Joli matin du 25 décembre, réveil tout doux, mails à la famille pour qu’ils lisent dans un trou de l’animation, après les échanges de cadeaux, le rangement des brioches, les consolations à celui ou celle qui pimente rituellement l’atmosphère avec un petit ennui ou une tête lourde ou des éternuements… ciel lumineux… entre deux tartines le désir de fumer, le rappel que : oui plus que deux cigarillos pas de quoi faire la journée et zut pas de briquet en réserve et flamme déclinante, deux bouffées, allumer une bougie pour avoir réserve de feu et vers dix heures et demi sortir pour marcher un peu et me mettre en quête d’un bureau de tabac, les yeux dans le bleu intense qui va avec le petit souffle froid.
Comme prévu le bureau de tabac à côté est fermé et les rues désertes, trois passants âgés, vieux solitaires ou en marche vers petits enfants rue Saint Agricol, les guirlandes entourent des volets de fer, les terrasses sont empilées et le bureau de tabac au coin de la place de l’horloge est fermé…
penser, comme le dimanche et les jours de fête, à la Civette en face du théâtre, mais pour marcher faire le tour par Saint Pierre, sa place déserte et le Rouge Gorge… la rue Peyrolerie et son vent…
là ahurissement, la Civette est également fermée comme tous les cafés et restaurants de la place, reprendre la rue vers les Halles … me dire que tout ce coin doit dormir également, tenter la rue de la République, ne rencontrer personne sauf des tireurs de valises et des gamins qui font les idiots sur leurs vélos, les trois bureaux de tabac sont fermés, comme tout sauf le Carrefour — mais vendent pas de tabac — et même les assis tendant la main sont absents… des couvertures attendent leur propriétaire près d’une des boutiques qui n‘ont pas trouvé de repreneur…
Tenter sans conviction la gare, emprunter pour la première fois le parvis depuis les travaux, avançant dans ce désert surmonté de bleu profond vers des portes fermées, franchir un peu à côté les glaces qui s’ouvrent devant moi, admirer le nouvel aménagement intérieur, le Replay s’est déplacé, il a une allure claire et moderne, surtout, miracle, il est ouvert… tournicoter un peu entre confiseries, journaux et livres et me diriger vers le petit comptoir… ils n’ont pas de cigares, rien que des cigarettes, ah non ils n’ont pas de brunes, que des blondes, les paquets sont tous bruns, seules les horreurs dissuasives les illustrant et leur taille permettent de les distinguer… m’étonner de constater qu’elles sont plus chères que les cigarillos, chercher à me souvenir de marques, me faire conseiller un paquet anonyme qui me plaira surement dit la dame que je désennuyais : le tabac est plus fort, acheter un gros briquet parce que rien d’autre, sortir, les remparts franchis dans un coin moins venteux me battre avec le paquet pendant cinq bonnes minutes avant de l’ouvrir, jeter avec agacement le bout filtre (contact désagréable et vous colle des saloperies en plus de la nicotine) allumer et oui c’est fort et acre, sans la rondeur du brun (la différence entre blondes et brunes ne tient pas tant à la force qu’à cette horreur piquante des blondes) ma tête tourne, mes jambes se font molles, je jette la cigarette et rentre branlante… bon je m‘y suis faite un peu et j’en ai allumé et en partie fumé quatre mais j’attends avec impatience demain matin. C’est tragique non ?.. Je me demande où étaient passée la petite société des à la rue… j’espère que leur solution de rechange n’était pas trop pénible.
2 commentaires:
A Noël, dans la cheminée : pas de fumée sans feu ! :-)
Avignon, comme si on y etait.
Merci
Enregistrer un commentaire