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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, septembre 29, 2006

où je tombe dans l'illustration presque littérale.

Elle a raccompagné Angélique-Marie et la regarde descendre l'escalier - elle la trouve assez comique - telle que toujours, avec sa robe à la mode, le joli réticule, le châle de cachemire jeté n'importe comment sur ses épaules, les bas un peu crottés qui apparaissent à chaque marche, le chignon croulant et deux mèches folles sous la petite capote, qu'elle a remis devant le miroir du couloir, sans se regarder, juste un peu de travers, joliment, et sa bouche légèrement ouverte, comme pour remâcher ses arguments.

Elle rentre dans son petit salon, prend un ivoire qu'elle caresse en regardant la fenêtre ouverte sur la douceur du jardin en train de sècher. Elle pense qu'Angélique-Marie l'amuse - ses hésitations, ses précautions pour lui proposer ce rôle de maîtresse de pension - son effarement visible devant le "mais oui, bien sur. Quelle bonne idée !" venu peut-être un peu trop vite. La branche de platane qui frôle la vitre est encore légèrement luisante après l'averse, et, si elle se penche, des flaques sourdent du gravier.
Au coin de la rue, Angélique-Marie s'est retournée, vérifiant avec satisfaction la belle masse des arbres du jardin de derrière.
Et dans le salon Anne-Françoise repose la statuette, commence à ranger sur un plateau leurs tasses et assiettes, pour faciliter le travail de Berthe. "... ça m'arrange tellement qu'elle le propose, fasse les démarches... Amies ? moi je la trouve charmante, amusante, toujours en quête d'acceptation... le couvent, je l'intimidais - nom - fiançailles - et maintenant elle a un peu honte de n'avoir que peu perdu et tant retrouvé... Si elle savait... mais je lui envie son Guillaume, pourquoi ne le suit-elle pas à Paris ?.. Quelle est drôle aussi en future grand-mère, heureuse et vexée ! Il faut que j'écrive à ma cousine Montrésy pour qu'elle les aide, elle et sa Cécile".
Posted by PicasaBerthe grimace en la voyant arriver dans la cuisine avec le plateau. Un panier de kakis, don de l'ancien fermier; est posé sur la grande table à coté d'une jatte et d'une bassine de cuivre. Elle a brusquement envie d'être à La Loubière, un chagrin de l'avoir vendue.
Et, assise sur la marche à coté de l'âtre, il y a une drôle de bonne-femme, jambes allongées dans un pantalon manquant singulièrement d'ampleur, qui les regarde et se dit "mais je m'en moque totalement !"

8 commentaires:

marie.l a dit…

Un moment d'émotion de lire le terme "réticule" que maman employait aussi et encore, vestige d'un séjour bourgeois au début du siècle dernier... J'attends la suite pour en savoir plus sur cette "drôle de bonne-femme" hé hé !

Anonyme a dit…

Une sorte de 'roman-photos'...? Ne vous fâchez pas si j'emploie ce mot. Il me semble que nous vivions vraiment dans un espace structuré ainsi, jusque dans nos rêves. Et le vôtre est plus élégant qu'aucun.
Bonne journée.

tanette a dit…

J'adore : "une drôle de bonne-femme, jambes allongées dans un pantalon manquant singulièrement d'ampleur..", et la photo des kakis bien mûrs, et les autres photos aussi.
Bon vendredi.

Muse a dit…

Dans le regard d'Angélique-Marie, je retrouve celui des maîtresses-femmes...

Anonyme a dit…

"Elle a brusquement envie d'être à La Loubière, un chagrin de l'avoir vendue."
D'un seul coup un souvenir, une image, une sensation, une nostalgie...
Pour cela c'est bon de vieillir, pour la mémoire.

Anonyme a dit…

Et cette cousine Montrésy, une âme de Montrésor...qui sait !

Anonyme a dit…

très bon we sous la soleil d'Avignon!

Anonyme a dit…

Brigetoun,
J'aime cete ambiance surannée, ces personnages désuets qui semblent évoluer dans une époque révolue. Que e vérité cependant dans la description des caractères, vraiment, je me régale.