Matinée avec réveil tardif, petits tours internet, cuisine, déjeuner, sieste lourde, comme d’ordinaire et départ vers Villeneuve dans l’après-midi.

J’hésitais entre la Chartreuse etle Musée Pierre de Luxembourg que je préférais parce que je ne l’ai pas visité depuis plus d’une dizaine d’années je crois (et ça aurait préférable parce qu’il est plus petit et que les oeuvres qu’il contient pour remarquables qu’elles soient sont en nombre limité mais ce ne faut pas lui parce que la vieille idiote n’avait pas fait attention au fait navrant qu’il est fermé le lundi)… J’ai donc continué vers la Chartreuse me réjouissant du fait que je n’avais eu aucune hésitation cette fois sur le trajet.. pas plus que n’en aurai par la suite dans la chartreuse
J’ai passé l’entrée puis le porche de la Chartreuse, j’ai suivie l’allée des Muriers vers la caisse d’accueil, j’ai appris qu’il n’y avait cette fois qu’une exposition qui bien entendu se tenait dans la bugade..

J’ai commencé la visite par une petite errance dans l’église conventuelle, en négligeant le tombeau d’Innocent VI et donc je ne recopie que le reste du texte trouvé dur le site « L'église Saint-Jean-Baptiste puis Sainte-Marie fut édifiée par le pape Innocent VI pour les offices de chœur de la communauté.
Son état actuel est assez éloigné de celui de 1356-1362. L'espace primitif était beaucoup plus réduit, puisqu'il n'y avait que trois travées et suffisait aux douze pères de la première fondation et au chœur des frères.
Le bâtiment se distinguait par sa très grande sobriété conforme à l'Ordre des chartreux et à sa volonté d'austérité. Ce dépouillement est aussi celui de l'architecture gothique méridionale au moment même où le Palais des papes d'Avignon devient somptueux. Alors que le gothique septentrional privilégie les piliers et les vitraux pour laisser entrer la lumière, le gothique méridional se caractérise par des murs pleins, la ligne pure des voûtes, le contrôle de la lumière, des contreforts massifs. La sobriété de l’architecture renvoie à la méditation vers le for intérieur. Le lien à Dieu relève de l'intime.
Le pape, deux ans avant sa mort, fait agrandir l'église en accolant au chœur la chapelle de la Sainte-Trinité, dans le but de s'y faire inhumer et d'y placer son tombeau. Cela fait partie des nombreux privilèges et particularités de la chartreuse de Villeneuve lez Avignon d'accueillir la sépulture d'un pape. Alors que les pères et les frères chartreux étaient enterrés à même la terre, sur un tertre, avec pour seule marque une croix de bois sans aucune inscription, le faste qu'impliquait la sépulture d'un pape contrastait avec cette sobriété et dérogeait à la règle qui prohibait l'inhumation de toute personne extérieure à l'Ordre. Plus tard, l'église accueillera d'autres sépultures d'imminents personnages, dont les neveux du pape ou encore le Prince de Conti.
À la mort du pape, ses neveux veillent à la continuité de l'œuvre. Pierre Selva de Monteruc double l'effectif d'origine de la communauté. Cela nécessite entre autres de construire une travée supplémentaire et un mur de séparation dans l'église pour délimiter le chœur des pères de celui des frères.
Au cours des siècles, l'église deviendra un véritable écrin, témoin de la puissance et richesse des chartreux et de leur goût pour l'art.
Au XVIIe siècle, une magnifique porte sculptée, réalisée d'après un dessin de François de Royers de la Valfenière marque son entrée et fait partie des travaux d'embellissement alors réalisés, comme le portail de clôture du monastère dessiné par le même architecte. Le symbole de l'Ordre - un cercle surmonté d'une croix - figure sur la porte dans un cartouche. La porte, telle qu'on la voit aujourd'hui est une reproduction. L'originale est exposée au musée Pierre-de-Luxembourg.
Au XVIIe et XVIIIe siècles, la chartreuse est à l'apogée de sa puissance. Elle est devenue la plus riche chartreuse du royaume.
