Journée dolente, journée
doucement somnolente, un filet de conscience, juste ce qu'il faut
pour accueillir, un instinct filtrant tout ce qui pourrait me
heurter, éveiller à la pesanteur réfléchie, me froisser...
L'impression que le jour
est joyeux dehors, cueillie le matin, mais sans vérifier d'avantage,
laisser au calme les cheveux sécher, la musique venir ou reculer en
bruit de fond, le corps faire ses caprices...
Un peu flottante mais un
appétit près à se réveiller, s'amuser, ou plus, à relever la ou
les deux premières phrases des lectures en attente (et faire, en
passant, ménage dans les téléchargements) sous la garde de gentes,
sereines ou fripées (avec bout du nez cassé) dames... des
différentes façons d'attaquer.
Vous êtes dispensés de
suivre.
Et bien entendu certains
sont des relectures, mais dont j'ai désir.. et certains ont été
tutoyés déjà
Ce livre est un pari,
il constitue un projet commun élaboré par cinq personnes exerçant
des responsabilités dans les principales associations de lutte
contre l'exclusion sociale, il est au service d'une ambition, simple
mais déterminée.
Ce livre est le fruit
de nos rencontres, de nos échanges et de convictions que nous avons
acquises peu à peu sur un certain nombre de questions qui touchent
au vivre ensemble et que nous partageons.
Guy
Aurenche Christophe Deltombe, Pierre-Yves Madignier, Patrick Peugeot,
François Soulage «Nous pouvons (vraiment) vivre ensemble» - les
Éditions de l'atelier
Je veux écrire une
page d’Histoire.
Au début, presque tous
les gens me croient fou ; à la fin, quelques-uns seulement. Je sais
ce que je fais et les rumeurs ne sauraient me détourner du chemin
qui s’étend devant moi, comme tracé par le destin.
Galsan
Tschinak «La caravane» - traduction Dominique Petit et Françoise Toraille - Piquier poche
Je
me suis toujours proposé d’expliquer de quelle façon j’avais
écrit certains de mes livres (Impressions d’Afrique, Locus
Solus, l’Étoile au Front et la Poussière de Soleils).
Il s’agit d’un
procédé très spécial. Et, ce procédé, il me semble qu’il est
de mon devoir de le révéler, car j’ai l’impression que des
écrivains de l’avenir pourraient peut-être l’exploiter avec
fruit.
Raymond
Roussel «Comment j'ai écrit certains de mes livres» - Publie.net –
collection classiques
On sait que bien avant
d'aller ce jour là (le jour où avait lieu la soirée de la
princesse de Guermantes) rendre au duc et à la duchesse la visite
que je viens de raconter, j'avais épié leur retour et fait, pendant
la durée de mon guet, une découverte, concernant particulièrement
M. de Charlus, mais si importante en elle-même que j'ai jusqu'ici,
jusqu'au moment de pouvoir lui donner la place et l'étendue voulues,
différé de la rapporter.
Marcel
Proust «Sodome et Gomorrhe» - Folio classique
Sôsuke avait commencé
par apporter un coussin sur la véranda pour s’installer dans un
coin bien ensoleillé, jambes croisées en tailleur, une revue dans
les mains, mais il n’avait pas tardé à abandonner celle-ci et à
s’affaler par terre. Par cette magnifique journée d’automne, on
entendait résonner distinctement le bruit des socques de bois des
passants à travers les rues de ce quartier paisible.
Sôseki
«La porte» - traduction Corinne Atlan - Piquier poche
«À demain, qui sait
?»
Les mots avaient coulé
au soleil des néons sur les lèvres de Rubens. Depuis, ils
tournaient, résonnaient et cognaient puis revenaient en écho au
chaud d’une gorge muette qui les ressassait...
Michel
Embareck «Rubens» - Publie.noir
Vers quatre heures, ce
25 juin, tout semblait prêt pour le sacre de Talou VII, empereur du
Ponukélé, roi du Drelchkaff.
Malgré le déclin du
soleil, la chaleur restait accablante dans cette région de l’Afrique
voisine de l’équateur, et chacun de nous se sentait lourdement
incommodé par l’orageuse température, que ne modifiait aucune
brise.
Raymond
Roussel «Impressions d'Afrique» - Publie.net – collection
classiques
Nous allions dîner au
restaurant. Je ne dirai pas de quel restaurant il s'agit, sinon la
prochaine fois il sera envahi de gens venus voir si nous y sommes
retournés. Serge avait réservé.
Herman
Koch «Le dîner» - traduction Isabelle Rosselin – 10/18
Dès le matin,la tête
encore tournée contre le mur et avant d'avoir vu, au-dessus des
grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du
jour, je savais déjà le temps qu'il faisait.
