Après le plaisir d’un réveil tardif, de ma première douche dans le nouveau cabinet de toilettes, après lavage de cheveux, bonnes résolutions, enregistrement des dernières photos prises hors Avignon, après m’être relâchée en des siestes ou quasi à répétition, honteusement je tente, la nuit étant descendue (de plus en plus tôt pout de même) de les poser ici avec leur entourage, en commençant par la première photo prise de ma chambre et non du balcon qui contrairement à ce qui avait été demandé donnait sur le dos, à bonne distance tout de même, d'un immeuble au lieu de la vue lointaine sur le Ventoux, le lendemain de notre arrivée à Monbrun où ma soeur fait sa cure annuelle
Photos de mes matinales petites ballades et courses utilitaires limitées dans le bas du bourg, avec échanges de saluts dans l’amabilité générale (sauf chez le bureau de tabac qui en outre n’avait que d’horribles cigarillos, achetés, à me proposer- et sous un ciel devenu (avant de se rembrunir pour notre départ) d’un bleu gorgé de lumière… avec un arrêt rituel avant de rentrer sur le petit pont (l’un des… celui qui était sur mon trajet) sur le torrent d’Anary pour regarder sa vivacité et les jeux de lumière…. Et pour continuer mes emprunts à des écritures aimées je ponctue ces images par une citation, même si elles viennent d’un texte en partie sombre et si leur auteur est d’une Provence proche mais en dehors du cercle du Ventoux, Manosque, avec quelques phrases de « Prélude de Pan » de Giono, figurant dans un petit recueil de nouvelles que j’ai acheté quelques jours plus tard avec la retenue de mes bonnes résolutions (vider mes livres ou au moins ne pas trop accroître leur présence)
« Comme je vous l’ai dit, il s’était fait un grand calme. Il y avait au-dessus de nous un rond d’azur étalé, tout net, bien propre. Sur le pourtour de l’horizon il y avait une épaisse barre de nuages violets et lourds……. les matins étaient blonds d’herbe mure, le vent sentait la flouve, il y avait ce rond de bleu plein de soleil qui nous trompait. La terre était chaude au pied et élastique comme un fruit. » et que je sois pardonnée pour la grosse coupe fait pour garder une tonalité légère à ce texte.
Livre acheté lors de notre petite virée à Banon… impatience mienne de découvrir « Le Bleuet » mêlée de bonnes résolutions d’abstention auxquelles me suis presque tenues… et découverte qu’il n’en était pas de même pour ma soeur qui a fait ample provision mais sans beaucoup circuler pendant que je me perdais, regardais, m’amusais, désirais, d’étages ben demi-étages, depuis le plus haut jusqu’au sous-sol et des lieux improbables, ne ramenant que quelques minceurs :
- à La fosse aux ours : « Je veux regarder longtemps leurs visages » de Thomas Vinau, un texte sur les enfants d’Izieu… Je cueille : « Mais, moi, je veux seulement les regarder, je veux regarder longtemps leurs visages, leurs doigts dans le nez, leurs pieds sales, leurs grimaces ensoleillées, leurs blagues de pets, leurs épaules bronzées, leurs sueurs sublimes, leurs morves, leurs bouilles, leurs mèches de filles, leurs poux, leurs lèvres pincées, leurs langues, leurs cicatrices, leurs mains dans les poches, leurs bras autour du cou… »
- chez l’Orma dans la collection livres à expédier « C’est si beau de rire » de Verdi : À Vincenzo Luccardi, Rome « Mon très cher, Je ne me rendrai pas à Rome pour plusieurs raisons. La première : l’Impresario est un rapiat. La seconde : la censure a saccagé le sens du drame. Ils ont rendu la Traviata pure et innocente. Merci bien ! De la sorte, ils ont gâché tous les équilibres, tous les personnages. Une putain est et demeurera une putain. Si le soleil brillait en pleine nuit, ce ne serait plus la nuit. Bref ils n’y comprennent vraiment rien… »
- chez Folio deux minces Giono, « Prélude de Pan » pré-mentionné et « Refus d’obéissance » dont je connaissais l’existence sans l’avoir jamais lu : « Depuis 1919 j’ai lutté patiemment, pied à pied, avec tout le monde, avec mes amis, avec mes ennemis, avec des amis de classe mais faibles, avec des ennemis de classe mais forts. Et à ce moment là je n ‘étais pas libre, j’étais employé de banque. C’est tout dire… »





















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