restanque et cébettes. Je les retiens avec mes autres provisions d'hiver...
Anonyme: Claudine C. ( précédent message)
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