Les temps ont changé. L'iconographie intransigeante a cédé la place à une conception de l'image stimulant la prière et la contemplation intérieures. Le Couronnement de la Vierge - chef d'œuvre désormais incontournable de l'histoire de l'art - commandé en 1453 à Enguerrand Quarton, témoignait déjà de cette évolution. Le concile de Trente renforcera la tendance. Il faut alors imaginer l'église colorée, resplendissant de dorures, revêtue de lambris, de retables de bois ou de marbre polychrome.* Elle est ornée des magnifiques tableaux commandés aux peintres les plus en vue du moment ou offerts en dons. Une partie de ces œuvres sont aujourd'hui au musée Pierre-de-Luxembourg. La visite du musée est donc un riche contrepoint à celle de la chartreuse.
L'édifice éventré a aujourd'hui perdu son sanctuaire. La brèche date du XIXe siècle alors que le monastère, laissé à l'abandon après la Révolution, avait été investi par les villageois comme quartier de Villeneuve. C'est ainsi que le tombeau d'Innocent VI servit de clapier à lapins et que l'abside, transformée en grange s'est effondrée sous les charges que le paysan suspendait à sa voûte. Les turpitudes de l'histoire de la chartreuse laisse paradoxalement l'ouverture éblouissante et étonnante de cette église sur le mont Andaon et le fort Saint-André…. »
De là je suis passée dans le grand cloître « Le grand cloître est un promenoir qui réunit les cellules des douze moines de la première fondation. Les cellules actuelles résultent d'une réfection de 1610, elles ont remplacé les premières vraisemblablement en bois. Chaque habitation de moine a sa marque individualisée par un signe alphabétique et son guichet passe-plat pour la distribution des repas. On peut visiter une cellule "témoin" vers l'angle sud-est du cloître.
Le cloître est aussi un espace vert. Dans sa partie la plus au sud, près de l'église, les religieux trouvaient sépulture et étaient enterrés à même la terre. C'est la raison pour laquelle on trouve en bordure de ce cimetière, une petite chapelle, dite "chapelle des morts" (datant du XVIIIe siècle) et que ce grand cloître est aussi dénommé cloître du cimetière ou cloître des morts. (On aperçoit sur une des photos, là où un bâtiment s'avance sur le cloître, le toit de la chapelle des morts.)
Les cellules de moines accueillent aujourd'hui des auteurs de théâtre, des acteurs ou metteurs en scène invités en résidence par le Centre national des écritures du spectacle. »
J’ai avancé jusqu’au bout de la galerie de droite qui mène à la bugade où se tenait cette fois l’exposition, intitulée « étranges pulpes » d’oeuvres de Jimmy Richer
« La bugade est un terme d'origine provençale (bugado) qui désigne la grande lessive du linge de maison et par extension le lieu où on faisait la lessive.
Équipée d’un puits et d’une vaste cheminée, les frères chartreux y lavaient donc le linge.
L'espace, tel qu'on le visite aujourd'hui, a été l'objet d'une réfection au XVIIIe siècle. La belle voûte d’arêtes constitue un exemple remarquable de savoir-faire des tailleurs de pierre de l’école d’Avignon au XVIIIe siècle.
La prison
Les prisons sont traditionnelles dans les chartreuses du Moyen Âge. Elles perdurent jusqu'à la Révolution de 1789 malgré les limitations des édits royaux. Dans toutes les chartreuses réoccupées après la Révolution, les prisons ont été détruites : la justice seule dorénavant se reconnaissant le droit de mettre en prison.
On s'est longuement interrogé au sujet de la proximité de la bugade et de la prison. Plusieurs hypothèses ont été émises : les chartreux emprisonnés bénéficiaient ainsi de la chaleur de la bugade, ou de la lointaine compagnie des frères chargés de la lessive ou encore de leur surveillance quasiment constante.
Étaient passibles de prison les frères ou pères coupables de manquements graves à la Règle : sortir sans autorisation, arriver en retard à l'office, s’adonner à l'alchimie et pour les frères qui ne vivaient pas l'isolement comme les pères, avoir de l'argent sur soi ou des relations avec les femmes.
La prison pouvait aussi servir d’asile pour les déficients mentaux.
Les sept cellules de prisonniers se répartissent sur deux niveaux : trois au rez-de-chaussée, attenantes à la bugade et quatre à l'étage. L'espace est étroit, 12 m2 environ. Le pénitent avait à sa disposition une table et un lit.