Marcel
Proust «La prisonnière» - 10/18
À la fin du XXe
siècle, le jeune Montano, qui venait de publier son dangereux roman
sur la cas énigmnatique des écrivains qui renoncent à écrire,
s'est retrouvé emprisonné dans les rets de sa propre fiction et
transformé en un auteur qui, malgré son inclination compulsive pour
l'écriture, s'est retrouvé complètement bloqué, paralysé, changé
en agraphe tragique
Enrique
Vila-Matas «Le mal de Montano» - traduction André Gabastou
-Christian Bourgeois -
Pour un homme comme
Zhou Wenxiang, qui était persuadé d’être parfaitement honnête,
recevoir une telle lettre ne pouvait être perçu que comme une
véritable insulte. Il avait effectivement entendu parler d’un
groupe d’hurluberlus qui avaient l’audace de s’intituler
«Société des menteurs»
Lao
She «L'homme qui ne mentait jamais» - traduction Claude Payen
-Piquier poche
Personne ayant jamais
vu Catherine Morland dans son enfance ne l'eût supposée née pour
être une héroïne. Sa situation dans l'existence, le caractère de
son père et celui de sa mère, se propre personne et son
tempérament, tout s'opposait également à ce qu'elle en fût une un
jour.
Jane
Austen «Northanger Abbey» - traduction Josette Salesse-Lavergne –
10/18
La vicomtesse de Styrie
était généreuse et tendre et tout pénétrée d'une grâce qui
charmait. L'esprit du vicomte son mari était extrêmement vif, et
les traits de sa figure d'une régularité admirable.
Marcel
Proust «La fin de la jalousie» - Folio 2 euros
Toute la journée, dans
cette demeure un peu trop campagne qui n'avait l'air que d'un lieu de
sieste entre deux promenades ou pendant l'averse, une de ces demeures
où chaque salon a l'air d'un cabinet de verdure, et où sur la
tenture des chambres les roses du jardin dans l'une, les oiseaux des
arbres dans l'autre, vous ont rejoints et vous tiennent compagnie –
isolés du moins – car c'étaient de vieilles tentures où chaque
rose était assez séparée pour qu'on eût pu si elle avait été
vivante la cueillir, chaque oiseau le mettre en cage et
l'apprivoiser, sans rien de ces grandes décorations des chambres
d'aujourd'hui où sur un fond d'argent, tous les pommiers de
Normandie sont venus se profiler en style japonais pour halluciner
les heures que vous passez au lit ; toute la journée, je la passais
dans ma chambre qui donnait sur les belles verdures du parc et les
lilas de l'entrée, les feuilles vertes des grands arbres au bord de
l'eau étincelants de soleil, et la forêt de Méseglise.
Marcel
Proust «Le temps retrouvé» - Folio classique
C'est la foudre qui a
dû me réveiller. Une mèche de lumière s'est glissée derrière
mes paupières fermées, a excité mes nerfs et les a tous parcourus
comme un circuit électrique.
Eri De
Luca «Acide, Arc-en-ciel» - traduction Danièle Valin - Folio
rue droite avec les
grues au bout, le quai de déchargement – on est au bord du silence
– des ombres marchent le long des voies..
Michèle
Dujardin «Où s'arrête la terre» - Publie.papier
Qu’est-ce qui est
derrière eux ?
Derrière eux, c’est
du vent, partout. La route fume.
Benoît
Vincent «L'abandon» - Amboilati.net
Elle était assise
devant moi, confortablement installée sur une banquette, dans
l’angle. Elle devait avoir entre seize et dix-neuf ans.
Benoît
Vincent «L'étendue» - Amboilati.net
et
bien sûr s'y ajoutent internet (trop ?)les relectures/pulsions, les
magasines économiques ou partisans, la lecture attentive de certains
débats et des lois correspondantes avec l'espoir de comprendre un
peu grâce à quelques recherches et au lent déroulement de ma
cervelle... et puis les envies de m'abîmer dans la contemplation
d'une vidéo, les rêves et un peu la vie.
M'est
avis que, à part deux livres en chemin «Décor Lafayette» d'Anne
Savelli et un recueil de lettres de Robert Walser j'ai toutes les
raisons du monde de résister à toutes les tentations d'ajouter à
ce menu.
11 commentaires:
Sommes-nous prisonniers des mots d'auteurs que nous aimons et apprécions? Sommes-nous libres de nos mots et de nos émotions que font naître ces lectures? Les influences ne se dominent pas, elles dominent. Prison ou abandon... un beau tour d'horizon.
Merci.
J'adore ces phrases choisies , pas le temps ce matin de m'y attarder...
les relirai ...à la campagne !! pour rester en accord
Vogue la galère .. coucou en passant devant" Le Palais"
Beaucoup à lire pour un matin...
Je garde mon Raymond Roussel à couverture rouge qui correspond sans doute à "une" impressions d'Afrique au soleil couchant.
J'aime bien la première photo !
ce que je vois quand je "réfléchis" dos au mur au dessus du radiateur
"on est au bord du silence" mais le silence est-il plat ou rond ?
Des lectures suffisantes à remplir une journée ou deux, alléché par une seule phrase, une sorte d'incipit, ouvrant la porte sur le rêve. Une journée fort remplie. Quels doux rêves pour la nuit !
faut inventer un autre mot que "lire", juste pour vous, Bridge. Je dis Bridge parce que en anglais, ça serait : Breadge, lire et pont en même temps. En français ça rend pas, dommage.
Je me trompe ou est-ce que cela fait un moment que tu ne nous as pas montré tes "têtes" ?
Hervé
Et dans Breadge... il y a Bread... le pain. Ce qui sied si bien à Brigitte : les livres, pain nourricier.
Bien vu pierre !
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