Matin, ayant dit que j’allais renoncer à l’atelier du tiers.livre, j’ai bien entendu repris et terminé tant bien que mal mon texte (en partie sur l’impossibilité) pour le #9… Et comme le ciel était bleu, comme je n’avais pas assez marché hier, je suis partie (marchant un peu plus brièvement encore — pas tout à fait 3/4 d’heure)
grimper dans petit vent bien froid vers la place du Palais, mes jambes criant devant les marches…
suivre la rampe qui monte au parvis devant notre cathédrale, m’étant fixé en ce jour où tout ou presque était fermé, de rendre visite, en lisière du jardin qui est fermé pour réfection, le monument aux morts de la ville.
L’ai salué à travers la grille qui n’avait sans doute été ouverte que le temps de la cérémonie et suis redescendue tout doux,… un petit tour en ville trop bref peut-être mais cela m’avait largement suffi et me suis installée avec cookie et thé bien amer devant mon ordinateur, en interrompant de temps en temps mon écoute de la vidéo de la seconde séance du séminaire au Collège de France consacré à la partie « chercheurs » (EHESS, CNRS, Département de la Recherche de la Valorisation et du Patrimoine culturel immatériel, Laboratoire de recherche des monuments historiques, Agence Notre Dame mandataire de la maîtrise d’oeuvre ainsi qu’un adjoint « Science et patrimoine » de l’Etablissement public maître de l’ouvrage) des travaux de restauration de Notre Dame, passablement passionnante, pour recopier (alternant entre les deux) quelques brides du journal de guerre écrit « en direct » en 1914 de Henri Aimé Gauché fils d’un limonadier de Château-Chinon, soldat de deuxième classe d’abord agent de liaison puis téléphoniste. (publié dans « Paroles de Poilus » Edition Librio)
« La traversée de Commercy se fit au pas cadencé arme à l’épaule. Il importait de ne pas offrir le spectacle d’un troupeau incohérent et flasque. Montrer à la population les signes extérieurs d’une troupe organisée et disciplinée. Dieu ! Que c’est long ce bourg…. Ma baïonnette s’empêtre dans mes cuisses... Regardez, bourgeois notre pas cadencé permet à votre volaille de cuire en son four.
….. en levant les yeux, j’aperçus une fillette jolie et mièvre un peu… A voir ses yeux émus et admiratifs, j’ai compris que sans doute nous étions beaux… Nous portons dans nos cartouchières la mort. Nos fusils tuent… Nous sommes une bête formidable qui pourrait broyer cette enfant, sans la voir, sans entendre ses cris et sa plainte. Son admiration est une vague d’effroi et de piété. Nous sommes un énorme troupeau de formidables douleurs…
… dans mon chaos, je ne trouve de causes et de raison à mes souffrances que le besoin de jouir et de paraître chez mille qui ne sont pas à la peine. Et si je refuse de souffrir pour leur donner des honneurs ou de la joie, des richesses et des maîtresses jeunes, jolies et parfumées, je ne suis pas assez austère pour agréer l’attente de ces maîtres, et j’ai l’estomac trop vide. Je suis trop sale et j’ai trop de poux. Je ne peux croire que c’est le fumier qui fait la rose… »
Après la guerre il reprit la direction de l’entreprise paternelle en remplacement de son frère aîné tué au début du conflit.
PS
Sur la cathédrale un PDF du CNRS résumant (70 pages) les différentes interventions lors du colloque « Naissance et renaissance d’une cathédrale - Notre Dame de Paris sous l’oeil des scientifiques »
10 commentaires:
trois quarts d'heure ce n'est pas si mal (c'est même bien) - merci pour les poilus... P
et merci pour votre passage !
Bel extrait de ce livre moins connu que "Le Feu" d'Henri Barbusse…
Quant à Notre-Dame de Paris, notre cher Président va s'y installer et discourir le 7 décembre (pourquoi pas en chaire ?), au mépris de toute convenance laïque.
Dernier point : la grosse flèche rouge au pied du Palais me rappelle l'étalage sur la place de mini-chalets il y a quelque temps, défigurant ainsi le site. La maire d'Avignon a peut-être d'autres chats à fouetter ? ;-)
oui cette flèche... etcomme elle a été conçue et payée il y a quelques années et que la ville n'es pas riche... on l'use
Le pape a tout compris ...et les corses n'en reviennent pas ..
Le monde tourneboule
Beau ton bleu du ciel des poilus
Arlette, que le monde tourneboule j'en suis d'accord mais pour le Pape et les Corses je ne comprends pas (ai du louper une. nouvelle)
Brigitte le pape ne vient pas pour l'inauguration de N Dame mais va rendre visite pour un colloque en Corse (qui n'a jamais eu l'honneur de recevoir un pape)
c'est un bon pape... quoique... Notre Dame c'est pas mal (mais Marseille aussi,)
Merci pour cette page
anti-oubli
certains ont réussi à en parler
pour d'autres les mots n'ont pu s'extraire tout à fait
de leur gorge (Giono)
Giono en a gardé le souvenir
Enregistrer un commentaire