Dans chaque cellule, une lucarne dirigée vers l'autel situé à l'étage permet aux reclus de suivre l'office sans sortir. »
L’exposition : « est une exposition imaginée comme un voyage intérieur. L’espace de la Bugade, ancienne prison de la Chartreuse, se transforme en une architecture anatomique et introspective. Exposition hommage et référence à la science-fiction des années 60, le spectateur devient ici un vaisseau mobile, tel le Proteus du Voyage fantastique de Richard Fleischer en 1966. L’intrigue reste banale dans une époque marquée par la Guerre Froide : à bord d’un vaisseau miniaturisé dans un corps humain dans le but de guérir un scientifique d’une maladie en 60 minutes (détruire un caillot de sang à l’aide d’un laser), les méchants communistes tentent de saboter l’opération de sauvetage. En revanche, les décors spectaculaires pour l’époque (Oscar des meilleurs effets spéciaux), soulèvent un véritable enthousiasme pour la découverte de ce nouveau territoire. Le corps y est présenté avec une dimension pop, psychédélique et joyeuse (presque une soirée en discothèque). Finalement, ce voyage anatomique s’apparente plus à une quête du sensible, plaisir des yeux dans la découverte de nouveaux paysages, que d’une mission de sauvetage anecdotique. À une époque où les regards étaient rivés vers l’infiniment lointain, ce film nous marque encore aujourd’hui grâce à sa caméra tournée vers l’intérieur où le corps devient une fête pour les yeux.
Étranges Pulpes regroupe plus de 57 dessins réalisés entre 2021 et 2025, des fresques, 5 nouvelles de science fiction, 23 impressions sur vitres, ainsi que du décor anatomique textile.
Dans un esprit cinématographique, l’exposition invite le visiteur au voyage dans un espace clos, celui de l’ancienne prison. L’exposition débute avec Orsée pharmakon, série de plantes vénéneuses, qui savamment dosées, peuvent devenir des antidotes (ou des psychotropes). Le voyage peut alors commencer : compositions carnées mystiques (Osraisons), assemblages animistes (Le(s) génie(s) naturel(s)), visions apocalyptiques (Ouf l’espèce est sauve, Entropia), créatures de l’ancien monde (Ohlo Ehler Ahlav), origine de l’humanité (Le spectre de Dieu).
Jimmy Richer : « (né en 1989 àMontpellier, France) vit et travaille à Montpellier & Marseille. Diplômé en 2014 de l'École des Beaux-Arts de Montpellier, il participe à l'exposition Horizons d'Eaux, au Frac Languedoc Roussillon (2017) et Possédé.e.s, MO.CO Panacée (2020) ; Il bénéficie d'expositions personnelle… etc
Le travail de Jimmy Richer embrasse le dessin sous toutes ses formes : sur papier, en fresque ou installation, par l’édition et, plus récemment, par le tatouage et la performance. Ses projets s’articulent en allers-retours entre les différents supports du dessin, sans qu’aucune hiérarchie soit établie entre eux.Cette horizontalité habite également son univers, où les références à la culture antique côtoient les récits de science-fiction, l’iconographie médiévale dialogue avec la bande-dessinée et l’imaginaire naturaliste du XVIIe siècle jouxte les représentations de tarots anciens. Jimmy Richer manie ces références avec fluidité, grâce aux associations d’idées et aux correspondances rocambolesques, et les restitue sous forme d’interventions foisonnantes, à l’échelle des lieux où il travaille et en résonance avec les contextes où il se glisse en visiteur furtif. Dans son processus de travail, la recherche et l’observation constituent une base solide de départ, à laquelle l’artiste se livre en glanant les histoires les plus curieuses, souvent plus proches de la fiction que de la réalité historique, avec une exubérance narrative à laquelle la prolifération opulente de son dessin fait parfaitement écho.
Je suis désolée j'en reste là... manquent des photos de l'exposition ainsi que mon bien aimé cloître Saint Jean... peut-être pourrais-je terminer demain du moins pour les images de l'exposition et pour remettre en place les images qui se baladent hors de leur alignement mais là je suis vraiment à bout de forces, de patience et d'espoir.. si je ne le peux je vous remercie d'avance pour votre indulgence... il a suffit que je note ceci pour que j'arrive à mettre en ligne les photos de l'exposition, pour la suite : la chapelle des fresques et le cloître Saint Jean cela venait en surplus et j'y renonce volontiers... par contre je n'ai pas pu discipliner les images vagabondes... tant pis, cela restera ainsi.
2 commentaires:
Être "en résidence" dans une cellule… certains n'apprécieraient pas trop ! :-)
d'autres aiment (et on peut en sortir, de a cellule, de la chartreuse, du Gard)
Enregistrer un commentaire