Reprendre chemin
et capter le ciel, des fleurs, des trous d’ombre, un lapin coquet et par l’entrebâillement d’une porte des êtres en tenues extravagantes et deux bras gisants
Mais ne pas suivre l’injonction de ma contribution au #10 de l’atelier du tiers livre
aller aller, plus loin, au delà, se hater
Aller aller plus loin, au delà; aller, aller, se hater
Aller aller vers la terre que l’arbre semble créer pour y ancrer les graines que le vent a plaqué sur la minuscule accroche du rocher, la terre assoiffée qui ouvre ses sillons comme une bouche pour se nourrir de vie, l’ocre rouge devenu terre sur les chemins de Roussillon, la légère terre poussiéreuse semée d'aiguilles de pin,
Aller vers la crainte de la foule, crainte d’avoir peur, les craintes à affronter. Aller en gardant raison vers les discours et récits nés des algorithmes, de l’IA et de sa salade.
Aller en gardant sagement bridée en soi ses rages que femme ne doit exhiber, aller sous les regards, aller en tentant sourire vers les moments de détresse, aller vers le triste en s’appuyant sur les douces brindilles de la vie. Aller sans peur, avec tendresse vers l’étrangeté des autres, les regards qui appellent depuis leur égarement. Aller en opposant aux douleurs des petits rites idiots en y mettant sa sauvegarde.
Aller dans ce jour qui attend.
Plus loin que l’espace ouvert par la porte de bois brun, plus loin que la femme assise dans un royaume de chintz, plus loin que la sagesse.
Plus loin que la certitude enseignée que le cri ne doit pas être proféré, ne doit pas sortir du ventre crispé dans un sourire pour ne pas le laisser jaillir avec une violence joyeuse de cette liberté. Plus loin que le recul craintif devant une étrangeté, même discrète, plus loin que la bouche tordue la joue en boule et le regard fuyant, plus loin que la barrière de ce visage, au fond des yeux qui appellent.
Plus loin avec les nuages navigant dans le ciel mais pas plus loin que la pureté sereine du chant des nonnes, non pas plus loin pas jusqu’à la spiritualité qui nourrit leur chant ou à l’indifférence qui assure la basse soutenant le chant.
Au delà du silence qui accompagne le frémissement blanc du jour s’apprêtant à être, au delà de la tendresse conquise de l’oubli nocturne, au déjà de l’instant enfui trop vite pour être, au delà de l’attendrissement devant ce qui accompagne ce qu’on n’ose aimer.
Au delà du recul de peur et au delà de l’attirance vers la différence, au delà de la foi en la possibilité d’une empathie pour le parcours dans l’enfer que traverse par ce corps.
Au delà des conventions, au delà de la sagesse, au delà du souci de ne pas déranger, au delà de la peur de peser, au delà de l’inutilité, au delà de la crainte de laisser l’intime exposé, au delà des gestes brusquement achevés, au delà des voix fortes, au delà du rempart de la sérénité.
Au déjà du carreau de vitre qui déforme ce profil absorbé dans la lecture, au delà des chemins du jardin, de l’odeur de la terre mouillée, des fleurs qui se penchent.
Par derrière les mains qui s’activent savoir le silence de l’esprit qui les guide en leur laissant le discours, par derrière les yeux qui se détournent deviner l’ignorance la crainte l’indifférence, ou une urgence, par derrière les sourires échangés courtoisement et les phrases qui ne débordent pas le travail entendre le rêve le cri des esprits.
Se hater pour ne pouvoir être arrêtée, se hater parce que nécessaire, se hater pour montrer l’empressement, se hater parce que désir.
Se hater de poser une barrière pour qu’une souffrance devinée s’y abrite. Se hater derrière une banderole en laquelle on ne croit qu’à demi pour la chaleur du compagnonnage avec tous ces désirs mêlés de réserves; Se hater d’aimer et se hater de le taire. Se hater ostensiblement vers un but assigné en souhaitant des embuches.
Se hater d’oublier et ne le pouvoir. Se hater de se concentrer pour que dise sincérité le sourire.
Se hater de trouver un chemin de traverse, se hater de ralentir les grands pas pour que l’imprévu s’en vienne.
Se hater, ou le dire, mais éviter de déranger le moi secret.
PS
Sans rapport avec le 1er mai, et en décalage, je me vote un 2 mai férié et chômé (même si bien entendu mes commentaires éventuels, Paumée ou quelque texte que ce soit ne sauraient considérés comme un travail.
7 commentaires:
Wouah je reste sans voix l'esprit tourneboulé par tes mots ..je vais relire encore
Comme message d'espoir de ne rien lâcher
oh grand merci Arlette de m'avoir lue (revenais sur précédentes contributions)
Votre beau texte tout en retenue et pudeur, pourriez-vous vraiment déranger, suscite bien des échos en pointant des interrogations que je ne me savais pas porter. Merci.
Superbe !
ou plutôt hésiter merci Dominique
trop gentille Elise (sourire)
merci
Enregistrer un commentaire